2004-05-09 |
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Cote philosophique |
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Il est de toute première instance Léo Ferré, La Solitude, 1971. Je vois les médias comme un immense marché philosophique où chacun essaie de promouvoir les idées de son saint patron, son maître à penser. Il y en a pour tout le monde. Machiavel, très populaire chez la gente journalistique, couvre les guerres en général et, ces temps-ci, l'Irak en particulier ; Montesquieu et Jean-Jacques Rousseau pour les affaires juridiques et sociales ; Descartes pour l'organisation méthodique et scientifique ; Platon pour la « foule sentimentale qui a soif d'idéal » comme chantait Souchon ; Aristippe l'insurpassable, invitant toujours à jouir voluptueusement de l'érotisme omniprésent ; Xénophane, Augustin, Scot Érigène, Anselme de Canterbury, Thomas d'Aquin, Pascal, Spinoza, Leibniz et Kant présentant tous le « même » Dieu apprêté à la saveur de la station locale ; Darwin et Dawkins, l'un pour la sélection biologique, l'autre pour la contagion de l'esprit ; Sartre et Beauvoir revendiquant la liberté radicale ; Marx pour l'économie, la force de travail et le capital ; les irréconciliables Locke et Berkeley, l'un matérialiste, l'autre spiritualiste ; et bien sûr, Voltaire pour rappeler que la survie dépend de la tolérance puisque la sacro-sainte liberté d'expression des autres contrarie sans cesse notre façon de voir les choses. Dans cette immense pétaudière médiatique, où nous sommes ballottés d'une idée à l'autre, et où chacun promeut ses idéaux, on pourrait instituer une cote philosophique au marché idéologique. Chaque semaine, le tableau afficherait la popularité des philosophes, comme les valeurs du marché boursier. Chaque diffusion se verrait attribuer une appartenance.
Radio, télévision, journaux, films, tous cotés selon leur philosophe éponyme : Selon le désir de rendre culte à Platon, Epicure, Machiavel, Berkeley ou Wittgenstein, nous pourrions choisir l'émission en fonction de la « philocote ». Ne serait-il pas utile de connaître la tendance et l'impact des médias qui sans cesse exercent des pressions philosophiques tout comme le NASDAQ fait la pluie et le beau temps sur les valeurs en bourse ? La philocote ne serait-elle pas un précieux outil pour assister la « liberté » de penser par soi-mêmes ? Philosophes, dieux, saints, vedettes ou héros, où est la différence ? |
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