par
La
philosophie, ça ne s'enseigne pas, ça se vit. On entre en philosophie comme en
on entre en prêtrise ; c'est un sacerdoce à soi-même réservé aux
passionnés ; les autres sont des fonctionnaires salariés.
La
philosophie n'est pas une matière académique, c'est une manière de vivre, c'est
une dette qu'on paye à soi-même ; sinon la vie n'est qu'un flash momentané
dans une pièce obscure.
Tout
ce que nous vivons peut être éclairé par la philosophie. C'est tout simplement
la pensée qui se regarde penser, la vie qui se regarde vivre et qui,
biologiquement, s'arrange avec l'idée qu'elle se fait de la biologie (salut Ferré!).
La vie lui est indispensable mais elle n'est pas indispensable à la vie. Comme
on peut parfaitement vivre sans la vue, on peut parfaitement penser sans savoir
que l'on pense. Mais le retour sur soi est un exercice difficile et il faut
avoir le cœur bien accroché pour le pratiquer avec d'autres. Nous sommes si
sensibles, si facilement meurtrissables.
La
philosophie nous fait visiter les planètes des autres. Autant de philosophes,
autant de mondes fabuleux qui chaque fois témoignent de l'étroitesse de notre
seule position que nous tentons pourtant trop souvent de défendre si
farouchement alors qu'elle est si dérisoire, comme n'importe quelle autre
d'ailleurs, prise séparément. Mais ajoutée à celles de tous les autres, notre
vision devient un univers d'univers fantastiques, C'est, sans drogue,
« tripper » à froid ; ne jamais sortir de la réalité parce
qu'elle est si vaste que nous ne pourrions désirer aller ailleurs autrement ;
parce qu'il n'y a pas d'autre moyen de se dépayser aussi radicalement.
La
philosophie n'exclut aucun. Chacun y a sa place pour autant qu'il la
revendique. Quelle est la vôtre?