L'Englobant est l'être lui-même, c'est-à-dire tout être individuel n'étant pas englobé par un autre.
Les modes de l'Englobant sont engagés dans une lutte dynamique incessante. Chaque mode prend son sens des rapports avec tous les autres pour constituer la vérité. La non-vérité apparaît lorsqu'un mode s'isole et se pose en absolu. Chiffre et communication L'Univers entier est chiffré. Tout peut devenir chiffre : la nature, l'histoire, l'échec, les symboles du langage. Ainsi donc, tout est susceptible d'être déchiffré. C'est par le déchiffrement que les choses prennent sens ; celui-ci nous permet d'accéder à la transcendance. Le chiffre ne se révèle jamais entièrement ; comme Dieu, il conserve toujours une part de mystère, un sens caché, un aspect à révéler. Aussitôt déchiffrée, la chose redevient chiffre. Le chiffre est l'essence de toute chose. Le langage est un outil de déchiffrement et de communication. Si le Dasein (l'être-là) commence avec le corps, l'existence commence à deux. Je ne peux accéder à l'existence qu'à travers l'autre qui y accède réciproquement. « Tout ce qui ne se réalise pas dans la communication n'existe pas. » (Introd. à la philosophie, p. 133.) L'existence accède à la transcendance grâce aux chiffres (symboles à déchiffrer), qui sont le langage de la transcendance dans l'immanence. Par la lecture des chiffres, l'immanence apparaît comme transcendance. Science extérieure vs existence intérieure « L'homme est toujours plus que ce qu'il sait de lui » (inconscience), et davantage que ce que l'on connaît de lui (ignorance). C'est pourquoi la science est limitée dans la connaissance de l'homme puisqu'elle est objective. L'être ne peut être objectivé ; il a accès à la transcendance alors que la science s'arrête où celle-ci commence. La connaissance scientifique et objective pose une limite fondamentale. En science, tout l'être se réduit à l'objectif, c'est-à-dire à ce qui peut être étudié de l'extérieur. Pourtant, je ne peux me connaître moi-même que de l'intérieur par l'existence. |
Accès à l'existence (l'être-soi) par les situations limites Au premier abord, l'humain vit toujours dans une sorte de somnolence tranquille où les choses, régies par l'habitude, semblent aller de soi. Un jour ou l'autre, il est soumis à des expériences particulières qui le confrontent à sa propre existence. L'existence s'appréhende dans l'expérience des situations limites que sont la mort, le combat, la souffrance, la faute, qui provoquent l'éveil. Ces épreuves font vaciller l'attachement aux conditions extérieures qui deviennent incertaines et menaçantes : l'individu est alors radicalement renvoyé à lui-même.
Lorsque je me demande « Qu'est-ce qui est réel, qu'est-ce que la réalité ? » je suis vite confronté aux limites des réponses empiriques ou scientifiques. Je dois alors choisir entre la résignation, le désespoir, ou en venir à la Transcendance. En choisissant la Transcendance, je confronte la limitation de ma propre liberté ; c'est alors que je ressens la véritable existence. L'existence constitue un déchirement entre notre présence dans le monde (Dasein (être-là)) et notre aspiration à la « transcendance ». « La décision philosophique fondamentale est la suivante : l'être qui — au niveau phénoménal de la réalité empirique — n'est pas, mais peut être et doit être, et décide par là dans le temps de son être éternel. » Ce que l'homme peut être de façon authentique n'est pas encore donné avec son simple être-là (Da-sein) empirique, mais est la tâche qu'il doit accomplir dans sa liberté. L'existence (l'être-soi) est donc tout ce qui constitue essentiellement mon moi. La foi philosophique La foi qui repose sur l'autorité d'un guide (prêtre), d'une religion (l'Église) ou d'un courant populaire (marxisme, freudisme, racisme, nihilisme) est dogmatique, c'est-à-dire qu'elle repose sur une révélation. La foi philosophique se distingue en ce qu'elle provient de l'intériorité, de l'être individuel — l'être-soi — alors que la foi religieuse est constituée par des groupes autour d'institutions publiques extérieures. La foi philosophique se base sur le principe d'une réflexion par soi-même, sur soi-même, librement engagée. Elle cherche à établir un rapport constant avec la transcendance. Le rapport à la transcendance de l'individu prend la forme d'une relation avec un Dieu impersonnel, intime, privé, et impossible à représenter. La foi philosophique diffère d'une personne à l'autre ; elle consiste à exercer un jugement sur soi-même, éclairé par la tradition culturelle dont on a hérité. Le jugement est une réflexion dynamique qui ne s'arrête jamais sur un dogme, mais se maintient toujours vivant et continuellement remis en question. Après avoir tout raisonné et tout expliqué, le philosophe ressent qu'il subsiste encore un plus profond mystère. En dépassant le jeu des questions et des réponses que la recherche philosophique pousse à l'extrême, nous arrivons au silence de l'être. |
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