2003-2011
Speculations philosophiques
PRÉSENTATION
Le langage comporte trois utilités. Il permet d'abord d'agir sur le monde. « Passe-moi l'égoïne », disait mon oncle menuisier qui ne s'en est jamais servi pour autre chose. Il sert aussi à raconter. La transmission orale a permis aux générations suivantes de ne pas avoir chaque fois à tout réinventer. Il sert enfin à se libérer.
Les années passent et je n'ai jamais pu faire taire ce qui, en moi, éructe sans cesse les pensées qui m'assaillent. Le langage est un legs qui, une fois intégré, surgit à toute heure pour nommer les émotions qui fluctuent au fil de mes perceptions. Des personnages intériorisés se chamaillent en moi dans une lutte perpétuelle.
Comme un culte rendu au dieu Rationalité, j'éprouve l'irrésistible besoin de formuler mon existence dans une écriture qui justifie et régule ma vie. J'écris comme on évacue pour se libérer des selles qui autrement m'empoisonneraient. Certains artistes ont le don de les transformer en or. Je n'ai malheureusement pas ce talent.
Je m'invente parfois un interlocuteur idéal à qui je prête les formules appropriées pour exprimer ses idées, mais le plus souvent, je me satisfais de les oublier. Barthes jouissait d'écrire, mais je m'identifie plutôt à Foucault qui disait écrire pour se libérer de ses pensées, et les oublier.
Philo5
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