070515

Les enjeux de la pratique philosophique

par Michel Weber

Centre de philosophie pratique « Chromatiques whiteheadiennes », Bruxelles

Introduction

I. L'épreuve de la philosophie

1.     L'épreuve théorique : l'idéal historico-systématique et son syndrome

2.     L'épreuve pratique : modalités de l'engagement praxique

II. Outil pratico-théorique whiteheadien : l'avancée créatrice

III. La pratique whiteheadienne

1.     La puissance théorique de l'efficacité

2.     Le don pratique de la créativité

3.     La vision pacifiante

Conclusions

* * *

Introduction

Afin de situer le plus globalement possible les enjeux de la pratique philosophique et de jeter les bases d'une pratique organique ou whiteheadienne, cette étude s'articule en trois volets complémentaires.

Les deux principaux moments de l'épreuve de la philosophie sont tout d'abord envisagés : d'une part, l'idéal théorique qui s'avère être historique et systématique ; d'autre part, l'idéal pratique qui est avant tout existentiel mais aussi subsidiairement analytique, c'est-à-dire maïeutique et utilitariste. Trois outils organiques sont ensuite introduits à la faveur d'une courte présentation du concept whiteheadien d'avancée créatrice : le don de la créativité, la puissance de l'efficacité et la vision pacifiante. Enfin, théorie de l'être et pratique du devenir sont remembrés à la faveur d'un contraste entre, respectivement, l'idéal existentiel et la vision, l'idéal maïeutique et la créativité, et l'idéal utilitariste et l'efficacité.

I. L'épreuve de la philosophie

Qu'est-ce que « faire l'épreuve de la philosophie »? L'« être » philosophique et le « devenir » philosophique sont inséparables des questions théoriques et pratiques. La question théorique est celle du cursus ; la question pratique est celle de l'engagement. Voyons cela en détail.

1.    L'épreuve théorique : l'idéal historico-systématique et son syndrome

L'épreuve théorique de la philosophie s'enracine dans deux idéaux : le premier est historique et le second, systématique. Sa principale exemplification se trouve dans les diverses formations diplômantes qui sont proposées par les universités et les hautes écoles. Bien que l'on doive déplorer la tendance à la « scolarisation » du doctorant, l'idéal historique est déterminant surtout dans le cursus pré-doctoral (du baccalauréat à la maîtrise) : il s'agit avant tout de se réapproprier un héritage. L'idéal systématique imprègne quant à lui principalement le dernier niveau (et « l'après ») du cursus philosophique.

L'idéal historique recouvre trois exigences : synoptique, c'est-à-dire être à même d'embrasser la totalité du territoire philosophique ; génétique, c'est-à-dire savoir y identifier des trajectoires conceptuelles (quelles sont les vicissitudes du concept de substance?) ; et généalogique, c'est-à-dire historico-idéologique : comprendre ce qui relie Kant à Newton, Galilée, Aristote, Platon et Pythagore... De plus, ces exigences renvoient in fine à des choix interprétatifs que l'on peut appeler idéologiques (au sens propre). C'est ainsi que la philosophie hexagonale est grevée de trois hypothèques : celle du primat de l'histoire de la philosophie sur la philosophie, celle de l'euro-centrisme (cf. l'oubli de l'Inde dénoncé par Roger-Pol Droit) et celle de la filiation primordiale Grèce-France-Allemagne. Pire encore : alors que, dans toute la philosophie moderne, l'empirisme est toujours en tête (Bacon est plagié par Descartes ; Locke donne à Leibniz un filum ariadnes ; Hume réveille Kant de son sommeil dogmatique...), un auteur comme Jean Brun peut, dans son Histoire de la philosophie, refuser expressément la parole à Locke.

L'idéal systématique, qui détermine l'accès à la spéculation, comporte l'exigence du dépassement de l'Aristoteles dixit et de la sacro-sainte culture philosophique (et des concours) qui scandent la vie de l'enseignant-chercheur en France. Cette exigence de dépassement est raisonnée : il s'agit certes de promouvoir de nouveaux personnages conceptuels, mais en respectant des critères rationnels (essentiellement de cohérence) et empiriques (essentiellement d'applicabilité).

Soulignons deux choses en conclusion. D'une part, le dépassement systématique de l'idéal historique est toujours aventureux : en signant un apport personnel, le philosophe s'engage. Notons à ce propos que la revitalisation des études philosophiques demanderait d'encourager la spéculation à tous les niveaux du cursus, non d'imposer une régimentation, d'inspiration états-unienne ou non. D'autre part, cette dialectique historico-systématique donne souvent lieu à des jeux de pouvoir auxquels il peut être difficile d'échapper : on pourrait parler du syndrome de la porte au sens où la tentation existe toujours de se croire philosophe à partir de l'état de son propre cursus : certains prétendront dirimant [[1]] le diplôme, d'autres y ajouteront les publications, ou encore l'affiliation institutionnelle... Ce que Bourdieu dit de la reproduction des élites s'applique bien, mutatis mutandis, à la politique de L. Marinoff [[2]] lorsqu'il édicte les règles d'agrégation dont il s'est lui-même passé.

2.    L'épreuve pratique : modalités de l'engagement praxique

Le diagnostic qu'avance William James est simple : dans notre vie quotidienne, nous sommes hantés par le sentiment diffus qu'il y a « quelque chose qui ne va pas [3] ». L'analyse des Variétés de l'expérience religieuse, qui demeure valide en dehors de la question religieuse proprement dite, aboutit à souligner l'isolement dans lequel l'état de conscience normal nous confine. Parfois, cette inquiétude nébuleuse cède même la place à un effondrement : comme le dit Camus, « dans les vies les mieux préparées, il arrive toujours un moment où les décors s'écroulent. Pourquoi ceci et cela, cette femme, ce métier et cet appétit d'avenir? Et, pour tout dire, pourquoi cette agitation à vivre dans ces jambes qui vont pourrir? [4]»

Quid alors de la pratique philosophique? Son but est, de toute évidence, de favoriser l'art de vivre [5], ce qui revient à promouvoir un changement — un « devenir » —, si pas de conscience, du moins d'éthos. Ses moments cardinaux sont : existentiel, maïeutique et utilitariste.

Existentiellement, il s'agit de l'engagement que nous venons d'évoquer. Ses deux dimensions sont la transfiguration et l'assomption, c'est-à-dire la transformation de soi et de son agir communautaire par la vie selon le concept. L'exemple historique le plus frappant demeure Socrate mais, en y regardant de près, tous les philosophes marquants pourraient être cités. Et, inversement, les philosophes dont l'agir s'avère problématique se disqualifient.

De ce point de vue, la maïeutique est déjà une pratique transgressive seconde. Piloté par une exigence de clarté, le dialogue socratique est un dialogue de recherche qui vise à promouvoir un changement chez le visiteur (nous reprenons la terminologie d'Achenbach, que l'on retrouve du reste déjà chez Laing).

La pratique utilitariste, au sens de consultance commerciale voire mercantile, est un fait et, en tant que tel, elle ne peut être ni ignorée ni condamnée. Si toutefois elle se présente comme ce qu'elle n'est pas, soit en prétendant procéder de l'engagement maïeutique, soit en ignorant sa place réelle dans le spectre de la praxis philosophique, elle se discrédite immédiatement.

II. Outil pratico-théorique whiteheadien : l'avancée créatrice

La question générale de la théorie de l'être et de la pratique du devenir étant posée, examinons celle, particulière, des fondements de la pensée whiteheadienne. Les concepts de création, de progrès et d'inconscient sont en filigrane de la construction du problème whiteheadien, tout comme l'évolutionnisme darwinien, l'électromagnétisme maxwellien (avec son excroissance quantique) et le relativisme einsteinien. S'en souvenir permet d'opérer certains raccourcis dans l'exposition de la philosophie « organique », comme l'appelait Whitehead (qui n'a jamais parlé de « philosophie du procès »). La grille heuristique est la suivante :

Avancée

créatrice

Idée

Métaphysique

 

Concept       Catégorie

Créativité

Différence

Devenir

Efficacité

Répétition

Être

Vision

Hiérarchie

Dieu

 

L'avancée créatrice est la balise que Whitehead plante au plus près des palpitations du concret. Analyser ce que recouvre cette proto-idée nous renvoie à trois idées strictement complémentaires : l'idée de créativité, l'idée d'efficacité et l'idée de vision. Préciser le territoire de chacune de ces idées conduit à des abstractions de plus en plus raffinées, de plus en plus opérationnelles, mais également, ipso facto, de plus en plus abstraites. Au niveau du concept, la créativité renvoie à la différence, l'efficacité à la répétition et la vision à la hiérarchie. Au niveau catégoriel, on retrouve les catégories de devenir, d'être et de Dieu. La gageure herméneutique est de saisir ensemble ces trois idées, c'est-à-dire de les comprendre dans leur interdépendance tout en pondérant le réseau qu'elles forment du poids spécifique de chacune.

L'ordre d'introduction de ces idées est important : l'avancée créatrice requiert avant tout l'irruption du neuf. Mais cette irruption ne fait sens que par rapport à un tissu ontologique préexistant — tissu que l'événement modifie. De plus, sans vision (ou « trend »), l'articulation de la créativité (sauvage) et de l'efficacité (aveugle) s'apparente au jeu du hasard et de la nécessité. L'engrènement de la créativité sauvage et efficacité aveugle permet la croissance ; la croissance aimantée par la vision du beau et du bon scelle l'avancée créatrice. Monod n'a après tout pas tort de soutenir que Spencer et Bergson (et il aurait pu ajouter Whitehead) confondent évolution et progrès [6]. La catégorie « Dieu » constitue l'horizon du sens de l'articulation de l'existence (i.e., du devenir) et de l'être (on pourrait risquer « de l'essence ») : elle incarne la condition structurale — proprement axiologique — qui donne à l'articulation onto-existentielle son allure et sa directionalité [7]. En conclusion : l'événementialité pure que désigne la créativité opère dans un cadre structurel dynamique qui subit un tropisme eschatologique.

III. La pratique whiteheadienne

Étant entendu que seule l'articulation pratico-théorique, c'est-à-dire essentiellement la corrélation de la théorie de l'être et de la pratique du devenir, permet de promouvoir la philosophie comme connaissance vécue et comme discipline vivante, examinons la question de l'application pratique du nœud conceptuel qu'est l'avancée créatrice.

La vie philosophique digne de ce nom est nécessairement créative, efficace et visionnaire ; l'entretien philosophique aura pour but de faire naître chez le visiteur l'impulsion de l'avancée créatrice — pas de la lui transmettre. Selon la nature du problème soumis à l'examen, il pourra être expédient de travailler plus particulièrement une des trois facettes de l'avancée créatrice. Situons le contexte de ce travail à l'aide de quelques remarques généralistes avant d'envisager les pondérations possibles.

Le praticien conduit le dialogue — il ne le dirige pas — selon trois jeux de principes qui trouvent leur origine chez Socrate, Whitehead et Watzlawick [[8]]. La pratique est fondamentalement socratique : faire en sorte que le visiteur devienne son propre juge, c'est-à-dire qu'il devienne à même de mettre en relief les présupposés de son agir personnel et/ou de tout paradigme-cible. Le visiteur ne saurait être un vase que l'on remplit, mais bien un feu que l'on allume, une source que l'on fait jaillir. Cette exigence « minimale » est structurée par l'intuition fondamentale de la philosophie whiteheadienne — l'avancée créatrice — et par certains principes de la thérapie brève, tels qu'axiomatisés par Watzlawick. Le dialogue socratique, stricto sensu, fut historiquement pratiqué dans des conditions généralement étrangères à celles qui réunissent le philosophe-praticien et le visiteur : souvenons-nous du but radical annoncé par Socrate (la quête rationnelle de la vie authentique) et de sa méthode d'investigation publique : Socrate initialise le dialogue et s'empresse de ridiculiser son vis-à-vis. La réforme watzlawickienne qui nous semble nécessaire tient à peu de choses : le dialogue est mené du point de vue du visiteur, avec son langage, à partir d'une contextualisation précise de ce qui fait problème et en un nombre de séances convenu à l'avance. Le jargon philosophique et les expériences conceptuelles qu'il promeut n'ont pas leur place ici.

L'entretien philosophique, au même titre que tout événement, doit être compris comme un moment de l'avancée créatrice, à la fois au sens cosmologique (global) et au sens anthropologique (local). De ce dernier point de vue, l'entretien est particulièrement significatif — ou devrait l'être — pour le visiteur à la recherche d'un ressourcement. Il s'agira au minimum de faire l'expérience théorique de l'efficacité, probablement d'accéder tangentiellement à sa propre créativité, voire de partager la vision du praticien.

1.    La puissance théorique de l'efficacité

Qui dit efficacité, dit structuration, récapitulation, imputation. L'efficacité est puissance, à la fois au sens où elle est seconde par rapport à la créativité (qui est acte) et au sens où elle suscite l'expérience du sujet (qui est première). Mais cette subordination est toute relative : la créativité exige un support efficace et le modifie.

Dans le cadre de l'entretien philosophique, il s'agit avant tout de faire l'expérience de l'efficacité et de la structuration conceptuelle. À l'aide d'un dialogue purement pragmatique, on prendra conscience des enjeux du problème que l'on s'est donné et de la solution qui, à bien y regarder, s'impose d'elle-même. Le poids des structures n'est en effet handicapant que si on les érige en absolu : on peut consciemment les mobiliser comme les démobiliser. C'est ici que vient s'enter la possibilité d'un dialogue utilitariste, voire « commercial ».

2.    Le don pratique de la créativité

Qui dit créativité, dit différence, rupture, auto-émergence. On l'aura compris, la créativité est acte : elle est un agir qui constitue le moteur de la croissance psychique et spirituelle (la seule qui nous préoccupe ici). Mais cette activité brute est de l'ordre du don au sens où, à la différence de l'efficace du concept, elle n'est que tangentiellement maîtrisable car essentiellement inconsciente. Le changement, tant recherché en psychothérapie, se produit ; il se donne ; pour paraphraser Roustang : il se fait en se faisant.

L'art maïeutique est créatif non seulement dans la mesure où il porte à la conscience des évidences qui n'étaient pas ou plus conscientes, mais dans la mesure où il crée ex abrupto des solutions inattendues. Notons bien que la maïeutique est non intellectualiste, qu'elle fonctionne indépendamment d'un corpus interprétatif rigide et qu'elle produit ses effets dans un dialogue, c'est-à-dire dans une parole partagée. Confiance et spontanéité sont ici les clefs de l'implémentation inconsciente du changement.

3.    La vision pacifiante

Le dialogue ironique est un outil précieux de « devenir-soi » mais, en tant que tel, il ne confère pas de tropisme au libre jeu de l'efficacité théorique et de la créativité pratique. Qui dit vision, dit eschaton et seul un tel point de fuite permet de susciter la transfiguration pacifiante. Historiquement, le texte exotérique le plus marquant à cet égard est sans doute le Banquet de Platon, dont les effets se font sentir jusqu'aux exercices spirituels de Pierre Hadot.

Si l'on accepte la corrélation des moments théoriques et pratiques avec, respectivement, les dimensions conscientes et inconscientes de notre expérience, la vision nous renvoie au surconscient, au contact avec l'Ultime qui fonde l'espoir mélioriste si présent chez Whitehead. L'épreuve existentielle per se revient à ratifier l'excédence de l'expérience, c'est-à-dire sa non-rationalité. L'agir socratique, que l'on a comparé à celui du taon et de la torpille, est ici exemplaire. Vigilance et anticipation sont les maîtres-mots de l'accès au surconscient.

Conclusions

Nous avons montré que « théorie de l'être » et « pratique du devenir » sont (ou devraient être) indissociables, que l'avancée créatrice whiteheadienne offre un outil théorique et praxique de choix, et que la conjonction de ces deux arguments mobilise l'entretien philosophique de manière décisive. Dans ce domaine, comme dans celui de la mise en œuvre de l'idéal historique et systématique, il faut refuser la tendance générale au nivellement de la totalité du cursus en fonction du critère de l'efficacité, au détriment de la créativité et de la vision.

Le lecteur averti aura lu en filigrane le lien possible, mais pas nécessaire, entre chacun des moments de l'avancée créatrice (l'expérience théorique de l'efficacité, l'accès à sa propre créativité et la vision pacifiante) et certaines spécialités courantes dans le domaine des soins de santé au sens strict (e.g., respectivement, les thérapies cognitivo-comportementalistes, la psychanalyse jungienne et l'hypnose éricksonienne). Une bijection est cependant impossible entre un de ces moments et son correspondant putatif : la pratique whiteheadienne invoque nécessairement les trois moments, que ce soit de manière synthétique (de par la formation du praticien) ou de manière analytique (avec l'adoption d'une scansion ternaire des entretiens).

Remarquons enfin, à la lumière des débats qui eurent lieu lors de la présentation de cette étude dans le cadre du Colloque international sur les « Nouvelles pratiques philosophiques » qui s'est tenu à l'Unesco les 15 et 16 novembre 2006, que la mise en œuvre de l'idéal historico-systématique et des modalités de l'engagement praxique dans le cadre d'une pratique « publique » ne peut prêter le flanc à une critique utilitariste de la part du conseil privé (mercantile) qu'au prix d'un malentendu significatif : alors que notre typologie s'attache à donner un statut à toutes les pratiques philosophiques et donc à reconnaître leurs vertus, une telle critique adopte une perspective qui ne permet pas l'existence d'autres formes d'engagement. Ce faisant, elle offre une nouvelle illustration du syndrome de la porte mentionné dans notre section I.1.


[1] [DIRIMANT : Qui rend nul ou qui fait obstacle. Se dit des empêchements qui s'opposent à l'exécution d'une action. Objection dirimante, qui détruit un raisonnement. (note F.B.)]

[2] [Voir La thérapie philosophique, une nouvelle leçon de vie? (note F.B.)]

[3] « 1. The uneasiness, reduced to its simplest terms, is a sense that there is something wrong about us as we naturally stand. 2. The solution is a sense that we are saved from the wrongness by making proper connection with the higher powers. » William James, The Varieties of Religious Experience. A Study in Human Nature. Being the Gifford Lectures on Natural Religion Delivered at Edinburgh in 1901-1902, New York, London, Bombay, and Calcutta, Longman, Green, and Co., 1902, p. 508. Cf. M. Weber, « James' Non-rationality and its Religious Extremum in the Light of the Concept of Pure Experience », in Jeremy Carrette (ed.), William James and The Varieties of Religious Experience. A Centenary Celebration, London and New York, Routledge and Kegan Paul, Ltd., 2004, pp. 203-220.

[4] Albert Camus, compte rendu de La nausée de Jean-Paul Sartre, in Essais. Édition de Roger Quilliot et Louis Faucon, Paris, N. R. F. Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1965, pp. 1417-1419, ici p. 1418 (l'expression est fréquente chez Camus, cf. notamment Le mythe de Sisyphe, p. 29).

[5] « The function of Reason is to promote the art of life. » (Alfred North Whitehead, The Function of Reason. Louis Clark Vanuxem Foundation Lectures, delivered at Princeton University, March 1929, Princeton, N. J., Princeton University Press, 1929, p. 5 ; La fonction de la raison et autres essais. Traduction et préface par Philippe Devaux, Paris, Éditions Payot, Bibliothèque scientifique, 1969, p. 102.)

[6] Jacques Monod, Le hasard et la nécessité. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, Paris, Éditions du Seuil, Points, 1970.

[7] Cf. Jean Ladrière, « Les médiations du sens : langage et existence », in Robert Brisart et Raphaël Célis (Sous la direction de), La voix des phénomènes. Contributions à une phénoménologie du sens et des affects, Bruxelles, Publications des Facultés Universitaires Saint-Louis, Philosophie, 1995.

[8] [Voir aussi le condensé du livre de Paul Watzlawick, La réalité de la réalité (note F.B.)]