Bienvenue au 69e
« Philo
sans fumée »
de février
2006
Février le mois de l'amour!
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1.
NOUVELLES DE PHILO5 :
Nouveaux philosophes : Quesnay le physiocrate et Mandeville
l'égoïciste
Textes originaux des philosophes : Kant, Fichte et
Schleiermacher
Texte-référence :
La 9e intelligence, par George
Ghanotakis
Collaboration
spéciale avec Jocelyne Mennessier pour le : H26 : dossier ECTOGENÈSE
2.
SUJET DU MOIS : RÉUSSIR À ÉCHOUER SA VIE DE COUPLE
3.
PHILOSOPHE DU MOIS :
SPINOZA
4.
LES QUESTIONS
PHILOSOPHIQUES : QU'EST-CE QUE LE TEMPS?
5.
QUELQUES LIVRES REMARQUABLES : SPÉCIAL SAINT
VALENTIN : VIE CONJUGALE, ÉROTISME.
6.
MAGAZINE :
LA VIE EN ROSE, HORS SÉRIE
7.
RIRE ET S'ATTENDRIR :
ARISTOTE ET PHYLLIS
8.
PENSÉES DU MOIS : Thérèse d'Avila, Augustin et F.B.
9.
POUR LES NOUVEAUX
PARTICIPANTS... : Écrivez nous pour participer...
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Deux philosophes font leur entrée à
Philo5.com. Il s'agit de Quesnay &
et de Mandeville
&.
François Quesnay
est à l'origine de la physiocratie.
J'ai passé mon enfance dans une région où l'agriculture était la principale
ressource. Et ayant travaillé sur une terre pendant quelques années, j'ai été
élevé dans des valeurs physiocrates à 100%. Je n'ai pourtant jamais entendu
prononcer ni le nom de Quesnay ni parler de physiocratie. Je viens d'identifier
ce sentiment que j'ai au plus profond de moi et qui me fait considérer le
travail de la terre comme une nécessité sociale de toute première importance.
J'avoue que sur les pistes des philosophies qui m'animent, j'ai été frappé par
cette découverte. Pour sa part, Bernard de
Mandeville est un philosophe troublant et incontournable. Il nous explique
avec une argumentation béton par la Fable
des abeilles comment les vices privés concourent au bien
public. Pour avoir dénoncé une vérité aussi cuisante, il fut gravement
tourmenté par ses contemporains.
Les
trois philosophes idéalistes allemands Kant, Fichte et Schleiermacher
on maintenant chacun un texte sur Philo5. De plus, j'ai cru bon ajouter un
extrait supplémentaire sur la Division
du travail pour Adam Smith.
Avec
Kant, et son Criticisme,
c'est une véritable révolution copernicienne de la pensée qui se produit. Il va
redéfinir la philosophie, introduire la notion d'a priori, dénoncer les
illusions transcendantales et l'erreur métaphysique, établir une critique
rigoureuse de la pensée elle-même, redonner une place spécifique à la foi, et
davantage encore. Bref, après Kant, il n'est plus possible de penser la
philosophie comme avant.
Fichte,
quant à lui, introduit rien de moins que la Théorie
de la science. Hé oui! La science est une théorie, et non une
certitude. Fichte nous annonce la place capitale qu'occupera Le Moi
dans cette théorie.
Schleiermacher,
à côté de ces deux grosses pointures semble faire faible figure. Il n'en est
rien. Sachant que tout texte philosophique nécessite une interprétation et le
plus souvent même une traduction, il va nous donner l'herméneutique et définir
les Méthodes
du traduire.
Nous
avions d'abord pensé pouvoir cerner l'intelligence par un test général qui nous
classait
sur une échelle linéaire allant de 55 à 160. (Je n'aimais pas
beaucoup ce genre de test parce que dépendant de l'heure de la journée, je me
sentais parfois débile et parfois génial.) On a ensuite parlé d'intelligence
émotionnelle. En milieu correctionnel, par exemple, on préfère penser que les
incarcérés ont l'émotion peu développée et on cherche à l'améliorer. Le Dr.
Howard Gardner a élaboré dernièrement une classification qui compte huit (8)
niveaux d'intelligences distinctes. D'une évaluation linéaire, on est passé à
une évaluation multidimensionnelle. Maintenant, George Ghanotakis nous propose
d'en ajouter une neuvième : La 9e
intelligence : L'intelligence philosophique.
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RÉUSSIR
À ÉCHOUER SA VIE DE COUPLE
J'aime bien de temps en temps faire un inventaire de mes
idées. Comme c'est le mois de la Saint Valentin, j'ai décidé de faire
l'inventaire des principaux éléments qui, aujourd'hui, risquent de faire
éclater un couple. N'est-il pas surprenant d'observer que nos parents savaient
tout ça, mais que nous, dans le culte que l'on voue à notre sainte liberté individuelle, on passe notre temps à essayer
de l'ignorer.
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J'aime bien Spinoza. C'était un travailleur manuel, un technicien.
Il gagnait sa croûte en polissant des verres de lentilles de microscope. Il fut
chassé de sa communauté juive pour d'« abominables hérésies »
et des « actes monstrueux ». Les
rapports du jugement de l'Inquisition lui reprochent de nier l'immortalité de
l'âme et de prétendre que Dieu n'existe
que dans un sens philosophique. Vers l'âge de 28 ans, il alla donc s'installer
ailleurs et rassembla autour de lui un cercle d'amis philosophes. Il mourut à
45 ans de tuberculose mais on pense que sa maladie a été précipitée par la
poussière de verre qu'il respirait en travaillant.
Si aujourd'hui on est
libre de croire ou non, et de la manière qui nous convient, à l'époque il était
impossible de dériver un tant soit peu de la conception officielle des
autorités religieuses au pouvoir. Spinoza développa avec une très grande
rigueur philosophique l'idée d'un Dieu impersonnel et panthéiste. Il a conçu un
Dieu parfait intemporel possédant une infinité d'attributs. L'homme ne partage
avec Dieu que deux attributs seulement : l'étendue et la pensée (la
matière et l'esprit). Ce que notre perspective nous fait croire être le mal, du
point de vue de Dieu, il n'en est rien. Celui qui comprend la nécessité divine
sait que tout est parfait. L'Univers
relève d'un déterminisme sur lequel nous
ne pouvons rien. C'est Spinoza qui nous a donné le Dieu des philosophes, un
Dieu qui se propose de satisfaire notre besoin de rationalité, un Dieu
cohérent.
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Dans la série Les
grandes questions des philosophes, nous abordons ce mois-ci la 7e
question sur laquelle les philosophes attirent notre attention : Qu'est-ce
que l'espace? Qu'en pensez-vous? Suivez
le lien et, en vous inspirant des différentes réponses que vous proposent les
philosophes, essayez de m'expliquer votre point de vue... J'attends votre texte.
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En
rapport avec le thème de la vie de couple et les rapports hommes-femmes, je
vous propose des lectures appropriées au culte occidental de la Saint Valentin.
Comment vivre
avec un homme ... et aimer ça !, Jennifer Worick
Éd. JC Lattès © 2005
La première chose qui m'a frappé
dans ce livre ce sont les nombreuses photographies d'images de couples datant
des années cinquante et qui illustrent le propos de l'auteure. Si bien que je
croyais au début avoir affaire à une réédition. Mais non. Le petit commentaire
approuvant les jouets sexuels m'ont confirmé que la morale de ce livre avait
été mise à jour pour admettre la masturbation personnelle. Mais, hormis ce
détail intime, j'ai été surpris de constater qu'à peu près tout ce que j'y ai
lu aurait pu m'être enseigné par mon père. Même si le livre s'adresse
principalement aux femmes, on s'aperçoit que ce qui vaut pour madame vaut tout
aussi bien pour monsieur. La morale de l'époque, quoi qu'on en dise, contenait
une indéniable part d'égalitarisme. En fait, j'ai été étonné de constater que
l'être humain de la génération de mes parents était en tout point semblable à
celui d'aujourd'hui. La cohabitation posait les mêmes problèmes. Mais à cette
époque, on se préparait à concéder dès avant le mariage ; pas aujourd'hui.
C'est peut-être pourquoi Jennifer Worick a cru bon nous ra
Le musée de
l'homme, David Abiker
Michalon © 2005
Je confesse à regret que j'ai beaucoup aimé ce livre qui
est un exercice littéraire d'une finesse difficile à égaler. Moi qui
m'attendais à un réquisitoire masculiniste, un peu nostalgique avec des pointes
acerbes contre les inégalités que subissent les hommes... Rien du tout. Et
pourtant, l'humour fin de Abiker dit tout ce qu'un homme peut endurer sans
jamais grafigner personne. Chapeau!
Et si l'évolution, telle que théorisée par Darwin,
n'était pas terminée... Serait-il possible que la femme soit le prochain chaînon
de la sélection naturelle? Et dans ce cas, pourquoi nous rebiffer? Ne serait-il
pas avantageux de nous adapter pour survivre? Avons-nous véritablement le choix?
David Abiker, même s'il laisse deviner cette thèse, n'écrit pourtant rien de
théorique. Rien que le discours intérieur d'un homme vivant des situations
familiales diverses et auxquelles il s'adapte comme un gentil pitou, mais pas
bête du tout. Rien ne lui écha
Éloge de la
diversité sexuelle, Michel Dorais
Aimez-vous les garçons ou les
filles? Depuis la Révolution Tranquille, alors que le Bill Omnibus sortait la Loi
de la chambre à coucher et que l'homosexualité est devenue un comportement
normal, la sexualité s'est diversifiée considérablement. Le cinéma ne manque
pas une occasion de nous illustrer cette normalité homosexuelle mais elle est
devenue banale semble-t-il. En effet : métrosexuel, rétrosexuel,
technosexuel, bisexuel, gérontosexuel ou transsexuel, nous n'avons que
l'embarras du choix. Pourtant, nous sommes encore trop cantonnés dans la
traditionnelle hétérosexualité quand ce n'est pas tout simplement l'onanisme ou
l'asexualité. Michel Dorais nous dit que nous avons encore une sexualité trop
étriquée et nous invite à davantage d'exploration, ou tout au moins à
reconnaître la normalité dans les goûts queer
(bizarres). Si « le
genre est fait pour jouir et jouer », comme le dit si bien Isabelle
Sorente, pourquoi sommes-nous encore empêtrés dans
des stéréotypes qui n'ont plus leur raison d'être puisque la sexualité sert de
moins en moins à se reproduire?
La
sexualisation précoce des filles, Pierrette Bouchard, Natasha Bouchard et
Isabelle Boily
Il semble qu'un mouvement se lève
pour dénoncer la sexualisation précoce chez les jeunes filles. Si elle pose un
problème aux masculistes qui aimeraient bien vivre tranquille sans se faire
aguicher à chaque coin de rue par ces petites poupées parfaites étalant leur
corps de déesses inaccessibles, les féministes, auteures de ce petit livre,
visent le même but mais pour des raisons complètement différentes. Elles
dénoncent le fait que ce soit leur principale source de valorisation et
argumentent qu'elles devraient plutôt s'acharner à mettre en valeur d'autres
potentiels de leur personnalité. C'est étonnant de constater comment ce
discours est calqué très exactement sur celui de nos parents d'avant la
Révolution Tranquille : le père disait à sa fille « Je ne veux pas te
voir sortir habillé comme ça! Ma fille n'est pas une guidoune. » et la
mère ajoutait : « Tâche de te faire aimer pour d'autre chose que tes
attraits érotiques. Tu es plus intelligente que ça! ». Serions-nous sur le
point d'assister à un retour du balancier?
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La vie en ROSE hors série, Le
magazine féministe d'actualité, septembre 2005
Le défunt Magazine féministe La vie en ROSE revit le temps de fêter son 25e
anniversaire. Ariane Émond
nous donne un aperçu de la lucidité de quelques femmes coincées dans un
mouvement qui appartient à notre époque. En pages 101 et 102 elle écrit dans un
article intitulé Le féminisme a-t-il tiré sur nos histoires
d'amour? : « Risquer en 2005 un
regard sur nos rapports intimes avec les hommes n'est pas plus facile qu'hier.
Mais il est essentiel de regarder en face
ce que le féminisme a fait à nos histoires d'amour. Et de voir qu'il y a un
prix amoureux à être féministe.
Je
crois par exemple que le féminisme a malheureusement précipité le désengagement
des hommes, plus ou moins « civilisés », si j'ose dire, depuis des
siècles par l'institution du mariage. En cherchant à conquérir notre liberté
économique et sexuelle, nous avons fourni à plusieurs l'argument qu'ils
attendaient pour revendiquer une vie sans contraintes. Tout en les libérant du
rôle d'unique pourvoyeur, nous avons cherché à attacher nos chéris autrement,
par exemple en valorisant le rôle (selon nous plus gratifiant) de père
paternant.
[...]Plus profondément encore, aux femmes féministes, l'amour fait
vivre un vrai choc de valeurs. Depuis plus de 30 ans – merci, Simone de Beauvoir!
– nous avons fait de l'autonomie notre credo, presque notre assurance-bonheur.
Nous avons voulu gagner le contrôle de nos portefeuilles, de nos maternités, de
notre sexualité. Mais avec l'amour, ça ne va plus. L'amour exige une perte de
contrôle, une perte consentie. Il n'y a pas d'amour sans abandon, comme il n'y
a pas d'orgasme sans abandon. L'amour exige de baisser la garde, de se montrer
vulnérable, de s'enchaîner en quelque sorte à un autre idéal.
Et
peut-il y avoir de l'amour sans l'acceptation d'une certaine dépendance – un
mot qui fait horreur à toute femme autonome? Pourtant, des moments phares de
nos vies nous obligent à de telles capitulations. [...] »
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... ... ...
Rien ne ressemble à l'amour comme
l'enfer.
Sainte Thérèse
d'Avila (Citation
No. 85)
C'est
le métier de l'amour de choisir les possibles au réel opaque.
Ce que l'on a
F.B. (Citation No. 237)
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« Philo sans fumée » est le bulletin mensuel de Philo5.com mais c'est aussi
une rencontre
mensuelle organisée le premier vendredi de chaque mois. Vous êtes
cordialement invité à y participer. Pour être invité, écrivez-nous.
Si vous n'habitez pas Montréal et
que nos rencontres vous intéressent, vous pouvez encore nous écrire vos
réflexions. Elles seront communiquées au groupe et viendront enrichir notre
échange. Qu'elle soit épistolaire ou en personne, nous vous remercions de votre
présence.
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