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2004-04-05 |
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Pas concernée |
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Cher François, Merci pour votre message et votre présence attentive. Je vous dois une lettre sur, non pas la lutte des classes, mais la « lutte des sexes », si je puis dire, puisque c'était l'objet de votre dernière grande lettre. En fait, je suis embarrassée, parce que plus j'y pense, plus je m'aperçois que je me sens pas concernée. J'ai l'impression d'avoir toujours fait ce que je voulais sans me soucier de mon sexe. Enfant, j'ai appris à réparer mon vélo, comme les garçons, et à coudre comme les filles. Cela m'est resté : perceuse, scie électrique ne me font pas peur. etc. Du coup, je suis obligée de vous dire que je me sentais plutôt supérieure aux garçons de ma classe et je n'ai pas honte de dire que cela a continué à l'âge adulte. Je me suis aperçue que le seul obstacle est l'incompétence. C'est pourquoi j'ai toujours été acceptée favorablement dans une conversation sur la maçonnerie avec des artisans, dans une discussion sur le structuralisme au cours d'un colloque ou sur toute activité classée « féminine » que je ne méprise pas du tout. Si les femmes ne s'intéressent ni à la philosophie, ni aux découvertes scientifiques, et ne savent pas se débrouiller avec une installation électrique ou des problèmes d'ordinateur, elles n'ont finalement que la place qu'elles méritent. Si « les femmes » veulent se faire reconnaître à égalité avec les hommes dans la société et au travail, il leur reste à retrousser leurs manches et à montrer ce qu'elles savent faire. J'ai l'impression que je ne suis pas un bon exemple de la lutte pour la « libération » des femmes. Ne m'étant jamais sentie emprisonnée, je n'ai jamais éprouvé le besoin de me libérer de quoi ce soit. Très amicalement à vous Aline |
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[1] Aline de Diéguez, épouse du réputé philosophe Manuel de Diéguez, a aussi écrit ce texte touchant : « Encore cinq minutes monsieur le bourreau ».
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