2005-03-21 |
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Nous devrons nous adapter |
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La répétition constante de la litanie et des exagérations sur l'environnement est lourde de conséquences. Elle engendre en nous la peur et nous fait dépenser nos ressources et notre énergie à résoudre des problèmes imaginaires en ignorant les questions réelles et urgentes (pas nécessairement environnementales). C'est pourquoi nous devons avoir connaissance des faits et disposer des meilleures informations possibles afin de pouvoir prendre les mesures les plus adaptées. Bjørn Lomborg, L'Écologiste sceptique, 2004, p. 22. [1] Récemment, j'ai vu sur la chaîne MétéoMédia un micro-reportage qui donnerait « l'heure juste » sur l'environnement. On déclarait que nous allons très bientôt dépasser le point de non-retour climatique [2]. Pour freiner significativement le réchauffement planétaire, il faudrait diminuer la production de gaz à effet de serre dix fois plus que l'engagement de Kyoto, que nous avons déjà beaucoup de réticence à respecter. L'approche de la capsule vidéo se voulait réaliste : « Nous devrons nous adapter ». Il faudra construire les maisons en tenant compte de facteurs environnementaux extrêmes : écarts de température rapides et plus fréquents ; ouragans et tornades plus nombreux et plus puissants ; pluies abondantes et sécheresses inattendues ; imprévisibles perturbations climatiques ; etc. Bref, Gaïa s'enrhume ; elle va donc éternuer plus souvent. D'autre part, certains portent à penser que l'alarmisme écologique est discutable, et qu'il serait davantage une sorte de « théorie des complots » que le produit de prévisions réalistes. Par exemple, Bjørn Lomborg montre dans L'Écologiste sceptique, statistiques à l'appui, que l'état de la planète s'améliore considérablement. Qui croire ? La filière écologique s'est considérablement transformée dans les pays occidentaux depuis 50 ans. Par exemple, les automobiles polluent moins, mais leur multiplication contribue à l'effet de serre. Est-ce dommageable ? Comment savoir ? Et si ça l'est, comment, par exemple, ralentir la Chine et l'Inde qui mettent à la disposition de leurs populations colossales le style de vie occidental si convoité, et qui engendre une pollution galopante ? Certains pensent qu'il faudrait davantage de lois coercitives et, surtout, ajouter une « taxe au recyclage » dans le prix d'achat de tout produit en fonction d'un « facteur de pollution » déterminé selon l'article, et conséquemment, développer une véritable industrie du recyclage à l'échelle planétaire. Mais ceci poserait d'énormes problèmes. La Charte universelle des droits et libertés contient un frein écologique important : le droit à la propriété privée et à la libre circulation des biens. Les idéologies actuelles favorisent l'individualisme et le consumérisme. Comment basculer dans un autre paradigme ? Sommes-nous face à un problème insoluble ? Comment influencer les mentalités pour que l'accumulation des biens de consommation et la propriété privée ne soient plus prioritaires ? Chacun est contre la pollution, mais comment abandonner l'attachement aux biens de consommation ? Comment espérer quelque changement que ce soit alors que la publicité nous rappelle à tout moment que le salut est dans l'achat ? La façon même de nommer la chose fait obstacle : biens de consommation. Ces biens concourent-ils véritablement à notre bien-être ? Comment se détacher de ces « nuisances » auxquelles nous nous identifions avec tant d'acharnement ? Comment se détacher de soi-même ? D'un côté, je crains que les enjeux soient trop immenses pour que nos actions parcellaires et incertaines soient efficaces ; et de l'autre, je suis rassuré par Bjørn Lomborg qui affirme l'inutilité de m'alarmer. Comment savoir si Gaïa est malade ou en santé ? Une chose est certaine, si nous avons exagéré, elle va nous rappeler à l'ordre brusquement. J'espère seulement ne pas être dans le champ direct de son prochain éternuement. Sinon, nous pouvons dormir tranquilles. |
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Dans L'Écologiste sceptique, en scientifique chevronné, Bjørn Lomborg reste pragmatique et analyse à tête froide les 13 inquiétudes majeures sous la perspective de statistiques abondamment documentées de sources fiables. Sans rien dénier des enjeux locaux qui nécessitent des attentions particulières, il montre que globalement, la planète se porte plutôt bien, et que l'humanité vit un âge d'or qui nous serait envié de toute autre époque. Ses analyses réalistes forcent des conclusions si optimistes qu'on se demande pourquoi la vision des alarmistes extrémistes est si répandue. Il s'attarde particulièrement sur le réchauffement climatique, et sa vision de 2001 reste encore étonnamment actuelle après vingt ans. Au contraire des climatosceptiques auxquels on l'a injustement identifié, il reconnaît la nécessité de se pencher sérieusement sur le problème, mais son approche est radicalement opposée aux solutions irréalistes généralement proposées par les partisans du Protocole de Kyoto, et qui n'a évidemment pas fonctionné malgré les sommes considérables englouties inutilement. Solution globale proposée : adaptation technologique à long terme Comme les problèmes climatiques toucheront davantage les pays en voie de développement, la meilleure stratégie serait de favoriser la multiplication des génies dans ces pays en subventionnant l'éducation, et notamment la formation scientifique et technologique. Ils seront alors en mesure d'aménager et gérer les habitats assurant leur survie. Et ceci limitera le redoutable exode climatique des populations. Quant aux pays développés, comme le réchauffement climatique se fera sur une longue période, l'adaptation sera graduelle, tout au long des décennies, à mesure que les changements climatiques imposeront le besoin de réaménager des environnements plus sécuritaires. Nous envisageons de coloniser la planète Mars ; à plus forte raison nous savons concevoir des habitats viables sur Terre pour nous protéger de variations climatiques plus importantes. L'idée de contrôler globalement le climat de la Terre est aussi absurde et coûteuse que si l'on envisageait de stabiliser la température extérieure de la planète entière pour ne plus avoir besoin de chauffer les maisons. Les bouleversements climatiques ont toujours eu lieu. Ils ne mettent pas l'humanité en péril tant que nous disposons des moyens technologiques pour nous en protéger. Nous l'avons fait depuis des millions d'années, avec des techniques rudimentaires. L'innovation nous permettra de le faire mieux que jamais. Bref, l'hystérie médiatique catastrophiste n'a aucune commune mesure avec les faits. Oui, il y a des tempêtes, tornades, volcans et ouragans comme il y en a toujours eu, et même parfois un peu plus forts. Oui, il y a le léger réchauffement climatique inhabituel. Mais les quelques mortalités engendrées par les soubresauts de la météo quotidienne sont éparses, et ils n'ont rien à voir avec l'Apocalypse qu'on leur associe chaque fois que l'on rapporte un événement atmosphérique spectaculaire. Dans un monde où l'économie de l'attention mobilise toutes les énergies psychologiques, les médias s'acharnent à faire mousser l'audience. Le sentiment apocalyptique est davantage la conséquence de l'hyperconnectivité qui multiplie à l'envi les événements exceptionnels pour satisfaire l'immense auditoire mondial assoiffé de divertissement spectaculaire que l'avènement de véritables catastrophes à grande échelle. Les intérêts financiers du catastrophisme ambiant sont gargantuesques. On nous a installés dans des cités où l'on ne peut plus vivre sans automobile. Il est maintenant nécessaire de remplacer le parc entier pour rouler électrique. Dès 2035, il sera interdit de vendre des voitures à essence au Canada et dans plusieurs autres pays. Le reste du monde va graduellement emboîter le pas. Il faudra bientôt modifier les centrales électriques pour qu'elles produisent sans émettre de CO2. Mais ceci a l'avantage de relancer sans cesse l'économie et d'encourager l'innovation qui permettra de vivre confortablement sur une belle planète aux hostilités croissantes. J'espère ne décevoir personne en affirmant avec Bjørn Lomborg que la fin du monde n'est pas pour demain. |
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[1]
Bjørn Lomborg, L'Écologiste sceptique, Éd. Le Cherche Midi, © 2004.
[2] Le journal Le Monde et l'AFP aussi s'inquiètent. Le 24 janv. 2005, on pouvait y lire : « Le point de non-retour dans le réchauffement de la planète, produisant des sécheresses, de mauvaises récoltes et des pénuries d'eau, pourrait être atteint beaucoup plus tôt que prévu et même à l'horizon de dix ans, prévient un rapport rédigé par des centres de réflexion britannique et américain, selon l'Independent. Ce rapport, intitulé « Relever le défi du climat », est destiné aux dirigeants du monde entier, et sa publication coïncide avec le début de la présidence de la Grande-Bretagne du G8. Tony Blair a fait de la lutte contre le réchauffement climatique une des priorités de sa présidence. En moins de dix ans, le point de non-retour peut être atteint, avertit le rapport, rédigé par l'Institute for Public Policy Research britannique (Institut de recherche sur les politiques publiques), le Center for American Progress et l'Australia Institute ».
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