2005-10-27 |
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Hitler et racisme |
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SOMMAIRE |
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L'Holocauste est un fait historique indéniable Pourquoi Hitler détestait-il les Juifs ? |
L'Holocauste est un fait historique indéniable Que nous ayons raison ou tort, nous devons gagner. C'est la seule voie. Et elle est moralement juste et nécessaire. Et quand nous aurons gagné, qui nous demandera des comptes sur la méthode ?
Hitler
à Gobbels, 16 juin 1941. N'en déplaise aux négationnistes qui refusent l'idée que des humains aient pu être traités aussi cruellement, l'incroyable extermination massive de plusieurs millions de Juifs est un fait historique indéniable. C'est un cauchemar collectif très documenté. Non seulement nous disposons de nombreux témoignages, de photographies et de films qui ne laissent aucun doute sur la déshumanisation des Juifs d'Europe par le régime du IIIe Reich, mais de nombreux officiers nazis, dont Oskar Gröning, comptable au camp d'extermination d'Auschwitz, reconnaissent les faits. C'est seulement leur culpabilité qu'ils contestent. Ils estiment ne pas avoir eu le choix d'obéir aux ordres de leurs supérieurs [1]. Les Juifs ne sont d'ailleurs pas les seules victimes. Les nazis avaient entrepris un véritable « nettoyage social ». Ils exterminaient huit autres groupes particuliers, dont les handicapés physiques et mentaux. On identifiait les déportés dans les camps par le code de couleurs d'une étoffe épinglée sur leurs vêtements : rose pour les homosexuels, bleu pour les apatrides, vert pour les criminels, noir pour les « asociaux », violet pour les pacifistes, rouge pour les « délinquants » politiques et brun pour les Tziganes. Mais les Juifs occupaient une situation singulière ; ils devaient porter l'étoile de David jaune [2]. |
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Pourquoi Hitler détestait-il les Juifs ? La cruauté nazie est si choquante qu'elle paralyse la raison. Pourtant, une question fondamentale revient sans cesse : Pourquoi Hitler détestait-il les Juifs ? On dit, pour faire court, qu'il était raciste, que le racisme est une psychopathie transmissible par la propagande, et que le peuple allemand a vécu une psychose collective qui l'a poussé à collaborer involontairement à l'extermination. L'argument ressemble à la sempiternelle explication du bien et du mal qui affirme naïvement que le mal boucle sur lui-même. On répète aujourd'hui qu'il n'y a aucune raison d'être raciste ; que le racisme est une maladie mentale qu'il faut traiter par la pensée inclusive qui se fait un devoir d'accueillir tout être humain, quelles que soient son origine et sa condition. Ainsi, les Juifs n'avaient rien fait qui justifie un tel traitement. Bref, Hitler est le mal absolu, et les Juifs sont la victime innocente. Pourtant, la justification psychologique ne satisfait pas plus que l'explication métaphysique. L'esprit se refuse à des simplifications aussi naïves. La raison veut comprendre. Hannah Arendt s'y opposait. Elle disait que comprendre, c'est déjà excuser. Je nourris le plus grand respect pour la philosophe, mais je pense au contraire que comprendre permet de justifier la condamnation ; et non d'excuser. Lorsque Diogène avait fouetté son élève qui plaidait l'innocence en évoquant le destin qui l'avait déterminé à mal agir, le philosophe avait répondu que le destin l'avait aussi destiné à être corrigé. Évidemment, les Juifs étaient innocents de tout crime pouvant justifier la condamnation à mort, et à plus forte raison les enfants. Mais sans minimiser la responsabilité du Guide (Führer) et des nazis, se peut-il que le comportement des Juifs, en tant que nation, ait pu ouvrir la porte à l'idée démente de l'Holocauste ? |
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« Pour être efficace, le pouvoir hitlérien avait besoin de soutien populaire. Hitler ne fut pas un tyran imposé à l'Allemagne. Jusqu'à une date avancée de la guerre, il fut à bien des égards un chef national extrêmement populaire. Son immense popularité fut l'une des principales conditions de l'extension de son pouvoir personnel. » [3] Hitler projetait de reprendre les territoires perdus lors de la Guerre 1914-18 et de conquérir l'Europe. Il annexe, rattache et envahit les pays l'un après l'autre. Autriche, Tchécoslovaquie, Pologne, Danemark, Norvège, Benelux, France, etc. Son armée faisait d'immenses ravages, mais l'Histoire ne lui a pas tant reproché les morts des champs de bataille que l'assassinat d'innocentes familles juives sans défense. La nation juive posait un problème particulier. Elle n'occupait pas un territoire circonscrit, mais idéologique. Les Juifs habitent une sorte de nation spirituelle centrée exclusivement sur la parenté. Ils n'habitent aucune lande particulière ; ils cherchent la Terre promise. Ce faisant, ils se sont implantés un peu partout. Comme ils se reproduisent entre eux et observent les lois du Livre, ils ont réussi à maintenir une remarquable cohésion nationale. C'est une forme archaïque de pays ; la toute première forme d'appartenance : le lien tribal, le lien familial, le lien du sang. Lorsque la population locale est soumise à l'envahisseur, elle doit se soumettre à ses lois. Mais comment soumettre une communauté soumise à l'autorité de ses propres institutions lorsqu'elle est disséminée un peu partout dans des poches communautaires éparses et autonomes ? On ne peut pas conquérir un tel « pays ». La soumission est impossible puisque la culture s'enracine dans la tribu familiale millénaire. Hitler était obsédé par la pureté de la race aryenne tout comme les Juifs sont traditionnellement attachés à la pureté de la race juive qu'ils protègent en ne mariant que les membres de leur communauté. Mais les Juifs ne menacent personne. Ils s'intègrent sans s'assimiler. L'esprit du Guide allemand était infecté par le mème antisémite voulant que les Juifs pratiquent une puissante technique d'invasion mondiale secrète dénoncée dans Les Protocoles des Sages de Sion, un faux grossier qui alimentait la pensée antisémite mondiale depuis le début du XXe siècle. Il conçut donc l'idée cruelle, démente et inhumaine d'anéantir les Juifs par la « Solution finale ». |
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Après la conquête d'un territoire, l'envahisseur absorbe généralement les cultures locales de telle sorte qu'elles disparaissent dans l'oubli après l'assimilation par métissage sur une période plus ou moins longue. C'est ainsi que la France assimilait les nations autochtones du Canada depuis les débuts de la colonisation vers le XVIe siècle. En Amérique du Sud, les conquistadors ont préféré la méthode expéditive : ils ont massacré massivement les populations locales qui sont presque tombées dans l'oubli. Mais Hitler utilisa une méthode encore plus expéditive par la stupéfiante échelle de son efficacité meurtrière. Sur la fin, l'extermination à Auschwitz était si bien organisée qu'aucun bourreau ne voyait souffrir les victimes. De la maison à la chambre à gaz, pas de molestation. Officiers de la rafle, camionneurs, conducteurs de train, aiguilleurs, médecins affectés au triage, déshabillage, entrée dans la salle d'extermination déguisée en douche ; tout se faisait en ordre avec une efficacité industrielle ahurissante. Le nazi qui versait le Zyklon B ne voyait même pas les victimes ; et l'on faisait vrombir des moteurs pour couvrir les cris des gens gazés qui réalisaient subitement qu'ils étaient enfermés définitivement. En 20 minutes, plus de mille personnes étaient assassinées discrètement. Des forçats juifs, les Sonderkommandos, s'occupaient d'évacuer les corps et de les incinérer avant qu'une nouvelle fournée recommence aussitôt. Personne dans la chaîne n'avait de rapport personnel direct avec les déportés. La machine à exterminer fonctionnait avec très peu de supervision. Ils ne savaient même pas qu'ils allaient être tués. On les convoquait pour un voyage sans discussion, avec la consigne d'apporter une valise. Dans l'Europe antisémite, le Juif n'avait plus le droit de vivre. Depuis la nuit des temps, avec moins d'efficacité, toute guerre de conquête faisait pareil. Mais la technologie moderne a permis la transmission de la mémoire des méfaits du IIIe Reich avec une fidélité inconnue jusque-là. La multitude des documents vidéos, photos et écrits a dévoilé l'horreur au grand jour, et l'a pérennisée. Alexandre, César, Napoléon sont perçus aujourd'hui comme des héros, mais ce sont aussi des criminels. Leur mérite ne tient qu'à ce que la cruauté des conquêtes fût masquée par l'oubli des vaincus exterminés. C'est toujours le vainqueur qui écrit l'Histoire, et les descendants que nous sommes s'interdisent de reconnaître que l'héroïsme de nos aïeux cache souvent une multitude de crimes contre l'humanité. |
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Pourquoi l'antisémitisme européen ? Si Hitler était le chef d'orchestre, il n'en reste pas moins qu'une partie importante de la population européenne nourrissait de sérieux griefs envers les Juifs. On sait qu'ils étaient des citoyens respectueux des lois, et que nombreux sont ceux qui exerçaient honnêtement des professions utiles au pays dans lesquels ils s'étaient intégrés, mais pourquoi étaient-ils détestés dans presque toute l'Europe ? À part l'action mortifère générée par le mème antisémite viral diffusé par la propagande nazie, y a-t-il quelque chose dans le comportement des Juifs, en tant que communauté distincte, qui pouvait attiser la haine des concitoyens ? Laurence Rees, expose les trois prémices du racisme hitlérien dans Auschwitz, les nazis et la « Solution finale ». 1. Les Juifs sont indésirables : « Dans l'idéal, aux yeux des nazis, il aurait fallu les faire déguerpir. » [...] « Nous étions habitués à l'antisémitisme... L'antisémitisme polonais était peut-être plus financier. Mais l'antisémitisme nazi, c'était : " Pourquoi existez-vous ? Vous ne devriez pas ! Disparaissez ! " » [4] Ils sont de race biologiquement inférieure et, en vertu d'un darwinisme opérant, il faut « aider » la sélection naturelle en les supprimant. 2. Les Juifs ont aussi des torts : Un officier lituanien de 25 ans qui avait participé au carnage déclarait : « Vous passez à côté de l'essentiel, vous savez. Non pas ce que nous avons fait aux Juifs, mais ce que les Juifs nous ont fait. » [5] De nombreux Juifs prospères s'en étaient bien tirés lors de la crise économique des années 1930. Leur esprit de clan réservait la générosité envers les leurs. Ainsi, les citoyens du pays d'accueil souffraient davantage sous l'oeil indifférent du Juif aisé. 3. Il faut venger les torts par la haine : Hans Friedrich explique que « Son père était paysan, et les Juifs de la localité étaient marchands : ils achetaient la production pour la revendre sur le marché. Ses parents lui expliquèrent que les Juifs s'en mettaient plein les poches. [...] " Ma haine des Juifs est trop grande. Vous étiez obligé de passer par un intermédiaire juif. Mettez-vous à notre place. On n'était plus maître de sa vie. " » [6] Ils sont dénoncés comme exploiteurs improductifs. Ils constituaient donc le bouc émissaire tout désigné. À la sortie de la Grande Dépression, le rapport de force s'est inversé. p. 135-137 : [7] Josef Tiso conclut une alliance avec les nazis, et un traité de protection permit à l'Allemagne de contrôler la politique étrangère slovaque. Le gouvernement adopta avec enthousiasme des mesures antisémites contre les 90 000 Juifs slovaques, enchaînant rapidement les décrets pour saisir les affaires juives, pousser les Juifs à l'émigration, les exclure de la vie publique et les astreindre au port de l'étoile jaune. Leur effet sur la communauté juive de Slovaquie fut aussi rapide que brutal. « J'ai compris que j'étais devenue un paria », se souvient Eva Votavova, alors écolière de 14 ans. « Je n'étais plus une " personne digne ". On m'a chassée du secondaire. Interdiction était faite aux Juifs de posséder certaines choses : nous n'étions pas autorisés à avoir de propriétés. Jusque-là, j'avais vécu dans un village où nous avions tous grandi ensemble, tous égaux. » Un aspect frappant de la persécution des Juifs slovaques fut la rapidité avec laquelle un ami devint un ennemi. Il n'y eut pas d'évolution progressive, comme si on avait actionné un interrupteur. « Les petits garçons allemands [Slovaques d'origine allemande] se mettaient à agir comme des nazis », confirme Otto Pressburger, Juif slovaque qui avait 15 ans en 1939. « Jusque-là, ils avaient été nos amis. Il n'y avait aucune différence entre nous, entre jeunes juifs et jeunes chrétiens. Enfants, nous jouions toujours ensemble. Puis sont apparus des écriteaux : " Interdit aux Juifs et aux chiens. " Nous ne pouvions marcher sur le trottoir. C'était horrible. Je n'étais pas autorisé à aller à l'école, au cinéma ou à un match de foot. Je devais rester assis à la maison avec mes parents quand, avant, je sortais avec mes copains. » Pour Otto Pressburger, la chose est évidente : le principal mobile de ce changement d'attitude envers les Juifs était la cupidité. « Sur les murs, des affiches tirées de la presse allemande montraient un Juif avec un gros nez et un sac bourré d'argent sur l'épaule. Puis on voyait un garde de Hlinka qui lui bottait les fesses et faisait tomber tout son argent. La ville était pleine d'affiches de ce genre. » La garde slovaque de Hlinka formait les troupes de choc des actions contre les Juifs, à l'exemple des sections d'assaut (SA) nazies. Et comme leurs homologues nazis, ils suaient l'antisémitisme par tous les pores. « Les Slovaques n'étaient que trop heureux de prendre les magasins [juifs] et de s'enrichir », observe Michal Kabac, un ancien garde. « Ce sont les Juifs qui possédaient les commerces et qui magouillaient. Ils n'ont jamais travaillé. Ils voulaient seulement se la couler douce. Ils avaient ça dans le sang. Dans le monde entier, c'était la même chose : les Juifs ne voulaient pas travailler. Même Hitler avait peur qu'ils deviennent les rois en Europe, alors il les a tués. Tout ça, c'était politique. » C'est là un trait frappant de l'illogisme foncier des préjugés antisémites : comme Hans Friedrich, (cf. chapitre 1), Michal Kabac ne voit aucune contradiction à reprocher aux Juifs d'être en même temps paresseux et industrieux : à les jalouser d'avoir créé des entreprises solides et prospères tout en prétendant qu'ils n'ont jamais travaillé. S'il y a la moindre logique dans leur position, c'est quand ils observent que les Juifs ne faisaient pas du « vrai » travail : au lieu de cultiver la terre, par exemple, ils étaient négociants ou commerçants. Or, si les Juifs s'étaient concentrés dans ces secteurs d'activité, c'est précisément, bien sûr, que depuis des siècles interdiction leur était faite dans de nombreux pays de posséder de la terre. Et pourquoi leur refusait-on de posséder la terre ? Parce qu'ils refusaient de s'assimiler. Nous faisons maintenant la distinction en Occident entre intégration et assimilation. Tous les pays qui prospèrent grâce à l'immigration, comme le Canada et les États-Unis, reconnaissent que l'assimilation n'est pas nécessaire. Peu importe ses croyances religieuses, si l'immigré s'intègre aux coutumes locales : travail, famille, respect des lois ; il n'y a aucune raison de le rejeter. Mais de nombreux pays se suffisent à eux-mêmes, et n'ont pas besoin d'immigrants. De plus, encore aujourd'hui, dans plusieurs pays, la terre n'est pas une propriété privée que le citoyen peut acheter comme une marchandise. En Chine par exemple, la terre appartient à l'État qui concède un bail de 75 ans au propriétaire. Ainsi, elle reste maître à jamais sur la totalité de son territoire. En Thaïlande, l'étranger ne peut pas posséder la propriété foncière. Même s'il épouse une Thaïlandaise et bâtit une maison avec son propre argent, l'immigrant n'en sera jamais légalement propriétaire. Seul le citoyen thaïlandais peut l'être. Et c'est facile à comprendre. Imaginons un pays dont les terres seraient achetées graduellement par un richissime homme d'affaires. Bientôt, l'État ne serait plus souverain. Le riche étranger pourrait ainsi conquérir le pays avec sa seule fortune sans s'assimiler à la culture locale. Il pourrait même la transformer à sa guise, un peu comme le font quelques richissimes États-Uniens, Chinois ou autres qui répandent leur culture marchande sur toute la planète. La nation n'est pas une marchandise. Elle appartient aux habitants qui, au cours des siècles, ont forgé la culture du pays sur une longue tradition, et se sont battus aux prix de leur sang pour se défendre contre l'invasion. Mais l'antisémitisme européen procédait d'un fanatisme aveugle qui s'abattait sur tous les Juifs sans distinction, et même sur les métis alors que la majorité était peu fortunée et s'intégrait correctement. |
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Dans l'Allemagne du IIIe Reich, une idéologie prometteuse séduisait et incitait une loyauté indéfectible. L'enrôlement des officiers était volontaire, donc libre. Il fallait obéir aux ordres, mais, contrairement au régime bolchévique, une certaine latitude était permise sur les moyens de les exécuter. L'officier SS était tenu de prendre des initiatives. [8] Une fois engagé, toute défection était considérée comme de la traîtrise. Mais en réalité, c'était l'idéologie « la traîtresse » qui ne livrait pas ses promesses. Sa réalisation produisait une cascade d'impossibilités pratiques qui projetait les protagonistes de Charybde en Scylla. [9] Même Himmler et Heydrich reconnaissaient que l'extermination physique d'un peuple est foncièrement indigne du peuple allemand en tant que nation civilisée. [10] Mais une fois les rouages du racisme enclenchés, chaque action entraînait un problème dont la solution créait un problème pire encore : Déplacement des populations, désagrégation du tissu social, rationnement, disette, famine, maladie, corruption, crimes, châtiments, barbarie, et euthanasie générale comme solution finale à une situation infernale dont on avait perdu le contrôle. N'oublions pas que les pertes allemandes pendant la guerre se sont également élevées à 6 millions de personnes, chiffre curieusement égal au nombre de juifs exterminés dans l'Holocauste [11]. Après le carnage de la guerre, devant l'évidence de l'horreur, les officiers se disculpaient en affirmant qu'ils n'avaient pas le choix ; il fallait obéir aux ordres et être fidèle au serment d'allégeance. La désobéissance était considérée comme traîtrise et mettait en danger d'être fusillé. On invoqua aussi que la propagande à laquelle la population était soumise créait une réalité psychosociale que le devoir national obligeait à défendre : les Juifs étaient l'ennemi qui envahissait l'Europe. En temps de guerre, il est normal de tuer l'envahisseur. Mais qui doit-on blâmer ; qui est le véritable responsable ? Est-ce chaque citoyen transformé en monstre meurtrier après avoir eu la faiblesse de se laisser prendre par l'idéologie antisémite ? Est-ce le leader charismatique Hitler, psychopathe patenté de la première heure ? Est-ce le peuple allemand qui avait élu démocratiquement le Guide qui l'avait sorti du marasme économique de la crise de 1929, et qui n'avait jamais caché ses intentions racistes et militaires ? Est-ce le peuple juif qui, se croyant « élu de Dieu », n'avait jamais accepté de s'assimiler aux cultures religieuses de la terre d'accueil, refusant ainsi de s'approprier la religion, les coutumes et l'Histoire du pays hôte ? Sont-ce les officiers Himmler, Goebbels, Göring et autres misérables organisateurs zélés travaillant pour le triomphe de l'idéal absurde de la pureté raciale, alors que, sans l'avoir prévu, ils organisaient l'immense triomphe de la mort et de l'autodestruction ? Dans une chaîne où chaque maillon est nécessaire à la réalisation d'un noble projet, qui faut-il blâmer lorsqu'il se transforme en catastrophe infernale ? Comment pointer du doigt une seule cause déterminante alors que la situation est systémique ? En fait, chaque protagoniste a participé plus ou moins activement à l'hécatombe, mais Hitler avait déjà formulé dans Mein Kampf, dès 1925, la thèse exaltant la suprématie raciste eugénique aryenne. Il a travaillé toute sa vie à réaliser un rêve qu'il croyait noble, mais qui est devenu un cauchemar infernal mortifère. Shigeru Mizuki a parfaitement illustré la triste image qui restera gravée à jamais dans l'inconscient collectif de cet effroyable héros de la mort. La mémoire d'Hitler restera à jamais associée à la haine. |
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[1] Voir le témoignage d'Oskar Gröning dans le documentaire de Laurence Rees, Auschwitz, la solution finale, BBC © 2005. [2] Jacques Legrand, Chronique de l'Histoire : Adolf Hitler, 1997, p. 123. [3] Ian Kershaw, Hitler, Folio Histoire #104 © 2001, p. 311. [4] Laurence Rees, Auschwitz, les nazis et la « Solution finale », Albin Michel © 2005, p. 46. [11] Corinne Maier, L'Allemagne nazie, la haine au pouvoir, Les Essentiels Milan #243 © 2004, p. 46-47.
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