2011-11-01 |
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Ne pas procréer |
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Il ne faut pas engendrer plus d'enfants que le pays n'en peut nourrir. Malthus, Essai sur le principe de population, 1798. Nous avons célébré hier l'arrivée du sept milliardième humain sur la planète. Sommes-nous trop nombreux ? Les points de vue divergent. Dans la foulée de la philosophie malthusienne, plusieurs livres furent publiés dernièrement pour essayer de nous convaincre d'enrayer la « catastrophe originelle ». Chacun érige son drapeau idéologique. En gros, cinq raisons s'articulent. Mais avant, voyons le point de vue de la compassion bouddhiste qui montre avec une simplicité troublante que mettre un être au monde c'est avant tout le condamner à souffrir, dépérir et mourir.
* * * Le NO KID de Corinne Maier propose un individualisme radical : dans le contexte global actuel, les enfants n'apportent que des soucis sans contrepartie. Avec une écriture acide et incisive, la psychanalyste produit quarante raisons de ne pas avoir d'enfants, toutes plus convaincantes les unes que les autres. Le livre est un avertissement sévère à ceux qui n'ont pas encore enfanté. Certains parents regretteront peut-être de ne pas avoir été prévenus. * * * Michel Tarrier affirme que Faire des enfants tue la planète. Le naturaliste-écologue fait l'éloge de la dénatalité à partir d'une vision écologiste radicale. Mettre un consommateur au monde est antiécologique et nous pousse vers la catastrophe. Cette vision macroscopique globale est en phase avec le malthusianisme, et complète avantageusement le topo individualiste microscopique de Corinne Maier. * * * Théophile de Giraud expose un manifeste antinataliste puissant : L'art de guillotiner les procréateurs. Si les arguments individualistes et socio-économiques n'ont su vous convaincre, le poids des arguments philosophiques aura certainement raison de vos dernières résistances. Appuyé par un impressionnant inventaire de sentences historiques des plus grands sages, le philosophe-activiste propose un engagement politique presque inquiétant. Avec des arguments aussi redoutables, la liberté de choix vacille dangereusement. * * * Dans Le Conflit — la femme et la mère, Élisabeth Badinter critique les pressions sociales des dernières années. Chaque génération apporte des libertés sur lesquelles rebondissent sans cesse les impératifs biologiques ; l'humanité entière est toujours conçue dans le ventre des femmes. La vague naturaliste des dernières années ramène les anciens obstacles qui s'opposent à la liberté féminine. La philosophe refuse toute régression du droit des femmes et réfute tout jugement sur les choix qui résultent du conflit entre le désir de rester libre et celui d'assumer les devoirs maternels. En posant la liberté de la femme comme valeur absolue, la société a créé le plus puissant contraceptif qui soit. * * * Pour terminer en beauté, la séduisante réflexion de Véronique Cazot et Madeleine Martin est mise en images dans deux attrayantes BD : Et toi, quand est-ce que tu t'y mets ? (T1 et T2). Les auteures dénoncent délicieusement les pressions familiales et sociales sur le couple et surtout la femme. * * * L'idéologie no kid avance ; mais suffira-t-elle à nous convaincre de nous abstenir d'engendrer ? La courbe du taux de fécondité révèle que la population mondiale est sur le point de plafonner à mesure que les pays en développement progressent. Malthus montre les arguments démographiques ; Cioran, les arguments personnels. Quels sont les vôtres ? |
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[1] Extrait du film Samsara, Pandora Film/Paradis Film/Fandango © 2001 - avec Shawn Ku et Christy Chung.
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