2008-02-23 |
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Rhétorique |
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On ajoute des termes ou des syntagmes de même nature et de même fonction, parfois de même sonorité finale. Elle sert au développement de l'idée principale. Ex. 1 : Et là se fait entendre un perpétuel piétinement, caquètement, mugissement, beuglement, bêlement, meuglement, grondement, rognonnement, mâchonnement, broutement des moutons et des porcs et des vaches à la démarche pesante. (James Joyce, Ulysse, 1922) Ex. 2 : Français, Anglais, Lorrains, que la fureur rassemble. (Voltaire) Synonymes : série, amas, amplification, énumération, synathroïsme, CONGÉRIE, CONGLOBATION, athroïsme (du gr. athroizô, je rassemble, j'entasse). L'accumulation d'adjectifs est nommée style épithétique (Lausberg). L'épitrochasme est une série de mots courts, monosyllabiques.
(Du gr. akros, extrême, et onyma, nom.) Ex. : Prononciation intégrée : l'Urs ... ou en considérant chaque lettre séparément. Ex. : Prononciation disjointe : l'U-R-S-S Dans le cas de la prononciation disjointe, il devient possible de transcrire en toutes lettres cette prononciation. Ex. : l'uèraissesse, téhèssèfe (TSF), achélème (HLM)
(Du gr. akros, extrême, et stichos, vers.)
À ma connaissance
(Du gr. adynaton, impossible.)
Ex. :
On tue un homme : on est un assassin.
(Du gr. allos, autre, et agoreuô, parler.) Ex. : Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. (Baudelaire, Recueillement) Voir : MÉTAPHORE. Répétition volontaire des mêmes sons, particulièrement des consonnes, dans une phrase ou dans un vers, généralement à l'initiale du mot, ou sur plusieurs syllabes du même mot. Ex. : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? (Racine, Andromaque)
L'allitération peut aussi porter sur des voyelles, comme l'ASSONANCE : Synonyme : paréchèse. Texte transcrit en d'autres mots. On a remplacé les mots par des homophones qui semblent conférer à la phrase un sens nouveau.
Ex. :
La rue meurt de la mer. (La rumeur de la mer.) Synonyme : Langage cuit. (Desnos) À l'instar du rébus (allographe pictographique) ou de la charade, l'allographe s'obtient par une MÉTANALYSE de la chaîne sonore. Exprimer plusieurs syntagmes, voire plusieurs assertions, en un seul mot phonétique. Pour transcrire ce phénomène, on a recours à des élisions ou des juxtapositions graphiques.
Ex. :
Doukipudonctan ? (Queneau, Zazie)
(Du gr. amphibolia, ambigüité.) Ex. 1 : Seulement les rédacteurs ou tous les rédacteurs sont-ils des écrivains refoulés ? Ex. 2 : Et de même qu'à vous je ne lui suis pas chère. (Molière) Le sens est : Je ne lui suis pas chère comme à vous, de même qu'à vous. Mais au premier abord le sens paraît être : Je ne vous suis pas chère, et je ne lui suis pas chère. Cette amphibologie résulte de l'inversion. Discours, écrit burlesque et inintelligible. Texte absurde ou galimatias. Ex. : Or ces vapeurs dont je vous parle, venant à passer, du côté gauche où est le foie, au côté droit où est le coeur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave, que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l'omoplate ; et parce que lesdites vapeurs... comprenez bien ce raisonnement, je vous prie ; et parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité... Écoutez bien ceci, je vous conjure (...) Ont une certaine malignité qui est causée... Soyez attentif, s'il vous plaît. (...) Qui est causée par l'âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs... Ossabandus, nequeis, nequer, potarinum, quipsa, milus. Voilà justement ce qui fait que votre fille est muette. (Molière, Médecin malgré lui.)
(Du gr. anakolouthon, qui n'est pas à la suite de.) Ex. : Les voeux, les voeux, ça devient n'importe quoi, je me demande si Gilles n'a pas perdu son écharpe jaune...
Synonyme : anantapodoton : Variété d'anacoluthe où la rupture de construction se fait par suppression d'un élément normalement attendu dans une formule syntaxique généralement binaire de sorte que le mouvement naturel de la phrase se trouve suspendu. Ex. : Les uns ne veulent pas parler, et (on attend : les autres) du reste je crois que personne ne sait rien. Voir : APOSIOPÈSE. Reprise du mot de la fin d'une phrase au début de phrase suivante. L'anadiplose est l'élément constitutif de la chanson en laisse.
Ex. :
— Il est bête. Bête il restera.
(Du gr. ana, renversement, et gramme, lettre, écriture.) Ex. 1 : Avec les lettres du mot chien, on écrit niche. Ex. 2 : L'expression « la crise économique » est l'anagramme de « le scénario comique ». On utilise souvent l'anagramme pour composer des pseudonymes. Ex. : Alcofibras Nasier (François Rabelais) Si l'anagramme inverse l'ordre en miroir, on obtient un PALINDROME : régate / étager. L'anagramme permet des lectures autres, souterraines, « hypogrammatiques ». Julia Kristeva et Henri Meschonnic voient dans la conception anagrammatique de l'écriture une « voie d'accès à l'inconscient du travail poétique ». Procédé visant à un effet de symétrie et d'insistance par répétition d'un même mot ou groupe de mots au début de plusieurs phrases ou propositions successives.
Ex. 1 :
Semblable à la nature
Ex. 2 :
Paris !
Paris outragé !
Paris brisé !
Paris martyrisé !
Mais Paris libéré ! Voir : ÉPIPHORE. Répétition d'un mot pris à la fois dans son sens premier et dans son sens figuré. À l'origine, la figure ne concernait que les noms propres, pris dans un sens commun. Remotivation du nom propre par MÉTANALYSE, étymologie ou traduction. Ex. 1 : Je te dis que tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. (Évangile selon Mathieu) Ex. 2 : Ah ! qu'il est malin le Malin. (Valéry, Mon Faust) Type de DIAPHORE prenant place dans un dialogue, voire une plaidoirie. Il s'agit de reprendre les mots de l'interlocuteur (ou de la partie adverse), en leur donnant une signification autre, dont on pourra tirer avantage.
Ex. :
— Et ce roi, ce n'est pas toi qui l'as tué ?
Fondée sur l'homophonie, l'antanaclase peut devenir un jeu.
Ex. :
— Ah ! Je voudrais la voir (la Belle Hélène) Synonyme : DIAPHORE. Contradiction entre les idées. Contradiction dans les termes. Ex. 1 : Même si c'est vrai, c'est faux. (Michaux) Ex. 2 : C'est assez vague pour être clair, n'est-ce pas ? (Vian) Ex. 3 : Sur le coup de cinq heures et demie six heures. (Queneau) L'antilogie s'apparente au SOPHISME, au PARALOGISME, elle est un défaut de raisonnement. L'antilogie appartient au PARADOXISME. Antonyme : TAUTOLOGIE. Emploi d'une locution, une phrase ou un mot dans le sens contraire à la signification évidente que l'on veut exprimer. Dire le contraire de ce que l'on pense. L'antiphrase peut traduire une menace voilée ou manifester l'ironie. Ex. : Gênez-vous pas ! Vous pouvez tout emporter. L'antiphrase dérive d'une affirmation implicite telle que : « ce que nous voulons dire est si vrai qu'on peut même dire le contraire sans danger d'être mal compris ». L'intonation, le contexte, jouent un rôle fondamental pour cette figure. Dans une locution telle que : C'est gai !, on se rapproche de l'EUPHÉMISME. Voir : EUPHÉMISME et LITOTE. Opposition de pensées ou de mots. Formulation d'une opposition radicale à une proposition avancée. Présenter une idée inverse pour mettre en relief l'idée principale. C'est un mode courant de soulignement. Ex. 1 : D'autres préfèrent le monologue intérieur, moi non, j'aime mieux battre. (Michaux) Ex. 2 : Le Canada est le paradis de l'homme d'affaires, c'est l'enfer de l'homme de lettres. (Fournier) Voir CHIASME. Voir aussi Hegel. 1. Prendre un nom commun pour un nom propre, ou un nom propre pour un nom commun. 2. SYNECDOQUE désignant une espèce par le nom d'un individu, ou désignant un individu pour une espèce. (Reboul)
Ex. :
César pour les dictateurs, Chute du phonème initial ou suppression de la partie initiale (une ou plusieurs syllabes) d'un mot. Forme spécifique de MÉTAPLASME. Ex. 1 : Le démonstratif latin illum, illam a donné, par aphérèse, les articles français le et la. Le mot boutique a été probablement obtenu par aphérèse du grec apothéké (magasin). Il peut aussi s'agir d'abréviation à rebours : bus pour autobus. Ex. 2 : T'y vois core moins clair que moi. (Joyce) Contraire : APOCOPE. Phrase brève et doctrinale, qui résume un point essentiel de science ou de morale. Proposition générale qui sert de règle, de principe. Maxime traditionnelle, proverbe, adage, exprimant la sagesse populaire. En publicité ou en politique, le slogan se présente comme un aphorisme. C'est aussi une banalité énoncée de manière pompeuse. Ex. 1 : Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas. (Pascal) Ex. 2 : Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Ex. 3 : Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. (Nietzsche) Voir : Citations et les pages roses du Petit Larousse : Locutions latines grecques et étrangères.
(Du gr. apokoptein, retrancher.) Ex. 1 : Encor pour encore. Ex. 2 : tab pour table ; proprio pour propriétaire ; quat pour quatre ; c'est pas croyab ! Contraire : APHÉRÈSE. Voir MÉTAPLASME.
Refus argumenté d'argumenter, soit au nom de la supériorité de l'orateur,
Ex. : je n'ai aucune leçon à recevoir ;
soit au nom de l'infériorité de l'auditoire,
Ex. : ce n'est pas à vous de me donner des leçons.
Elle est une forme de violence verbale. (Reboul) Rejet véhément et indigné d'un argument jugé absurde de l'adversaire. L'apodioxie peut rester implicite : dans le slogan Black is beautiful, l'apodioxie est intégrée à la formule ; on revendique ce pour quoi on est méprisé, en retournant la doxa, l'opinion commune. Ex. : Le lait est-il un aliment ? Une telle discussion dépasserait le cadre de cet article. (Jarry) Nous en discuterons en temps et lieu, car il serait trop long d'en deviser à présent. Voir : PRÉMUNITION et PROLEPSE. 1. Utiliser la négation pour décrire quelque chose ou quelqu'un. 2. Croyance religieuse posant que Dieu ne peut être considéré que comme radicalement « autre », et que, en conséquence, il ne peut être défini qu'en termes négatifs, c'est-à-dire que par ce qu'il n'est pas.
Ex. 1 :
Ce n'était pas encore un senior, mais déjà plus un rédacteur junior. Ex. 2 : Voir la théologie négative de Scot Érigène. Pensée d'autant plus profonde qu'elle provient d'un personnage célèbre : Ex. : Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas. (Pascal) Silence brusque qui interrompt une phrase et marque l'hésitation, l'étonnement, la crainte. Interruption d'une phrase par un silence brusque, suivi d'une ANACOLUTHE. Ex. : Tu vas ouïr le comble des horreurs. J'aime... À ce nom fatal, je tremble, je frissonne. Voir : ANACOLUTHE. Se dit d'un terme placé à côté d'un autre et désignant la même chose que celui-ci. Deux substantifs se rapportant l'un à l'autre, et se suivant immédiatement. Ex. 1 : Le chien, animal domestique... Une table, meuble utile... Ex. 2 : Pierre apôtre.
(Du gr. apostrophé, se retourner.) Ex. : Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie. Les marques de l'apostrophe sont souvent situées à l'initiale du texte, de la strophe, de la phrase, soit par le nom du destinataire : Ex. : Soleil, je te viens voir pour la dernière fois (Racine), soit par une exclamation ou un vocatif : Ex. : Ô nuit désastreuse ! (Bossuet) L'énonciation peut être également marquée par l'emploi d'un pronom, tu, ou vous, désignant le lecteur. Des variantes de l'apostrophe sont la dédicace, ou l'adresse. Mot ou tournure de phrase dont l'emploi n'est plus en usage. Façon de parler ancienne inusitée aujourd'hui. Ex. 1 : Pieça, pour dire depuis longtemps ; d'ores-en-avant, pour dorénavant.
Ex. 2 :
Sans domicile fixe pour clochard.
(Du lat. assonare, faire écho.) Ex. : Sous le ciel grand ouvert, la mer ferme ses ailes. (Éluard) La définition la plus générale de l'assonance est celle qui se limite à en faire la marque du vers classique de la poésie régulière, autrement dit la rime, ou HOMÉOTÉLEUTE. Figures de sons proches : ALLITÉRATION, PARONOMASE. Voir : PARISOSE.
(Du gr. asteismos, urbanité.)
Ex. :
Il paraît que tu ne comprends Voir : CHLEUASME et DIASYRIME. Figure de rhétorique consistant à supprimer dans une phrase conjonctions et adverbes. Sorte d'ELLIPSE par laquelle on retranche les conjonctions copulatives qui devraient unir les parties d'une phrase. Figure obtenue par suppression des termes de liaison. L'asyndète peut retrancher des copules (être), des conjonctions chronologiques (avant, après) ou logiques (mais, car, donc, etc.). Elle exerce une fonction pédagogique en obligeant l'auditeur à participer mentalement à la construction de la phrase.
Ex. 1 :
« Bon gré, mal gré. » (De bon gré ou de mauvais gré.)
Ex. 2 :
Français, Anglais, Lorrains, que la fureur rassemble, Contraire : POLYSYNDÈTE. Gradation d'HYPERBOLES dont l'intensité émotive ou sémantique mène au paroxysme parfois jusqu'à la négation. Louange exagérée. Ex. 1 : Il est génial, fantastique, fabuleux ! Ex. 2 : C'est un roc ! C'est un pic ! C'est un cap ! Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule ! (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac.) Recherche des idées, des figures et des mots les plus rares, les plus surprenants, les plus curieux. Ex. : Les critiques n'ont produit aucun ouvrage et ne peuvent faire autre chose que conchier et gâter ceux des autres comme véritables stryges stymphalides. (Gautier) Les Précieuses du Grand Siècle excellaient à ce genre d'exercice. Ex. : Ma commune (suivante), allez quérir mon zéphyr (éventail) dans mon précieux (cabinet).
Le positivisme classait toutes les figures baroques sous l'étiquette péjorative de
procédisme.
Le procédisme consiste à s'épargner la peine de la pensée et spécialement de l'observation,
pour s'en remettre à une facture ou une formule déterminée. Synonymes : Maniérisme, préciosité, marinisme, sécentisme, asianisme, cataglottisme, concetti. Antonymes : Concision, laconisme, atticisme. Faute contre le langage soit dans la forme, le vocabulaire ou dans le sens du mot. Mot créé ou altéré, dévié de son sens, impropre, qui ne fait pas partie de la langue (par opposition à SOLÉCISME). Ex. : Ils avont passé par cheu nous, puis ils nous avont toute recensés. (Maillet) S'il s'agit d'un emprunt à une langue étrangère, il s'agit alors d'un PÉRÉGRINISME. Répétition sans nécessité dans un texte. Répétition oiseuse, fastidieuse des mêmes pensées sous les mêmes termes. Ex. 1 : Le témoin oculaire a tout vu. Ex. 2 : Le cadavre était bien mort. Ex. 3 : L'accusé assis s'est levé. Synonyme : Répétition, PLÉONASME, TAUTOLOGIES.
(Du gr. brakhus, court.) Ex. 1 : Venir à dix, c'est trop ; (venir) à deux, (c'est) trop peu. (Mar. Lex. 1933) Ex. 2 : Les mains cessent de prendre, les bras d'agir, les jambes de marcher. (La Fontaine) Ex. 3 : Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle ? (... qu'aurais-je fait si tu avais été fidèle ?) (Racine) La brachylogie n'est pas toujours un défaut. Ex. : la pause-café (pour dire le moment où l'on fait la pause pour boire un café). Elle simplifie les dialogues, afin d'éviter la répétition des verbes déclaratifs. Ex. : Monsieur, m'aborda-t-il (dit-il en m'abordant). Hein ? sursauta-t-elle (dit-elle en sursautant). Analogue : Contraction, ELLIPSE. Voir : ANACOLUTHE et ZEUGME. Écriture grecque antique dont les lignes se lisaient alternativement et sans interruption de gauche à droite, et de droite à gauche.
(Du gr. kakos, mauvais.) Ex. 1 : Il est grièvement malade. (Il est gravement malade.) Ex. 2 : Remplir un but. (On dit atteindre un but et remplir une mission.) Ex. 3 : Il est sorti avec sa canne et ses enfants. (Canne à la main, il sortit avec ses enfants.) Voir : ANACOLUTHE et ZEUGME. Jeu de mots fondé sur la ressemblance des sons et la différence de sens. Formulation amusante fondée sur les similitudes de prononciation entre les mots et la pluralité de sens. Ex. : Mon père est marinier. Dans cette péniche, ma mère dit : « La paix niche dans ce mari niais ». (Bobby Lapointe) Texte disposé de manière à représenter une chose, le plus souvent relative au thème. Texte écrit dont les lignes sont disposées en forme de dessins.
(Du gr. katakhrêsis, abus.) Ex. 1 : Une feuille de papier. Ex. 2 : À cheval sur une chaise. Ex. 3 : Les ailes de l'avion ; pattes de chaise ; pieds de la table.
Le vocabulaire informatique est constitué d'une multitude de catachrèses. Ex. : Nuage ; toile ; souris ; cellulaire ; tablette ; virus ; carte mère, fenêtre, navigateur, etc. Voir : MÉTAPHORE, SYNECDOQUE et MÉTONYMIE. Croisement de termes. Placer les éléments de deux groupes formant une ANTITHÈSE dans l'ordre inverse de celui que laisse attendre la symétrie. Ex. 1 : Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. Ex. 2 : Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu. (Hugo) Ex. 3 : Celui qui s'élève sera abaissé, celui qui s'abaisse sera élevé. (Luc, XVIII, 14) Ex. 4 : Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, c'est la vie qui détermine la conscience. (Marx)
(Du gr. kloasma teinte jaunâtre.) Ex. 1 : Suis-je bête ! Ex. 2 : Moi qui suis vraiment laid... S'adresser à soi-même des reproches qu'on veut faire retomber sur les autres ; c'est un faux plaidoyer en forme de confession. (Dubois) Le chleuasme relève de la simulation. Ex. : Oui, je suis coupable de naïveté, pour avoir cru ce qu'on me disait. L'hyperchleuasme peut être une forme qui dit la vérité, tout en pariant secrètement que son énormité la fera tenir pour humoristique. Ex. : Je suis Méphisto, annonce tranquillement Méphisto, et tous de pouffer, incrédules, tandis que lui, sous cape, d'encore plus pouffer. Pour Reboul, c'est une figure d'argument par laquelle l'orateur feint de se déprécier pour mieux se faire apprécier. Ex. :: Et moi qui n'y connais rien... Je suis peut-être un imbécile, mais... Cette figure marque le triomphe du bon sens sur les spécialistes, les doctes et les savants du vécu sur le livresque. Alors que la PÉRIPHRASE se rapporte à un seul mot (Ex. : Le plancher des vaches pour la terre), la circonlocution concerne plutôt une idée. Elle est à la phrase ce que la PÉRIPHRASE est au mot : elle étoffe, mais n'exprime qu'indirectement son objet. Ex. 1 : La Ville aux cent clochers pour désigner Montréal, Poitiers, Caen ou Rouen. Ex. 2 : L'oiseau messager du printemps pour désigner l'hirondelle. Manière indirecte d'exprimer sa pensée suite à l'embarras qu'on éprouve à discuter d'une chose. Détours de langage qui, en évitant les termes précis, visent à masquer la pensée ou à adoucir ce que l'on veut dire.
Ex. :
... chez le médecin, qui ne voulait que préparer à l'événement final, la crainte de trop brutalement préciser
et la fuite dans des circonlocutions, des ambiguïtés, des réticences. Voir : PÉRIPHRASE Idée ou expression trop souvent utilisée, banalité, lieu commun. La banalité de l'idée est plus souvent appelée lieu commun, ou lieux topiques. Dans certains cas, il s'agit plus justement d'un PONCIF, c'est-à-dire un thème littéraire ou artistique, mode d'expression qui, par l'effet de l'imitation, a perdu toute originalité. (Robert) Il cesse d'être un défaut de style s'il est employé avec une intention ironique, parodique, ou pour connoter une absence de sincérité. Ex. 1 : Belle comme le jour. Dormir comme un bébé. Avoir le coeur sur la main. Ex. 2 : Les filles qui portent des jupes courtes sont des filles faciles, Ex. 3 : On boit du sirop d'érable et on dit tout le temps pardon au Canada. Synonyme : Stéréotype, PONCIF. Rapport établi entre deux termes. Dupriez distingue la comparaison simple (cs) de la comparaison figurative (cf). La première introduit un actant grammatical supplémentaire (substantif), alors que la seconde introduit un qualifiant supplémentaire (adjectif, adverbe). Seule, la comparaison figurative est une IMAGE LITTÉRAIRE.
Ex. :
Il est malin comme un singe. (cs = le singe est malin) Dans l'exemple suivant, les deux formes de comparaisons sont apposées.
Ex. :
Un morceau de pain frais comme l'oeil (cf) Dupriez définit la comparaison figurative (cf) comme une comparaison dans laquelle le choix du comparant (phore) est soumis à la notion, exprimée ou sous-entendue, que l'on veut développer à propos du comparé (thème). Ex. : La parole est comme une rivière qui porte la vérité d'une âme vers l'autre, le silence est comme un lac qui la reflète et dans lequel tous les regards viennent se croiser. (Lavelle) La comparaison est une image dans laquelle thème et phore sont exprimés (ce dernier par un syntagme) et syntaxiquement reliés par une marque de l'analogie : comme, tel, même, pareil, semblable, ainsi que, mieux que, plus que, sembler, ressembler, simuler, être ; ou encore une APPOSITION ou un appariement. L'appariement consiste à remplacer la conjonction comme par un mot lexical. Ex. : La terre et moi faisons la paire. (Audiberti) Dupriez ajoute que si le thème et le phore remplissent des fonctions comme celles de complément du nom / nom ou sujet / verbe, plus rien ne les oppose sur le plan syntaxique et on a une MÉTAPHORE. Voir : IMAGE LITTÉRAIRE. Commencer par énumérer les parties pour ensuite terminer par une synthèse. Dispositif persuasif procédant à un inventaire jouant sur le cumul. Ex. : On ne peut pas parler de réconciliation tant que la vérité historique est confisquée par les vainqueurs (politiques) : non il n'y a pas eu de « massacre » à Paris en octobre 1961 (5 morts recensés) ; oui à Oran en juillet 1962 les pieds-noirs ont été massacrés ; oui les harkis ont été victimes des vengeances du FLN et continuent de l'être aujourd'hui (ils sont interdits de séjour en Algérie). Tant que l'Algérie ne reconnaît pas ces 3 faits historiques, aucune réconciliation n'est possible. (Bara, blogue « Atlantico.fr », 3/11/2012) Synonyme : ACCUMULATION. Procédé de mise en valeur qui consiste en une énumération de termes semblables suggérant un argument ou une idée qui n'est exposée qu'à la fin du développement. Elle a souvent une visée persuasive, par l'enchaînement des arguments qui vise à convaincre. Accumulation d'arguments en faveur d'une thèse, de preuves dans un procès.
Le bruit des cabarets, la fange des trottoirs, Synonyme : CONGÉRIE.
(Du gr. krasis, contraction.) Ex. : C'est pour Mame Foucolle. (Queneau) Littré appelle SYNALÈPHE l'ensemble des phénomènes réduisant deux syllabes en une seule : SYNÉRÈSE, contraction, élision, crase. Synonyme : Contraction. Antonymes : Diphtongaison, DIÉRÈSE. Voir : MÉTAPLASME, SYNALÈPHE et SYNÉRÈSE.
(De gr. dia, séparation, distinction et phorein, porter.)
Ex. 1 :
Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
(Pascal) Ex. 2 : Il est notoire que les sujets sérieux exigent d'être jugés par des sujets sérieux. (Vian)
Ex. 3 :
Le roi est mort. Vive le roi !
(c.-à-d., Vive le nouveau roi !) La plupart des TAUTOLOGIES sont factices parce qu'il y a diaphore. Synonyme : ANTANACLASE. Discours agressif et dénonciateur exprimé par des expressions élogieuses cachant une critique ou un reproche inattendu qui surprend l'auditeur.
Ex. :
Bon appétit, Messieurs, ô ministres intègres,
(Du gr. diairesis, division.)
Ex. :
Le mot diamant
a deux syllabes en prose « dia-mant » ; Division d'une diphtongue en deux syllabes. Ex. 1 : Dans Taïwan, « a-i » est une diérèse de ai (le son é). Ex. 2 : Dans nuage, « nu-a-ge » est une diérèse de « nua-ge » (le son wa). Procédé largement utilisé en poésie métrée pour obtenir le nombre de pieds convenu.
Ex. :
Les sanglots longs (les-san-glots-longs = 4 pieds) Antonyme : SYNÉRÈSE Voir : MÉTAPLASME. Répétition de la dernière syllabe d'un mot, en écho.
Ex. :
— Comment vous appelez-vous ? En psychiatrie, l'écholalie est définie comme le fait de répéter machinalement les paroles entendues, comme chez les enfants, et chez les sujets déments ou confus. (Lexis) Synonyme : Rime couronnée.
(Du lat. elleipsis, omission.) Ex. : Je t'aimais inconstant ; qu'eussé-je fait fidèle ? (...si tu avais été fidèle ?) (Racine) Ex. 2 : J'ai bien entendu et elle aussi. (...aussi a bien entendu.) L'ellipse est un terme générique pour de nombreuses figures de la soustraction, aussi bien au niveau du mot, de la syntaxe, que du sens : l'ANACOLUTHE, l'APPOSITION, l'ASYNDÈTE, la BRACHYLOGIE, l'EUPHÉMISME, la PARATAXE, le ZEUGME, etc. Plus généralement, on parle aussi de récit elliptique, au sujet d'une production dont les moyens narratifs sont minimums. L'ellipse est souvent constitutive de nombreuses figures, dont l'ÉNALLAGE, l'EUPHÉMISME, la SYNECDOQUE, la MÉTONYMIE et la MÉTAPHORE. Ces figures perdraient leur caractère si leurs lexèmes ou syntaxe étaient développés. Comme toute figure d'atténuation, l'ellipse peut par ailleurs avoir un rôle de soulignement.
(Du gr. enallagé, substitution.)
Ex. 1 :
Je mourais ce matin digne d'être pleurée
Ex. 2 :
Vous ne répondez point ? ...perfide ! je le vois,
Ex. 3 :
(Néron à Narcisse, à propos de lui-même :)
Reboul définit une énallage comme une figure de sens qui consiste à remplacer une forme grammaticale par une autre, inhabituelle. Procédé qui consiste à utiliser à la place de la forme grammaticale attendue, une autre forme qui en prend exceptionnellement la valeur. Ex. : Il chante terrible. (Lexis) Insertion dans un syntagme d'un autre syntagme ou d'une phrase. Ex. : Je vous disais justement tiens, j'ai oublié mon portable ! que j'ai un rendez-vous urgent... Contrairement au SYLLOGISME qui en comprend trois, l'enthymème est une proposition composée de deux parties : l'antécédent et le conséquent. Ex. 1 : Le pense, donc je suis. (Descartes) Ex. 2 : J'ai perdu mon emploi, je serai donc pigiste. Reboul définit l'enthymème comme un SYLLOGISME rigoureux et abrégé, qui repose sur des prémisses seulement probables (endoxa) et qui peuvent rester implicites : Il est faillible puisqu'il est homme. Dupriez voit dans l'enthymème un type de raisonnement qui semble n'avoir qu'un argument (prémisses et conclusion sont sous-entendues) : Nicolouchka ne doit pas sortir aujourd'hui, il fait trop froid (Dostoïevski). L'enthymème est fréquent en philosophie : Je pense, donc je suis (Descartes), et en littérature : L'amour ne dure pas, donc je te recommence (P. Perrault). Lorsque, de deux propositions corrélatives, l'une commence et l'autre finit par le même mot. Ex. 1 : La mère est enfin prête ; très élégante la mère. (Queneau) Ex. 2 : L'enfance sait ce qu'elle veut, elle veut sortir de l'enfance. (Cocteau) Ex. 3 : L'homme peut guérir de tout sauf de l'homme. (Bernanos) Synonyme : Épanastrophe. Voir : ÉPANALEPSE.
(Du gr. epanalepsis, répétition.) Ex. 1 : Je l'ai vu, de mes yeux vu, vu comme je vous vois.
Ex. 2 :
Mais que diable allait-il faire dans cette galère ! Selon Reboul, l'épanalepse appartient aux figures de la répétition et du pathos. Ex. 1 : Hélas ! Hélas ! Hélas ! (de Gaulle)
Ex. 2 :
Car la France n'est pas seule, elle n'est pas seule, elle n'est pas seule.
Reprise d'un nom par un pronom dans la même proposition. (Lexis)
Répétition d'un ou de plusieurs mots après une interruption d'un ou plusieurs mots. (Dubois) L'épanalepse ne doit pas être confondue avec l'ANTANACLASE, figure de répétition d'un mot avec des sens différents. L'épanalepse diffère de la RÉDUPLICATION en ce sens que dans la première, les syntagmes sont isolables, ce qui n'est pas le cas dans la seconde. Dans l'ANADIPLOSE, la répétition a une fonction de coordination et apparaît en début de phrase. Revenir sur ce qu'on dit, ou pour le renforcer, ou pour l'adoucir, ou même pour le rétracter tout à fait. (Fontanier) Rectifier ce qu'on vient de dire. (Reboul) Ex. 1 : ... ou plutôt... Ex. 2 : Pardon, je voulais dire... Qu'on m'entende bien, je ne dis pas que... Ex. 3 : Il l'a frappé, que dis-je ! il l'a roué de coups ! Synonymes : L'erratum, la palinodie, la correction, la rétractation sont des formes d'épanorthose. Ajout d'une lettre ou d'une syllable au milieu d'un mot. Le phénomène a souvent lieu en parlant. Ex. : Lorseque je suis arrivé. L'épenthèse dénote aussi l'apparition d'une consonne non étymologique dans un mot, comme la consonne b dans le mot chambre, issu du latin camera. Voir : MÉTAPLASME. Accumulation de mots courts et expressifs. Procédé stylistique alignant des mots de même longueur, généralement brefs. Ex. 1 : ... et son esprit strict, droit, bref, sec et lourd, ne subissait aucune altération dans la soirée. (Alfred de Vigny, Stello.) Ex. 2 : Bois-sans-soif ! Bachibouzouc ! Anacoluthe ! (Hergé, Tintin, le Capitaine Haddock) Répétition d'un même mot à la fin de plusieurs propositions qui se suivent pour obtenir un effet de renforcement ou de symétrie. Ex. 1 : Immensité du monde, appropriation du monde, fin du monde.
Ex. 2 :
Salut aux humiliés, aux émigrés, aux exilés sur leur propre terre qui veulent vivre et vivre libres.
Salut à celles et à ceux qu'on bâillonne, qu'on persécute ou qu'on torture, qui veulent vivre et vivre libres. Voir : ANAPHORE. Désigner une réalité dérangeante par une expression neutre ou positive ; choix d'une expression dont le sens atténué évite de déplaire, de choquer. Déguiser une réalité déplaisante sous des vocables lénifiants. Rectitude politique.
Ex. :
Il est parti, il nous a quittés. (= il est mort) Si l'euphémisme est trop clairement perçu, l'effet s'inverse. Au lieu d'être adoucissant, il devient une LITOTE (dire moins pour en dire plus) ou une ANTIPHRASE (contraire à ce que l'on pense). Ex. 1 : J'en ai un peu assez. (= je suis exaspéré.)
Ex. 2 :
Figaro (qui vient de se faire injurier par le comte) : Voir : ANTIPHRASE et LITOTE.
(Du lat. geminatus, jumelé, doublé.) Ex. : Il donnerait un gros bécot à sa petite fafemme adorée. (Joyce) La gémination, comme l'APHÉRÈSE, caractérise le langage enfantin. Ex. : dodo, neznez. Ainsi, constitue-t-elle le mode ordinaire de formations des diminutifs. Ex. : Cricri pour Christine, Jojo pour Joël. La gémination a facilement une valeur péjorative ou dépréciative. En phonétique, la gémination est la consonne doublée, qui comporte un intervalle entre la tension et la détente. Ex. : elle l'a vu comparé à elle a vu. Voir : MÉTAPLASME.
(Du gr. hen dia duoin, un au moyen de deux.) Ex. 1 : Penché sur l'onde et sur l'immensité. (Hugo) Ex. 2 : Boire dans des patères et dans de l'or (pour boire dans des patères d'or). Dissocier en deux noms coordonnés une expression unique (nom et adjectif ou nom et complément). (Robert) Ex. : Un temple rempli de voix et de prières. (Lamartine) Dissocier en deux éléments coordonnés, une formulation qu'on aurait attendue normalement en un seul syntagme dans lequel l'un des éléments aurait été subordonné à l'autre. (Dupriez) Ex. 1 : Avec un sourire hardi, elle tendit une pièce et son poignet massif. (Joyce) Ex. 2 : Elle et ses lèvres racontaient. (Éluard) Même si chacun des éléments implique déjà l'autre, le procédé les met en lumière séparément. La reformulation n'est pas toujours en un seul syntagme avec subordination directe.
Ex. :
C'était ce matin-là dimanche, et l'inauguration du Jardin zoologique de Chaillot.
(Du lat. hiatus, ouverture de la bouche.) Ex. 1 : Et toi, qui en misères as abondance. (Michaux)
Ex. 2 :
Chacun a eu, et a à l'égard de l'événement, sa responsabilité. Ex. 3 : Il dîna à Amiens. Certains hiatus ont été lexicalisés. Ex. : broc à eau (a-o), brouhaha (ou-a-a) Voir : KAKEMPHATON, PARÉCHÈME et PATAQUÈS.
(Du gr. homoios, semblable, et teleutê, fin.) Ex. 1 : Un jour de canicule sur un véhicule où je circule, gesticule un funambule au bulbe minuscule. (Raymond Queneau, Exercices de style, Gallimard, 1982.)
Ex. 2 :
M. Purgon menace Argan : Mots identiques dans leur prononciation orale ou à l'écrit, mais des sens différents. Seul le contexte permet d'établir le sens. Ex. 1 : Saut, sceau, sot. Ex. 2 : Les murs murent nos rêves. Ex. 3 : Les poules couvent dans le couvent. Voir : PARONYMES. Attribuer en apparence à certains mots d'une phrase ce qui appartient à d'autres mots de cette phrase, sans qu'il soit possible de se méprendre sur le sens. Ex. 1 : Enfoncer son chapeau dans sa tête. (enfoncer la tête dans son chapeau) Ex. 2 : Son discours menace d'être long. (c'est l'orateur qui menace de faire un long discours) Ex. 3 : Ce marchand accoudé sur son comptoir avide. (Hugo) Ex. 4 : Trahissant la vertu sur un papier coupable. (Boileau) Reboul classe l'hypallage comme une figure de sens consistant à déplacer une attribution. Ex. 1 : Sa gerbe n'était point avare ni haineuse. (Hugo) Ex. 2 : Ils allaient obscurs par la nuit solitaire, dans l'ombre. (Virgile) Comme l'ÉNALLAGE (changement de temps, de pronom ou de personne), l'hypallage est en apparence un défaut. Les surréalistes l'utilisent pour créer des concordances irréfutables. Ex. 1 : Le lit dormait d'un sommeil profond. (Harp) Ex. 2 : Larguez les continents, hissez les horizons. (Ducharme) Modifier l'ordre habituel des mots par une antéposition ou, le plus souvent, par une postposition, ou à disjoindre deux termes habituellement réunis. Ex. : Le matin, elle fleurissait, avec quelles grâces, vous le savez ! (Bossuet) Figure par laquelle on ajoute à la phrase qui paraissait terminée une épithète, un complément ou une proposition, expression qui surprend l'auditeur et se trouve par là-même mise fortement en évidence. (Morier 1975)
Ex. 1 :
À huit heures, la chaleur commence, et les fulgurations. Ex. 2 : Le côté obscur de la Force, redouter tu dois. (Yoda, Star Wars) Voir : SYNCHISE Augmenter ou diminuer excessivement la vérité des choses pour qu'elle produise plus d'impression. Employer des expressions excessives destinées à faire image et frapper l'esprit. Ex. 1 : Un vacarme à réveiller les morts. Ex. 2 : « C'est un roc, c'est un pic, c'est une péninsule ! » (Nez de Cyrano de Bergerac) L'hyperbole va généralement dans le sens de l'augmentation plutôt que de la diminution ou de l'atténuation, qui sont plutôt le domaine de la LITOTE (dire moins pour signifier plus). L'hyperbole excessive conduit à l'ADYNATON. L'hyperbole est marquée par des affixes augmentatifs : préfixes (super-, hyper-, extra-, maxi- etc.) ou suffixes (-issime) ; par des PÉRIPHRASES de comparaison, des ACCUMULATIONS de superlatifs, d'expressions exclusives. Ex. 1 : Inexplicable, unique, impensable, une bêtise incommensurable, etc. Ex. 2 : Rouquin comme un Irlandais peint par Van Gogh. (San Antonio) La langue courante contient beaucoup d'hyperboles endormies. Ex. : Un travail titanesque ; c'est à se casser la tête contre les murs ; conte à dormir debout ; couper les cheveux en quatre ; clouer le bec ; etc. Pour Reboul, c'est une figure exagérée pour mieux exprimer. Ex. : Je suis mort ! Il précise que l'AUXÈSE est une hyperbole au sens positif. Ex. : ce géant ; alors que la TAPINOSE a un sens négatif. Ex. : ce nain. Synonymes : Emphase, exagération, charge, superlation, AUXÈSE. (Barthes) Insertion de propositions subordonnées en trop grand nombre. HYPOTAXE exacerbée qui donne lieu à un effet esthétique qui coordonne des idées ou des arguments nombreux, parfois jusqu'à la confusion. Ex. 1 : Martial est fils de noble, puisque son père est quasi-baron, étant donné que sa mère était une fille Angenaux, qui étaient reconnus comme maîtres des terres, et que sa belle-mère avait des accointances avec les De Bellot, à qui appartient le château.
Ex. 2 :
Le jeune homme que je vois en train de causer devant la gare Saint-Lazare
avec un camarade qui semble lui suggérer de faire ajouter un bouton à l'échancrure de son pardessus,
et en qui je crois reconnaître le passager au long cou que je remarquai,
il y a deux heures, dans l'autobus « S »
parce que juste avant que ne se libère une place et qu'il ne s'y précipite,
— il avait attiré mon attention à cause du ton pleurnichard qu'il empruntait pour reprocher à son voisin de le bousculer
chaque fois que quelqu'un descendait du véhicule,
portait-il vraiment déjà à l'arrêt cet étonnant chapeau entouré d'une cordelette tressée ?
(Raymond Queneau) Abondance inhabituelle des liens de subordination dans une même phrase ou dans plusieurs phrases consécutives.
Ex. :
Il rajusta son col et son gilet de velours noir
sur lequel se croisait plusieurs fois une de ces grosses chaînes d'or fabriquées à Gênes ;
puis, après avoir jeté par un seul mouvement sur son épaule gauche son manteau doublé de velours
en le drapant avec élégance, il reprit sa promenade sans se laisser distraire par les oeillades bourgeoises qu'il recevait. Voir : HYPERHYPOTAXE. Description d'atmosphère particulièrement saisissante. Figure de style consistant à décrire une scène de manière si frappante, qu'on croit la vivre. Accumulation de détails concrets, souvent fragmentaires, pour donner l'impression d'un tableau. Ex. 1 : Tout était noir. La rue, le ciel, l'avenir, son âme.
Ex. 2 :
La lame aigüe de l'instrument, glissant du haut en bas, avait entamé la mâchoire.
Une convulsion tirait les coins de la bouche.
Du sang, caillé déjà, parsemait la barbe.
Les paupières closes étaient blêmes comme des coquilles ;
et les candélabres à l'entour envoyaient des rayons.
(Du gr. husteron, dernier, et proteron, premier.) Ex. 1 : Mourons et précipitons-nous au milieu des armes ! (Virgile, Énéide, II, 353) Ex. 2 : Mets tes chaussures et tes chaussettes. Tournure propre à un idiome et littéralement intraduisible en une autre langue. Manière de parler qui est naturelle aux locuteurs natifs d'une langue. Ex. 1 : L'échapper belle. Être sur les dents. Avoir un chat dans la gorge. (Français)
Ex. 2 :
Hier, chu sorti avec ma blonde.
(Québec)
Ex. 3 :
To have a frog in one's throat.
(Anglais) IMAGE LITTÉRAIRE [Philo-Lettres] La COMPARAISON figurative est une image littéraire qui se produit dès lors que s'introduit un deuxième sens, analogique (similaire) ou symbolique (évocateur, suggestif).
Une image littéraire est donc composée de deux éléments :
Quand le phore (référent) est plus concret
que le thème (concept, chose)
(cas plus fréquent),
Quand le phore (référent) est plus abstrait
que le thème (concept, chose)
(ce qui est rare),
La
COMPARAISON comporte 4 éléments distincts :
Synonyme : Représentation. Voir : COMPARAISON. Renversement dans l'ordre habituel des mots, ainsi que dans les tournures interrogatives. Terme générique de toute construction qui n'est pas conforme à l'ordre analytique.
Ex. 1 :
On accuse en secret cette jeune Éryphile Ex. 2 : Et les Muses de moi, comme étranges, s'enfuient.
Ex. 3 :
Comment vous appelez-vous ? Voir : MÉTABOLE.
(Du gr. iso, égal, et kolon, membre, jambes.)
Ex. :
Tel est pris qui croyait prendre. L'isocolon peut aussi désigner une autre forme d'identité phonétique ou syntaxique, proche du PARALLÉLISME. Un isocolon résulte souvent d'une isotopie (point commun sémantique) et vise un effet rythmique de symétrie.
Ex. :
D'abord, vers 8 heures, je déjeune chez moi.
Ensuite, à 9 heures, je mange une pomme en sortant de la maison et en marchant vers le métro sous les arbres en fleurs. Voir : PÉRIODE. Utilisation dans une phrase de plusieurs mots ayant le même radical. Répétition d'une racine lexicale en lui ajoutant un suffixe et/ou un préfixe.
Ex. 1 :
Et s'en allant là-bas, le paysan chantonne Ex. 2 : Vous savez, les chaussées sont aussi déchaussées que vous êtes bien chaussé ! Voir : TAUTOLOGIE et HOMONYMIE.
(Du gr. kakos, mauvais, mal, et emphaino, paraître, montrer.)
Ex. 1 :
Ménélas dit :
Je suis romaine hélas, puisque mon époux l'est. »
Ex. 2 :
Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle
Ex. 3 :
Je sortirai du camp, mais quel que soit mon sort, Synonyme : HIATUS, PARÉCHÈME et PATAQUÈS. Vérité d'évidence, utilisée par ironie (vérité de La Palice). Employée inopinément, elle est perçue comme une proposition niaise. Ex. 1 : Certains hommes sont grands, d'autres pas. Ex. 2 : Un quart d'heure avant sa mort, il était encore en vie. (Bernard de La Monnoye)
Ex. 3 :
L'heure, c'est l'heure ; avant l'heure, c'est pas l'heure ; après l'heure, c'est plus l'heure. Synonyme : Truisme (de l'anglais « true »). Texte dans lequel on utilise des mots dans lesquels une ou plusieurs lettres de l'alphabet n'apparaissent pas. Ouvrage dans lequel on affecte de ne pas faire entrer une lettre particulière de l'alphabet. Le lipogramme peut également s'étendre à l'effacement d'autres mots grammaticaux, comme les pronoms relatifs, les adjectifs ou les noms propres.
Ex. 1 :
Le plus célèbre lipogramme est bien sûr La Disparition, de Georges Perec,
où la lettre « e » (la plus couramment utilisée)
est absente pendant des centaines de pages.
Exemple des pages 60 et 61 (Éditions Denoël) : Ex. 2 : L'Odyssée de Tryphiodore, n'avait pas de « a » dans le premier chant, point de « b » dans le second, et ainsi de suite dans les autres. Ex. 3 : Henry de Chenevières n'utilise pas les pronoms relatifs « que » et « qui » dans ses contes. (Chenevières, Contes sans QUI ni QUE, 1886) Expression qui dit moins pour faire entendre plus. Atténuer le contenu des propos pour, en fait, exprimer davantage qu'il n'est dit. Ex. : Elle n'est pas bête, ton idée ! Certains théoriciens définissent la litote comme une combinaison de la PÉRIPHRASE et de l'ironie. La litote est associée avec le laconisme (couper les détours expressifs) et la sobriété, on dit beaucoup en peu de mots, on reste en deçà de la substance à exprimer. C'est une atténuation reconnue comme fausse, simulée. Ex. : Va, je ne te hais point ! (Chimène à Rodrigue dans Le Cid de Corneille) Comme pour l'ANTIPHRASE, c'est le contexte et l'intonation qui permettent de débusquer la litote. Elle se dit sur un ton de constatation minimale, indéniable, qui implique la possibilité d'en dire plus. Ex. : On ne mourra pas de faim aujourd'hui. (Devant une table bien garnie.) La litote prend toutes les formes de l'atténuation (y compris l'EUPHÉMISME, qui consiste à masquer le désagréable), et en particulier celle de la négation du contraire en langue courante.
Ex. :
Ce n'est pas souvent que... Elle est également, et paradoxalement, un mode de soulignement. Ex. : Quand je suis gai, moi, ce n'est pas à moitié. (Ducharme) Reboul la qualifie de figure consistant à remplacer un signifié par un autre moins fort. Ex. : Je suis un peu las (pour dire très fatigué). Comme c'est souvent le cas, la litote procède par négation d'une HYPERBOLE. Ex. : Non, le docteur X n'a pas encore tué tous ses malades. Voir : ANTIPHRASE et EUPHÉMISME. Toute forme de changement soit dans les mots, soit dans les phrases. Accumuler des expressions synonymes pour exprimer une idée ou décrire un objet avec une précision accrue. Utiliser dans la seconde partie d'une phrase des mots déjà utilisés dans la première partie, mais dans un ordre différent, ce qui modifie le sens. L'INVERSION, l'HYPERBATE et le MÉTAPLASME sont des métaboles. Ex. 1 : Seigneur, daignez m'entendre ; écoutez-moi ; prêtez une oreille attentive à mes prières. (Psaumes) Ex. 2 : Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. Voir : MÉTAPLASME. Modifications apportées aux textes destinés à être lus. Les opérations s'effectuent au niveau du graphisme des caractères ou de la disposition des mots dans la phrase. Ex. : Tu rentres chez BETC ? Combien ils te donnent de $ou$ ?
(Du gr. metalepsis, transposition)
Ex. 1 :
« Hélas ! nous le pleurons. »
pour faire entendre « Hélas ! il est mort. »
Ex. 2 :
Employer entendre au sens de comprendre ;
écouter au sens d'obéir. D'après Dupriez, la métalepse ne serait qu'une MÉTONYMIE si elle portait sur une proposition, mais elle n'est constituée que d'un lexème. Reboul définit la métalepse comme une figure consistant à remplacer le nom d'une chose ou d'une personne par une suite de MÉTONYMIES. Ex. : « celui que nous pleurons » pour « le mort ». Voir : MÉTONYMIE. Erreur de découpage dans la chaîne de sons entendus conduisant à l'apparition d'un nouveau mot issu de cette erreur de découpage.
Ex. 1 :
[quelqu'un de] pas tibulaire, mais presque. (Coluche) Ex. 2 : Comment la grande noire soeur devient la belle trop mince à cause de l'excentricité. (Marc Favreau) Voir : CALEMBOUR.
(Du lat. metaphora, transport.)
Ex. :
Un cadeau royal. Procédé par lequel on transporte la signification d'un mot à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une comparaison sous-entendue. (Lexis) Ex. : Brûler de désir, la lumière de l'esprit. Bien qu'il s'emploie aussi dans un sens élargi, le mot métaphore n'est pas, au sens strict, synonyme d'image littéraire. En fait, il en est la forme la plus condensée, réduite à un terme seulement. En effet, à la différence de l'ALLÉGORIE, il a un phore unique, quoique celui-ci puisse être évoqué par plusieurs mots. À la différence de la COMPARAISON, ce phore est mêlé syntaxiquement au reste de la phrase, où se trouve habituellement l'énoncé du thème. Ex. 1 : Je parle un langage de décombres où voisinent les soleils et les plâtras. (Aragon)
Ex. 2 :
Je raye le mot comme du dictionnaire. (Mallarmé)
Les métaphores s'usent, vieillissent, perdent leur pouvoir, évoquant de plus en plus leur thème,
devenant alors des CLICHÉS, ainsi ces vers de Baudelaire : Pour Reboul, la métaphore est une figure de sens qui consiste à remplacer le nom d'une chose par un autre qui lui ressemble. Ex. : L'Éternel est mon rocher (pour mon sûr appui). La métaphore porte sur des termes hétérogènes. Si l'on considère que la métaphore est une comparaison abrégée — est pour est comme — la phrase suivante n'est pourtant pas une métaphore : « L'eau est [comme] un glaçon. » Par contre, « Sylvie est un glaçon » constitue une métaphore en raison de l'analogie entre le glaçon et la froideur, métaphore de l'indifférence. Voir : ALLÉGORIE et COMPARAISON. Terme générique pour désigner toute modification phonétique ou morphologique altérant l'intégrité d'un mot par addition, fusion, suppression, substitution ou permutation. Altération d'un mot par adjonction, suppression ou inversion de sons ou de lettres. Métamorphose lexicale.
Ex. :
(B'soir, m'sieur le prof' ! J'ai raté le bus c'matin. La CRASE, la DIÉRÈSE, la SYNALÈPHE et la SYNÉRÈSE sont des métaplasmes. Voir : MÉTABOLE, MÉTALEPSE, MÉTAPHORE, MÉTATHÈSE, MÉTONYMIE. Altération d'un mot par déplacement, inversion d'une lettre ou d'un élément phonétique. Ex. 1 : Blouque pour boucle. Ex. 2 : Provincialisme : La moitié ed la France. (Claudel) Terme de l'ancienne grammaire, qui pourrait désigner certains bredouillements comme insluter, Rébénice, Nomitaure. L'ancien français formage s'est lexicalisé ensuite en fromage.
Queneau a travaillé sur ce thème dans ses Exercices de Style. Voir : « Lire sens dessus dessous ». Figure par laquelle on exprime un concept au moyen d'un terme désignant un autre concept qui lui est uni par une relation nécessaire. Procédé qui consiste à nommer un objet au moyen d'un terme désignant un autre objet uni au premier par une relation logique ou simplement habituelle. La métonymie exprime, par exemple, la cause par l'effet, le contenant par le contenu, le tout par la partie (SYNECDOQUE).
Ex. :
La ville dort. (les citoyens dorment)
Quelques catégories de métonymies : Pour Reboul, la métonymie est un TROPE qui permet de désigner un objet par le nom d'un autre ayant avec lui un lien habituel. Son pouvoir argumentatif est avant tout celui de la dénomination, qui fait ressortir la chose qui intéresse l'orateur.
Ex. :
Pour illustrer la collusion entre l'armée et l'église : Plus que les autres TROPES, la métonymie est créatrice de symboles. Ex. : La faucille et le marteau. Selon Dupriez, les principaux TROPES (MÉTONYMIE, MÉTAPHORE et SYNECDOQUE), enseignés et commentés depuis vingt-cinq siècles, ont peut-être constitué à l'origine un ensemble logique, mais il se définissent aujourd'hui davantage en extension qu'en compréhension. Beaucoup voient la SYNECDOQUE comme une sorte de MÉTONYMIE, mais on considère généralement que la relation entre le terme propre et le terme figuré est plus étroite dans le cas de la SYNECDOQUE que dans la MÉTONYMIE. Fontanier parle de connexion, Genette de contiguïté, Morier d'inclusion. Il est possible que ce soit dans le cas de la MÉTAPHORE que l'écart entre propre et figuré s'élargisse au maximum (rapport hétérogène des termes) ; ainsi la SYNECDOQUE serait-elle le TROPE minimal. Amalgamer deux mots sur la base d'une homophonie partielle, de sorte que chacun conserve la physionomie lexicale permettant de le reconnaître. Combinaison de deux vocables en un seul mot dont le sens est lui-même le croisement des signifiés ainsi liés.
Ex. :
abribus (abri + autobus) Le mot-valise est proche du mot forgé et du PARAGRAMME. Le but du procédé est souvent la SYLLEPSE DE SENS. Certains mots-valises ont été lexicalisés.
Ex. :
calfeutrer (calfater + feutre) Synonyme : Bloconyme. Autres désignations : Collage verbal, emboîtement lexical, amalgame, mot porte-manteau. Antonymes : Étymologie, mot dévalisé. Voir : TÉLESCOPAGE
(Du gr. onoma, nom, et poiein, faire.)
Ex. 1 :
Dring Dring (téléphone)
Ex. 2 :
Le frou-frou d'une robe. Dupriez remarque que les onomatopées sont des mots au même titre que les autres, et non pas seulement des bruits, car il y a eu codification de la graphie, de la grammaire du mot (genre, classement) et du sens. En bande dessinée, on utilise parfois la contre-onomatopée, qui consiste à prendre des mots lexicaux pour illustrer des bruits. Ex. : GRONDE ET CRAQUE (pour l'orage) Réunion de deux mots de sens opposés. Rapprocher deux termes dont les significations paraissent se contredire. L'oxymore attire l'attention par le non-sens dont l'esprit est toujours prêt à se défendre. Ex. : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. (Corneille) Dupriez range l'oxymore parmi l'alliance de mots contradictoires. L'orgueilleuse faiblesse d'Agamemnon dans l'Iphigénie de Racine sont deux idées qui semblent incohérentes, mais qui dans la réalité s'allient avec précision. Ce qui distingue l'oxymore de la dissociation c'est que les qualités opposées appartiennent néanmoins au même objet. Les vocables s'opposent dans leur sens hors contexte, le paradoxe reste latent et il n'y a pas d'ANTILOGIE, car en réalité, les sens ne sont pas incompatibles. Le soleil noir de la mélancolie de Nerval est un astre figuré. Par ailleurs, il est tout naturel de s'élancer en avant derrière la musique (Joyce). Reboul assimile l'oxymore au PARADOXISME. Figure consistant à associer deux termes incompatibles, ou antinomiques. Elle est rendue possible par la contradiction entre la doxa (opinion courante qui prévaut) et l'énonciateur qui la contredit, par MÉTAPHORE. Sophocle qualifie Antigone de saintement criminelle : criminelle aux yeux du pouvoir représenté par Créon, mais sainte et innocente pour les dieux et la conscience. On peut voir dans cette figure une dissociation condensée entre l'apparence et la réalité. Synonyme : Antonymie. Mot ou phrase dont la suite des lettres reste identique, qu'il soit lu à l'envers ou à l'endroit. Texte pouvant être lu de droite à gauche et de gauche à droite en conservant exactement le même sens. Ex. 1 : erre, Laval, ressasser
Ex. 2 :
Ésope reste et se repose. Voir : ANAGRAMME. Phrase cohérente la plus courte possible contenant toutes les lettres de l'alphabet. À l'instar des gammes pour les pianistes, le pangramme est souvent utilisé comme exercice d'apprentissage de la dactylographie.
Ex. :
Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume. (37 lettres)
(Du gr. parabolê, comparaison, rapprochement, rencontre.)
Ex. :
Un semeur sortit pour faire ses semailles.
Pendant qu'il répandait sa semence, des grains tombèrent au bord du chemin,
furent piétinés par les passants, et les oiseaux du ciel les mangèrent.
D'autres tombèrent sur de la pierre.
À peine eurent-ils germé que les petits plants séchèrent parce que le sol n'était pas assez humide.
D'autres grains tombèrent au milieu des ronces ;
celles-ci poussèrent en même temps que les bons plants et les étouffèrent.
Mais d'autres tombèrent dans la bonne terre ;
ils germèrent et donnèrent du fruit : chaque grain en produisit cent autres. Forme caractéristique dont se servait Jésus pour parler. Ex. : Jésus dit toutes ces choses au peuple en paraboles, et il ne leur parlait point sans paraboles. (Sacy, Bible, Mathieu XIII, 34) Synonymes : ALLÉGORIE, apologue, fable.
(Du gr. para, à côté, et doxa, opinion, croyance, dogme.) Ex. : Les crimes engendrent d'immenses bienfaits et les plus grandes vertus développent des conséquences funestes. (Valéry) Dupriez distingue d'une part les paradoxes qui apparaissent comme vrais : Les défauts de style de Molière ne sont pas seulement le revers ou la rançon de ses qualités, ils en sont la condition même. Il eût écrit moins bien s'il avait mieux écrit (Brunetière) ; et d'autre part les faux paradoxes qui n'emportent pas la conviction : Un borgne est bien plus incomplet qu'un aveugle. Il sait ce qui lui manque. (Hugo) Le paradoxe est une façon d'outrer la pensée ; on cherche à créer des oppositions qui provoquent la réflexion du lecteur. Ex. : Ce qu'il y a de plus profond dans l'homme, c'est la peau. (Valéry) Synonyme : Absurdité. Antonyme : Truisme. Utilisation incorrecte ou approximative de la grammaticalité de la phrase, sous le rapport du choix des mots dits fonctionnels ou de la construction de la phrase. Ex. : Voyez, depuis, je suis 11 ans en retraite. Faute, volontaire ou non, d'orthographe ou de prononciation qui consiste à substituer une lettre ou un son à un autre. Ex. : Ce type est un vrai casse-nouilles. (casse-couilles) Voir : SUBSTITUTION. Juxtaposer deux groupes de mots, deux phrases ou deux vers construits sur la même syntaxe. Appelé également construction parallèle, le parallélisme crée un effet équilibré et harmonieux dû à la similitude entre le rythme et la longueur des groupes syntaxiques. La symétrie entre les éléments répétés donne au texte une certaine régularité. La répétition provoque un effet d'insistance.
Ex. :
Lucien avait beaucoup lu, beaucoup comparé ; Voir : PÉRIODE Faux raisonnement fait de bonne foi (contrairement au SOPHISME).
Paralogisme formel :
Paralogismes informels : Antonyme : SYLLOGISME. Développement explicatif d'un texte en le commentant ou l'interprétant afin de le clarifier. Au sens péjoratif, explications verbeuses et diffuses, qui ne fait qu'en délayer le contenu sans rien élucider du sens ou à la valeur. Dans cette dernière acception, la paraphrase se rapproche de la BATTOLOGIE, de la PÉRISSOLOGIE. On place généralement la paraphrase dans une section à part, avec référence au texte ou en bas de page, avec appel de note, ou entre parenthèses, entre crochets. Elle peut aussi faire partie du texte, avec un syntagme introducteur comme c'est-à-dire, autrement dit, en d'autres mots, etc.
(Du gr. parataxis, coordination.) Ex. : Il fait beau, je pars à la plage.
Parataxes de phrases :
Parataxes de mots : Défaut de langage par lequel on place à côté l'une de l'autre des syllabes de même son.
Ex. 1 :
Il faut qu'entre nous nous nous nourrissions. Ex. 2 : Sirop Tatoo. L'atout contre la toux. Voir : PATAQUÈS. Insertion dans le corps de la phrase principale d'un élément grammatical autonome (mot, proposition, phrase) qui en précise le sens ou introduit une digression. Interruption que l'on fait dans le discours, une conversation, pour dire une chose qui se présente à l'esprit et en libérer la mémoire. Ex. 1 : Chers amis, nous sommes réunis aujourd'hui — Pierre, ferme la porte s'il te plaît — pour prendre une décision importante. Ex. 2 : Un élément grammatical autonome (mot, proposition, phrase) est aussi un syntagme. Ex. 3 : La maison de Grégoire (celle aux volets rouges) a été vendue hier. La parisose est une forme de rythmique utilisée pour les proverbes ou en poésie. Elle consiste à équilibrer les pieds et les rimes de part et d'autre d'une virgule. Équilibre rythmique des deux membres d'une phrase (Reboul). PÉRIODE composée de deux membres de même longueur. Une parisose est encore plus frappante si elle est composée d'une figure de son, comme l'ASSONANCE ; on l'appelle alors vers rimés. Ex. : Boire ou conduire, il faut choisir. (4 + 4) (De para, à côté et onoma, nom.) Rapprochement de mots dont le son est à peu près semblable, mais dont le sens est différent. Ex. 1 : Tu parles, Charles. Traduttore-traditore (traducteur-traître). Qui s'excuse s'accuse. Ex. 2 : Lingères légères. (Éluard) Qui vivra verra ; Qui se ressemble s'assemble. La paronomase est facilement confondue avec l'ISOLEXISME, qui rapproche des vocables qui appartiennent au même lexème : Je dis durement des vérités dures. (Bernanos) ; C'est ainsi que l'on pénètre dans l'impénétrable. (Hugo) Mais on acceptera toutefois comme paronomase une similitude étymologique : Apprendre n'est pas comprendre. Les paronymes (mots quasi-homonymes) fournissent naturellement les meilleures paronomases, mais non les seules valables, car l'extension d'une paronomase va jusqu'à sa frontière, assez floue, avec l'ALLITÉRATION : Un halo de haletante haleine. (Joyce) Certaines paronomases, involontaires, frisent la cacophonie, voire le PARÉCHÈME : Cette parenthèse pourrait paraître par trop agressive. La pensée contemporaine, la psychanalyse, la critique littéraire en usent abondamment : En train de former et de formuler l'idée du sujet [...] Ce qu'on croyait être coïncidence est coexistence. (Merleau-Ponty) La paronomase aboutit souvent au calembour : Les premiers livres sont les lèvres. (Brisset) Reboul classe la paronomase parmi les figures de son : l'ALLITÉRATION, jeu sur les phonèmes, l'humeur, l'honneur, l'horreur (Simon Leys), la grogne, la rogne et la hargne ; la paronomase, sur les syllabes ; le calembour, sur les homonymies et l'ANTANACLASE, sur les polysémies, prenez votre coeur à coeur ; la dérivation opère dans le même sens que l'ANTANACLASE, associant un mot à un autre, de même racine : [les contestataires de 68 empêchent] les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner et les travailleurs de travailler. (de Gaulle, mai 1968) Synonyme : ANNOMINATION. Mots qui présentent une certaine analogie phonétique, mais sans avoir le même sens. Rapprochés phonétiquement, ils prêtent souvent à confusion.
Ex. 1 :
collusion et collision Ex. 2 : « La conjoncture se perd en conjectures » est à la fois une figure paronymique et une PARONOMASE. Voir : HOMONYMIE.
(Du gr. parrêsia, parler de tout.)
Ex. 1 :
« Le roi est nu ! »
(Hans Christian, Les Habits neufs de l'empereur, 1837) Ex. 2 : Ne le prends pas mal, mais je n'ai pas apprécié que tu parles dans mon dos. Synonyme : Franc-parler. L'origine du mot se situe probablement dans la forme je ne sais pas-t-à qui est-ce. C'est une faute de liaison. La consonne qui apparaît n'est pas présente graphiquement ou, si elle est présente, il n'est pas d'usage de la faire entendre. L'emploi littéraire du pataquès est évocateur soit du manque de culture du locuteur, soit de parlers régionaux. Ex. 1 : C'est sain-z-et sauf que le maire rejoignit ses employés. (Queneau) Ex. 2 : Le roi qui va-t-à Reims. (Claudel) Ex. 3 : Tu es-t-allé où aujourd'hui ? Ex. 4 : Les quatre-z-enfants. Au sens élargi, toute faute de langage très évidente, ou discours confus, inintelligible. Le pataquès peut servir à contourner certains HIATUS. Ex. : Lorsque j'y ai zété. (Vian) La faute de liaison fréquente avec le « h » dit aspiré est une psilose. Ex. : Des-z-Hollandais derrière des-z-haies et des-z-haricots. Voir : KAKEMPHATON et PARÉCHÈME. Utilisation d'éléments linguistiques empruntés à une langue étrangère. Il peut s'agir de sonorités, de graphies, de mélodies de phrase, mais aussi de formes grammaticales, lexicales ou syntaxiques, voire même de significations ou de connotations. On distingue parmi les emprunts des anglicismes, des italianismes, des latinismes, des hébraïsmes, des germanismes.
Ex. :
parking, shopping, e-mail (anglicismes) Le sabir est le croisement de deux ou plusieurs langues, ou jargon. « Le Québec court le risque to lose sa langue and to disappear as an authentic culture. » (Cité par Dupriez, tiré d'un journal d'étudiants de Montréal.)
Ex. :
Espère-moi su'l'corner, j'traverse le chmin pi j'viens right back.
(chiac acadien) Poussé à l'extrême, le procédé touche au baragouin, qui pourrait aussi être nommé hybridation. Ex. : delmeuplistrincq (Rabelais), pour « donne-moi, s'il te plaît, à boire », phrase composée d'une forme espagnole, anglaise, et allemande. Synonymes : Étrangisme, xénisme. Phrase soignée et d'une certaine ampleur, dont le rythme, et éventuellement les sonorités, donnent l'impression d'un cycle, un sentiment de complétude. Phrase articulée et mesurée ; assemblage de propositions liées entre elles par des conjonctions, et qui toutes ensemble font un sens fini, dit aussi sens complet. La période a deux, trois ou quatre membres composés d'une protase (première partie) et d'une apodose (deuxième partie), s'articulant autour d'un sommet (sorte de césure médiane). Elle se développe en un schéma binaire ou parfois, ternaire. En effet, au centre de la période, un membre peut venir faire pendant à la protase : c'est l'antapodose. La dernière proposition est appelée clausule.
Ex. :
La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite (protase) Bénac distingue trois types de périodes : 1. La période carrée, à quatre membres à peu près égaux.
Ex. :
Je sais mieux ranger les soldats que les paroles, 2. La période ronde, se dit, par opposition à période carrée. L'absence de conjonctions rend les membres tellement joints, qu'on aperçoit difficilement l'endroit où ils s'unissent, et ceci lui confère une impression d'harmonie supplémentaire. La période ronde est souvent binaire, avec parallélisme des membres et même reprises : c'est la PARISOSE. Dans ce type de phrase, les membres égaux sont des ISOCOLONS. 3. La période croisée, dont les membres sont opposés deux à deux en ANTITHÈSES. Aucune différence étymologique entre périphrase et CIRCONLOCUTION, puisque l'un et l'autre signifient parler autour. Mais l'usage y a mis des nuances : la périphrase s'emploie le plus ordinairement pour éviter le mot propre, parfois trivial. La CIRCONLOCUTION a aussi ce sens-là, mais elle exprime en plus l'embarras que l'on éprouve à dire une chose. On tourne autour avant d'y venir. On peut faire des CIRCONLOCUTIONS sans employer de périphrases. Ex. 1 : Les forces de l'ordre pour la police. Ex. 2 : Le billet vert pour le dollar. Ex. 3 : Le plancher des vaches pour la terre. Voir : CIRCONLOCUTION. Usage de PLÉONASMES sans intention littéraire. REDONDANCE, consistant en l'ajout d'un ou de plusieurs détails inutiles qui n'apportent rien à la compréhension ni à l'expression d'une idée, sinon que l'alourdir. C'est une faute de style, mais elle peut également être volontaire, par exemple, la recherche d'un effet comique.
Ex. 1 :
panacée universelle
Ex. 2 :
Puis-je me permettre de prier Monsieur de bien vouloir m'autoriser à reprendre mes travaux ?
(Boris Vian, L'Écume des jours, cité en exemple par Dupriez) Voir : PLÉONASME. Faire d'une chose inanimée ou d'une abstraction un être personnel. Attribuer la parole ou l'action à un objet ou à un concept comme s'ils étaient dotés d'une volonté humaine. Ex. : L'Habitude venait me prendre dans ses bras et me portait jusque dans mon lit comme un petit enfant. (Proust) Fontanier précise que cette figure a lieu par MÉTONYMIE, MÉTAPHORE et SYNECDOQUE. La personnification a en effet un thème (non-personne) et un phore (une personne), entre lesquels le lien sera analogique, logique ou de proximité. Si le thème est une personne, on aura une ANTONOMASE. Si le phore est multiple, on aura une ALLÉGORIE.
Ex. 1 :
Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles : Synonyme : Animisme. Surabondance de termes, donnant plus de force à l'expression. Redoublement de l'idée dans deux mots du même membre de la phrase. Ex. : Je l'ai vu de mes yeux et je l'ai entendu de mes oreilles. Pléonasme et REDONDANCE sont considérés comme des procédés de style, alors que la PÉRISSOLOGIE est un vice d'élocution, sauf si elle est employée dans des contextes précis, tels que l'humour, le persiflage, l'ironie, la ridiculisation. « Il est descendu en bas puis monté en haut. » et « Je l'avais prévu d'avance. » sont plutôt des PÉRISSOLOGIES, alors que « Il ajouta quelques détails de plus. » est un pléonasme, qui est une forme de soulignement. Voir : PÉRISSOLOGIE, REDONDANCE, TAUTOLOGIE. Qualité d'un mot ou d'une expression qui a deux, voire plusieurs sens différents. Ex. 1 : Cette clé plate allait peut-être lui donner la clé du mystère.
Ex. 2 :
Veux-tu un café ? Répétition des mots de liaison. Sorte de PLÉONASME fréquent dans les énumérations, qui consiste à répéter une conjonction plus souvent que ne l'exige l'ordre grammatical. Ex. 1 : Mais tout dort, et l'armée, et les vents, et Neptune. (Racine, Iphigénie, I, 1.)
Ex. 2 :
Oui, j'ai pris un verre à l'Atelier Renault, Ex. 3 : Soit lui, soit moi, soit un autre. Contraire : ASYNDÈTE. Thème, expression littéraire ou artistique dénués d'originalité. Formule de style, de sentiment, d'idée ou d'image qui, fanée par l'abus, court les rues avec un faux air hardi et coquet.
Ex. :
Quand on veut on peut. Synonyme : CLICHÉ, stéréotype, banalité, lieu commun. Précaution oratoire par laquelle on prépare ses auditeurs ou lecteurs à une annonce qui pourrait les choquer, ou les blesser.
Ex. 1 : Ô vous, lecteurs curieux de la grande histoire, écoutez-en l'horrible tragédie et vous abstenez de frémir si vous pouvez. Ex. 2 : Voici le seul portrait d'homme, peint exactement d'après nature et dans toute sa vérité, qui existe et qui probablement existera jamais. Qui que vous soyez, que ma destinée ou ma confiance ont fait l'arbitre du sort de ce cahier, je vous conjure par mes malheurs, par vos entrailles, et au nom de toute l'espèce humaine, de ne pas anéantir un ouvrage unique et utile, lequel peut servir de première pièce de comparaison pour l'étude des hommes (...) (Rousseau, Confessions)
(Du lat. praeteritio, passer sous silence.) Ex. : Je ne voudrais pas avoir l'air de faire de la publicité, mais il faut bien dire que la Renault est la meilleure des voitures les moins chères. Dupriez classe parmi les demi-prétéritions des formules telles que : Je n'ai pas à vous rappeler que... Inutile de vous dire que... ou M. Dupont, pour ne pas le nommer... qui sont des formes d'atténuation pouvant déclarer un EUPHÉMISME. Ex. : La morgue est un endroit peu engageant, pour ne pas dire lugubre, surtout la nuit. (Joyce) Un autre type de prétérition consiste à feindre de ne pas vouloir faire ce que l'on fait néanmoins. Ex. : Ce n'est pas pour vous décourager, mais... Pour Reboul, la prétérition est une figure d'énonciation, très proche de l'APOSIOPÈSE, consistant à dire qu'on ne parlera pas d'une chose afin de mieux attirer l'attention sur elle. C'est le sacrifice imaginaire d'un argument. Ex. : Et je ne dirai rien de mon inépuisable générosité. Synonyme : Prétermission, paralipse, feinte. Importante préface, ample introduction que nécessite la bonne compréhension d'un livre. Ex. : Emmanuel Kant publia en 1783 un livre de 480 pages intitulé Prolégomènes à toute métaphysique future qui aura le droit de se présenter comme science.
(Du gr. prolêpsis, opinion que l'on se fait d'avance.) Ex. : Cela serait trop long à expliquer. La prolepse est un procédé d'anticipation souvent formulé par des expressions telles que : On dira que... On objectera que... Vous me direz que... ; ...me direz-vous, mais... Dupriez précise qu'il y a deux mouvements dans la prolepse. D'abord, on anticipe les éventuels arguments de l'adversaire en insérant par exemple un « me direz-vous » dans la formulation de l'objection ; c'est la prolepse proprement dite. Ensuite, on réfute l'argument que l'on vient de présenter ; c'est l'upobole. Reboul classe la prolepse parmi les figures d'argument ; elle consiste à devancer l'argument (réel ou fictif) de l'adversaire pour le retourner contre lui : On nous dira que... Voir : APODIOXIE et PRÉMUNITION. Figure par laquelle on fait parler et agir la personne ou la chose que l'on se propose d'évoquer. Prêter de l'action et du mouvement aux choses insensibles, faire parler les personnes soit absentes, soit présentes, les choses inanimées, et quelquefois même les morts.
Ex. 1 :
" Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles :
Ex. 2 :
Face à l'épreuve, Jésus nous dit aujourd'hui : Synonyme : PERSONNIFICATION.
(Du lat. redundantia, trop-plein, excès.)
Ex. :
Ce qu'il faut à tout prix, qui règne et qui demeure L'acception générale, y compris pour les anciens, est péjorative. La redondance est considérée comme un vice, un défaut : un excès d'ornements dans le texte ou le discours, une abondance de mots superflus. Ex. : VERBIAGE, BAROQUISME, BATTOLOGIE, PÉRISSOLOGIE, PLÉONASME vicieux, superfluité, grandiloquence. S'il y a redondance dans les mêmes termes, c'est une homéologie ; s'ils sont différents, c'est une macrologie. Synonymes : Redoublement. Voir : PLÉONASME, RÉDUPLICATION. Répétition d'une syllabe ou d'une lettre. Redoubler ou répéter consécutivement, dans le même membre de phrase, certains mots d'un intérêt marqué. Répétition de syllabes, sons ou mots pour former un nouveau mot.
Ex. :
Les mots enfantins sont souvent fondés sur la réduplication comme dans Voir : REDONDANCE. Énoncé inachevé dont le sens reste clair. Commençant l'expression de sa pensée, on s'arrête avant de l'avoir achevée. La réticence est employée pour atténuer le sens d'une expression en laissant le soin à l'interlocuteur d'en deviner la suite. Taire à dessein une chose qu'on pourrait ou qu'on devrait dire.
Ex. :
En l'appui de ton Dieu tu t'étais reposé. Synonyme : Hésitation
(Du gr. soloikismos, de Soles,
ville de Cilicie où les colons athéniens parlaient un grec incorrect.)
Ex. :
Je suis été au cinéma hier soir.
Synonymes :
Agrammaticalité, antiptose, syllepse grammaticale. Voir : SYLLEPSE DE GRAMMAIRE.
(Du gr. sophisma, habileté, invention ingénieuse, raisonnement fallacieux.)
Sophisme courant : Ce raisonnement est faux, car en logique si B implique A et C implique A, on ne sait rien de la relation entre B et C, si ce n'est qu'ils ont tous les deux A comme conséquence ou caractéristique. Le sophisme est un PARALOGISME de mauvaise foi, par lequel on a l'intention de tromper. Le sens péjoratif du terme est dû à Socrate, qui dénonce l'hypocrisie des sages ou sophistes (du gr, sofia, sagesse). Le vrai sage sait que la sagesse, comme la vérité, est un idéal qu'il faut chercher sans cesse, il est donc ami de la sagesse (philo-sophe). Reboul définit le sophisme comme raisonnement apparent, mais qui n'est qu'abusif, faute de respecter les règles de la logique. Il peut apparaître formulé sous forme de syllogisme.
Ex. 1 :
Hitler
était pour l'euthanasie ; vous aussi ; donc vous êtes hitlérien.
Ex. 2 :
Boire apaise la soif ; le sel fait boire ; donc le sel apaise la soif.
Ex. 3 :
La ligne est une droite ; la courbe est une ligne ; donc la courbe est une droite. Les exemples 2 et 3 sont des syllogismes valides (A⇒B ; C⇒A ; d'où C⇒B), mais leurs conclusions sont absurdes parce que leurs prémisses (majeure) sont fausses. Analogies : PARALOGISME et ANTILOGIE. Substituer, remplacer certains mots par d'autres — inverses ou inattendus — dans une formule, un syntagme figé, un proverbe, un CLICHÉ, une citation, une idée reçue, etc.
Ex. 1 :
Mes efforts ont déjà porté des légumes. (Ducharme, l'Océantume)
Ex. 2 :
Quand la raison n'est pas là, les souris dansent. (Éluard) Analogue au paraplasme qui est une substitution analogique d'une forme nouvelle à une forme ancienne. Ex. : solutionner au lieu de résoudre. Le procédé repose sur la substitution d'un mot pour un autre, en s'appuyant sur une isotopie attendue. Ex. : Quoi, vous ici cher comte ? Quelle bonne tulipe ! Vous venez renflouer votre chère pitance ? Mais comment donc êtes-vous bardé ? (Tardieu) Cependant, si le sens est toujours sous-jacent avec le mot tulipe, il devient toutefois plus difficile à cerner dans la suite, ou du moins se prête-t-il à plusieurs interprétations. La substitution peut rafraîchir des clichés, des citations. Autour de la formule célèbre de Breton : La beauté sera convulsive ou ne sera pas, il a été créé : La poésie française sera métrique ou ne sera pas (Souriau), puis : Le vingt-et-unième siècle sera spirituel ou ne sera pas (Malraux). Valéry qualifie le procédé par une autre formule : Descendre un perroquet, c'est-à-dire provoquer la reprise d'une phrase ou d'une expression célèbre en la pliant à un sens nouveau. Ex. : Je distingue... c'est le propre de moi, pour rire est le propre de l'homme. Desnos a donné pour titre à l'un de ses recueils Deuil pour Deuil, d'après la formule oeil pour oeil et dent pour dent. Voir : PARAGRAMME (substitution graphique des lettres).
SYLLEPSE SYLLEPSE DE SENS Figure par laquelle un mot est employé à la fois au sens propre et au sens figuré. La syllepse de sens est fréquente dans le jeu de mots : Ex. : Nos petites cuillères n'ayant rien à voir avec des médicaments, nous prions notre aimable clientèle de ne pas les prendre après les repas. (Jean-Charles) Le procédé est utilisé notamment pour les définitions de mots-croisés ou dans les devinettes.
Ex. :
Quel est le comble de l'habileté pour un plongeur sur un paquebot ? SYLLEPSE DE GRAMMAIRE Figure de style par laquelle le discours répond à notre pensée plutôt qu'aux règles grammaticales. Elle est, parfois fautive, parfois acceptée et lexicalisée. Ex. :
Entre le pauvre et vous, vous prendrez Dieu pour juge, Raisonnement logique rigoureux. Argument, raisonnement qui comprend trois propositions : la majeure, la mineure et la conclusion. La conclusion est déduite de la majeure par l'intermédiaire de la mineure selon la formule suivante : A=B, C=A, d'où C=B.
Syllogisme classique : Reboul distingue le syllogisme démonstratif, qui part de prémisses évidentes et qui prouvent leur conclusion en l'expliquant de manière indubitable ; puis le syllogisme dialectique, qui part de prémisses simplement probables, les endoxa (ce qui paraît vrai à la majorité). L'endoxon s'oppose au paradoxon, qui contredit l'opinion admise. Le syllogisme est un moyen commode de conduire au SOPHISME. Les deux formes de raisonnements se présentent sous des prémisses et des conclusions aussi logiques pour l'un et l'autre, mais le sophisme est trompeur. Ex. : Vous n'êtes pas ce que je suis ; je suis homme ; donc vous n'êtes pas un homme. Antonyme : PARALOGISME.
(Du gr. sumbolon, joindre, signe.) Un texte auquel son auteur attribue un sens dans le cadre d'une isotopie (thème, sujet) plus générale. Il s'établit alors deux niveaux d'isotopie, l'un évident, l'autre symbolique. L'un à la dimension du mot (ou de la phrase), l'autre à la dimension de la phrase (ou du texte).
Un geste ou un objet
auxquels la tradition culturelle attribue un sens particulier dans le cadre d'une
isotopie
plus générale.
Un signe graphique
auquel les spécialistes attribuent un sens dans
l'isotopie (univers de discours)
de leur science ou de leur technique particulière.
(Du gr. sunaloiphê, fusion, union.)
Ex. :
l'article (le article) L'usage des formes de la synalèphe est souvent employé pour respecter la métrique des vers.
Ex. :
C'est au bout de la rue. (6 syllabes ou « pieds ») Voir : CRASE, SYNÉRÈSE et MÉTAPLASME.
(Du gr. sugkhêsis, confusion Babel.)
Ex. :
« On les peut mettre premièrement comme vous
avez dit : Rompre le déroulement syntaxique par de nombreux méandres et PARENTHÈSES qui laissent en suspens la construction et finissent par rendre la phrase incompréhensible. Ex. : Une amie est venue samedi (c'est le seul jour où on peut accueillir les gens — enfin, à condition qu'ils ne viennent pas en trop grand nombre : depuis que nous n'avons plus de meubles, c'est plus possible, en plus, au prix où on les a vendus, c'était bien la peine — et qu'ils n'aient pas d'enfants (qu'est-ce que ça fait comme dégâts !)), mais nous n'étions pas là. (Raymond Queneau, Exercices de style.) Voir : HYPERBATE
(Du gr. sunkopê, couper, retrancher.) Ex. : m'sieur, m'dame, m'man, p'pa, b'soir... Voir : MÉTAPLASME
(Du gr. sunekdokhê, compréhension simultanée.)
Ex. :
main pour travailleur ;
pain pour nourriture ;
voile pour navire... La synecdoque peut prendre plusieurs formes.
Ex. 1 :
La partie pour le tout :
Ex. 2 :
La matière pour l'être ou l'objet :
Ex. 3 :
Le singulier pour le pluriel (ou l'inverse) :
Ex. 4 :
Le genre pour l'espèce :
Ex. 5 :
L'espèce pour le genre :
Ex. 6 :
L'abstrait pour le concret :
Selon Reboul la synecdoque est une figure consistant à désigner une chose par une autre ayant avec elle un rapport de
nécessité. Figure qui condense un exemple, la synecdoque est très courante en pédagogie : le triangle pour tous les triangles, le sonnet pour tous les sonnets, le verbe pour tous les verbes. Elle sert aussi à la propagande. Ex. : « le parti des travailleurs » est une synecdoque de « une partie des travailleurs ». Un parti ne représente évidemment pas tous les travailleurs. Voir : ANTONOMASE
(Du gr. sunairesis, assembler, rapprocher.) Ex. 1 : plaire (le son è) Ex. 2 : oeuf, boeuf (le son e)
Ex. 3 :
Le mot oui est prononcé « wi » plutôt que « ou-i ». Prononcer deux sons (voyelles en contact) en une seule syllabe. Ex. 1 : lion (une syllabe : lyon) Ex. 2 : meurtrière (deux syllabes : mer-tryèr) Antonyme : DIÉRÈSE Voir : SYNALÈPHE Expression ou mot qui a le même sens qu'un autre ou une signification presque identique. Le synonyme peut être utilisé indifféremment sans changer le sens du texte. Ex. : J'assure, j'atteste, je certifie, je jure que cette synonymie est empruntée à Corneille. Les synonymes sont très utilisés en français où l'usage proscrit la répétition du même terme à moins qu'il s'agisse d'un effet recherché comme pour l'ANADIPLOSE, l'ANAPHORE, l'ÉCHOLALIE, l'ÉPANALEPSE, l'ÉPIPHORE, l'HOMÉOTÉLEUTE, le PARALLÉLISME et la POLYSYNDÈTE. Les synonymes présentent parfois de légères nuances qui permettent de s'exprimer avec davantage de précision. Ex. : Un tableau admirable de Bouguereau a été exposé récemment. Il était si magnifique, grandiose, que mon regard s'est figé devant la vérité des personnages. Leur gracieuse présence illuminait délicieusement la pièce. Synonyme : Analogue, approchant, équivalent, identique, pareil, semblable, similaire, voisin. Voir : TÉLESCOPAGE. HYPERBOLE contraire qui, sous forme exagérée et à caractère réducteur ou péjoratif, voire ironique, amplifie un fait, une idée, un trait pour en minimiser la portée ou pour dissimuler une information. Ex. 1 : Ce n'est pas un enfant de choeur. Ex. 2 : Il n'a pas inventé le fil à couper le beurre. Voir : AUXÈSE.
(Du gr. tauto, le même, et gramma, lettre.) Ex. 1 : Dans la zone zoologique, bon zigue, zizagait l'ouvrier zingueur, zieutant les zèbres mais zigouillant plutôt les zibelines. (Jean Lescure, Z'ai nom Zénon.)
Ex. 2 :
Voilà !
Vois en moi l'image d'un humble
vétéran de
vaudeville, distribué
vicieusement dans les rôles de
victime et de
vilain par les
vicissitudes de la vie. Ce
visage, bien plus qu'un
vil
vernis de
vanité, est un
vestige de la vox populi aujourd'hui
vacante, évanouie. Cependant, cette
vaillante
visite d'une
vexation passée se retrouve
vivifiée et a fait
voeu de
vaincre cette
vénale et
virulente
vermine
vantant le
vice et
versant dans la
vicieusement
violente et
vorace
violation de la
volition. Un seul
verdict : la
vengeance. Une
vendetta telle une offrande
votive, mais pas en
vain, car sa
valeur et sa
véracité
viendront un jour faire
valoir le
vigilant et le
vertueux. En
vérité ce
velouté de
verbiage
vire
vraiment au
verbeux, alors laisse-moi simplement ajouter que c'est un
véritable honneur que de te rencontrer. Appelle-moi
V. Proposition logique vraie du seul fait de la répétition de la même idée sous plusieurs formes différentes. La tautologie se retrouve souvent dans une répétition de mots qui s'auto-désignent (autonymie) : Ex. : La vie c'est la vie. Il faut appeler un chat un chat. On est comme on est.
Elle se présente dans des formules consacrées : Vente faite et consommée. La tautologie peut exprimer le soulignement et l'augmentation. L'addition de sèmes supplémentaires est alors rendue par le ton ou la graphie : Ex. : Lorsqu'il s'énerve, il s'énerve. Trois millions, c'est un chiffre !
Au contraire, sous la forme d'un truisme, elle exprime une atténuation, une LITOTE. Reboul définit comme une tautologie apparente (ou pseudo-tautologie) un argument consistant à répéter un mot avec deux sens un peu différents, tout comme s'ils ne l'étaient pas : Une femme est une femme. Les affaires sont les affaires. L'attribut n'a en effet pas tout à fait le même sens que le sujet : une femme (un être féminin) est une femme (un être faible, trompeur etc.). Antonyme : ANTILOGIE. Formes proches : PÉRISSOLOGIE, PLÉONASME, REDONDANCE, BATTOLOGIE. Condenser en une seule deux phrases ayant un syntagme identique.
Ex. :
Soldats de Fontenoy, vous n'êtes pas tombés dans l'oreille d'un sourd. (Prévert) Le télescopage peut créer des dissociations. Ex. : La pendule sonne deux coups de couteaux. (Éluard) Voir : MOT-VALISE.
(Du gr. tmêse, césure.) Ex. 1 : lors même que (le mot même intercalé dans lorsque) Ex. 2 : Considérer un problème sous ses aspects socio- et politico-économiques. Ex. 3 : Cette campagne est vraiment à contre-, anti, différent, -courant de ce qui se fait habituellement. Voir : MOT-VALISE. Tour de langage qui accroît l'expressivité de la pensée (Ex. : ironie, ZEUGME, PROSOPOPÉE). Figure consistant à détourner le sens propre d'un mot. Procédé rhétorique (MÉTAPHORE, COMPARAISON) utilisant des mots dans un sens destiné à produire un effet saisissant.
Ex. 1 :
Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Ex. 2 : Le remords dévorant s'éleva dans mon coeur.
(Du moyen français verbier, gazouiller.)
Ex. :
Mr Smith : — Le coeur n'a pas d'âge. (Silence) Le verbiage sert aussi de fonction phatique, fonction du langage dont l'objet est d'établir ou de prolonger la communication entre les interlocuteurs. Le message est secondaire, voire superflu ; il ne sert qu'à maintenir la connexion émotionnelle à travers le ton de la voix. Les mots employés sont souvent des propos lénifiants ou des généralités convenues de peu d'importance, puisqu'ils ne servent qu'à rassurer les individus sur leurs sentiments mutuels.
Ex. 1 : En arrivant au bureau le matin. Ex. 2 : Les conversations téléphoniques avec les parents, les conversations entre amis, pendant les fêtes, les célébrations d'anniversaires ou les repas sont, pour la plupart, du verbiage remplissant la fonction phatique. Dupriez distingue le verbiage de la verbigération. Celle-ci consiste à produire un flot de paroles avec des mots et des parties de mots dont l'enchaînement ne produit aucun sens.
Ex. :
Je suis le devoir du tri-mystère, tri-mystère du Finistère,
des Trelendious et des tredious, des trébendious ;
le gim de l'air de l'erme, le giderme, le citerne,
le cin de terme de la terme en terme, le gim de l'air en trême.
Analogies ou demi-verbiage : Synonymes : Bavardage, blablabla, papotage, parlotte, jasette. Voir : BATTOLOGIE et REDONDANCE.
(Du gr. zeûgma, joug, lien.) Ex. : En achevant ces mots, Damoclès tira de sa poitrine un soupir et de sa redingote une enveloppe jaune et salie. (Gide) Reboul définit le zeugme comme une figure de construction unissant deux termes sous un troisième, que cette union rend étrange.
Ex. 1 :
L'âme sans épouvante, et les pieds sans souliers ! Ex. 2 : La dame était rentrée en larmes et en taxi. Pour Dupriez, le zeugme est une figure de syntaxe qui consiste à réunir plusieurs membres de phrases au moyen d'un élément qu'ils ont en commun et qu'on ne répétera pas. Le zeugme comprend l'adjonction et la disjonction.
Ex. 1 (zeugme simple) :
Ex. 2 (zeugme composé) : Certains zeugmes entraînent une ANACOLUTHE. Ex. 1 : J'ai l'estomac fragile et horreur du graillon. (Romains)
Ex. 2 :
Non seulement Dieu n'existe pas, mais essayez d'avoir un plombier le week-end ! Ils peuvent aussi réveiller des expressions stéréotypées. Ex. 1 : Tambour et gifles battantes. Ex. 2 : À défaut de sonnette, ils tirent la langue. (Valéry) Le zeugme réunit parfois un terme abstrait et un terme concret. Il est ainsi nommé zeugme sémantique ou encore attelage. Ex. : Vêtu de probité candide et de lin blanc. (Hugo) Analogies : BRACHYLOGIE et ELLIPSE. |
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