Comment réécrire l'Histoire [1]
par Alain Thomas
A. Thomas © 2005
Depuis peu, nous entendons des discours qui prétendent que les femmes sont en majeure partie les grandes victimes des guerres. On ouvre maintenant les discours de commémoration des soldats décédés lors de la 2e grande guerre par « En mémoire des femmes et des hommes qui ont donné leur vie ».
L'être humain étant émotif, nous sommes portés à croire ces discours. Les femmes de par leur nature ne sont-elles pas plus faibles, donc plus facilement victimes selon le stéréotype qui cette fois-ci semble être bien acceptable? La tactique de la culpabilisation masculine et de la victimisation féminine connaît de grands succès au service de celles et ceux qui ont un agenda politique accroché à une vision dépassée et déphasée de la condition des femmes. Même l'ONU n'a pu y échapper, il en perd son intégrité, son objectivité et sa neutralité.
Le jeu est simple, utiliser la carte de l'émotion avec celles de la mémoire défaillante et du je-m'en-foutisme de la masse. Il ne s'agit pas de nier qu'il y ait eu et qu'il y a encore de nombreuses femmes et enfants victimes, mais on semble faire peu de cas de la perte humaine lorsqu'il s'agit d'un homme ou d'un garçon. On assiste à une spécialisation du statut de victime et de bourreau. Les femmes étant déclarées de par leur genre d'éternelles victimes des hommes qui, tous sans exceptions, seraient des patriarches dominateurs ayant réduits « leurs » femmes et enfants à l'état d'esclaves. Le réel en est tout autre. Il n'y a que très peu d'hommes qui mènent ce monde, mais une poignée suffit avec ce type de discours à passer sous silence que la grande part du genre masculin peine aussi à sa survie. Faut-il mentir pour paraître la pire des victimes? C'est ce qui semble se pratiquer de plus en plus quand il est question de la condition féminine.
Pour les victimes de la guerre, sont-elles en majorité des femmes, qu'en est-il réellement? Prenons exemple sur le conflit le plus destructeur, la 2e guerre mondiale. Regardons un peu qui des deux sexes a sacrifié sa vie pour que l'autre puisse goûter à la « Liberté, Fraternité et Égalité ».
Morts de la 2e Guerre mondiale |
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PAYS |
Nombre de morts |
Nombre de soldats |
Nombre de civils |
% de la population totale |
URSS |
21 300 000 |
13 800 000 |
7 500 000 |
12% |
CHINE [2] |
13 500 000 |
9 000 000 |
4 500 000 |
2.2% |
Allemagne |
7 060 000 |
3 250 000 |
3 810 000 |
7% |
POLOGNE |
5 420 000 |
162 580 |
[3] 5 257 420 |
14% |
JAPON |
2 060 000 |
1 700 000 |
360 000 |
3% |
YOUGOSLAVIE |
1 700 000 |
500 000 |
1 200 000 |
10% |
France |
610 000 |
260 000 |
350 000 |
1.5% |
Italie |
420 000 |
330 000 |
90 000 |
1% |
Royaume-Uni |
400 000 |
338 000 |
62 000 |
1% |
États-Unis |
407 000 |
407 000 |
--- |
0.2% |
TOTAL |
52 877 000 |
29 747 580 |
23 129 420 |
|
Hommes victimes seulement
Hommes, femmes et enfants civils, plus de la moitié serait des victimes hommes
À ces chiffres doivent s'ajouter 35 millions de blessés et plus de 3 millions de disparus.
Des pertes humaines sans précédent
40 à 50 millions de morts, à peu près autant de civils que de militaires, dont plus de 5 millions de Juifs.
Dans les pays les plus touchés, la surmortalité a frappé davantage les jeunes et le sexe masculin, entraînant une féminisation et un vieillissement de la population (aggravé par le déficit des naissances), ainsi qu'une diminution de la population active. Aujourd'hui encore, en Russie nous retrouvons 9 hommes pour dix femmes. Les pertes masculines n'ont pu être rattrapées 60 ans après.
En Europe, le taux d'activité féminin dépassera à ce moment 35% au Nord de la ligne Venise-La Rochelle. Les femmes tirent profit de la guerre et commencent des études supérieures en nombre beaucoup plus important qu'avant. Les femmes deviennent employées, institutrices, vendeuses, au lieu de domestiques, et se marient hors de leur milieu d'origine. Par contre, on doit développer la protection sociale en partie pour compenser l'absence ou la diminution des hommes victimes du conflit. La syndicalisation explose (max. en 1921) puis se stabilise à haut niveau.
Les soldats de la deuxième grande guerre étaient tous des hommes et parmi les pertes civiles la plus grande partie des victimes sont toujours des hommes surtout des jeunes. À qui profitent donc ces mensonges sous le couvert d'un prétendu absolu victimaire féminin? Qui a avantage à faire croire aux femmes qu'elles sont toutes et elles seules « LES VICTIMES » en plus d'affirmer que ce statut leur confère le droit de demander toujours et encore plus de compensations de toutes sortes? Qui a avantage à réécrire l'Histoire? On reproche aux hommes leur absence et à leur descendance on enseigne que leurs aïeux étaient vils alors qu'on les envoyait se faire massacrer pour que d'autres jouissent de libertés et de démocratie. Démocratie négationniste qui poignarde traîtreusement les hommes dans le dos. Qui peuvent bien tirer ses profits de cet agenda? Je vous laisse le soin de tirer vos conclusions.
[1] Sources :
Général Beaufre, La Deuxième guerre mondiale, Tallandier © 1967-1969.
Jean-Pierre Husson, Enseigner l'histoire de la 2e guerre mondiale en Première, Académie Reims (page consultée le 15 mars 2005).
Collectif, Annales de démographie historique, année1992, École des hautes études en sciences sociales © 1993.
Michel Mourre, Dictionnaire de l'Histoire, Larousse-Bordas © 1998.
Jean Dumont, Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale et de ses origines, Historama, Paris © 1971.
[2] Il n'existe pas de chiffre très fiable pour établir les spécificités des pertes de la Chine ceux-ci sont approximatifs.
[3] En Pologne, 97% des disparus furent des civils, victimes des bombardements, des camps de concentration et des mauvaises conditions de vie (sous-alimentation d'où surmortalité).