Bienvenue au 58e

« Philo sans fumée »

de mars 2005

Bonjour à tous! 

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N O U V E L L E S

*  Philo5.com a reçu 222 000 visites durant les 12 derniers mois. Merci.

* Trois courts textes originaux ont été ajoutés ce mois-ci. Il s'agit de Maître Eckhart, le philosophe de ce mois-ci, de Pythagore et Heidegger.

* Une nouvelle section Dossier Cols bleus vient s'ajouter à Philo5. Vous pourrez y trouver un son de cloche qui sort de l'intégrisme journalistique qui sévit à Montréal au sujet de ce groupe de travailleurs manuels. Ainsi peut-être vous sentirez-vous un peu plus pensant par vous-même. Je vous recommande particulièrement le documentaire Dément tellement de Ronald Boisrond qui, même s'il date de quelques années, n'a pas pris une ride.

 

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S U J E T   D U   M O I S   :

LA LANGUE EST LA DEMEURE DE L'HOMME (Heidegger)

Mon ami Keiller Mackay me tarabuste depuis quelque temps pour que je lise les œuvres de Jacques Lacan. Je m'y suis mis : fascinant! Celui-ci m'a appris la différence entre la réalité et le réel. La réalité est ce que nous prenons pour la vérité : les ombres sur le mur de la « caverne de Platon ». Ou dit autrement, nos signifiants : les symboles auxquels nous recourrons pour nous exprimer, et qui sont dans notre tête. Ceux-ci s'opposent au signifié : la chose réelle. Le réel est ce qui, en quelque circonstance que ce soit, ne peut se dire. Ce qui m'amène à réaliser que, au-delà de la citation de Heidegger qui titre cet article, je suis tenté d'ajouter : La langue est la seule demeure de l'être humain, nous n'habitons nulle part ailleurs. Exercice pratique : Essayez de raisonner sans avoir recours au langage... Ceci me rappelle la chanson de Dalida : « Paroles paroles ». Elle était d'autant plus émouvante que l'interprète n'avait elle-même aucun autre recours que les mots pour dénoncer cette tyrannie du langage qui lui cachait un amour inaccessible. Le langage n'a rien de réel ; et pourtant, il est souvent la seule réalité à laquelle nous ayons accès.

Merci Keiller.

 

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L E   P H I L O S O P H E   D U   M O I S   :   M A Î T R E   E C K H A R T

Mystique de la Haute scolastique, il fut célèbre pour ses sermons et inquiété par l'Inquisition. Il nous explique que le chemin vers Dieu est le dépouillement de soi pour laisser entrer l'Autre en soi. En effet, il existe deux types d'amour : 1. Le marchandage et 2. Le don. Dans le premier, notre amour est encombré d'un désir sous-jacent d'un « retour sur l'investissement », appelé « attentes » dans notre langage actuel. Le second est animé du désir de se transcender soi-même en offrant ce que nous sommes dans le seul but d'être. Il explique comment Dieu et l'humain se confondent dans l'acte d'amour : « quand l'humain aime Dieu, il devient Dieu ». À partir des trois textes : « Sermons 5a, 6 et 28 », pourriez-vous dire pourquoi le Tribunal d'Inquisition en avait contre lui?

 

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L E S   Q U E S T I O N S   P H I L O S O P H I Q U E S

 

Dans la série Quels sont les problèmes philosophiques essentiels? Ce mois-ci, nous allons aborder la troisième question : Que puis-je savoir? Notre possibilité de connaître est-elle limitée? Puis-je me connaître moi-même? Puis-je connaître autrui? Puis-je connaître la réalité extérieure? Voyons ensemble quelques questions générales de la théorie de la connaissance et épistémologiques...

Pierre Lefebvre a produit une émission intitulée « L'ignorance », très intéressante, où il questionne le « fait de connaître ou d'ignorer ». Il essaie admirablement de faire le point sur l'état actuel de notre possibilité de connaître. À écouter absolument :

http://www.radio-canada.ca/Medianet/CBFX/DesIdeesPleinLaTete200402172200.asx

 

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L E S   L I V R E S   D U   M O I S

 

Les consolations de la philosophie, Alain De Botton

Mercure de France – Pocket #11286 © 2001

Alain De Botton est l'ami que j'ai toujours rêvé avoir. Il lit et restitue ses lectures sous forme d'écrits qui se situent à mi chemin entre le journal personnel, l'essai et le roman. Il agrémente ses commentaires d'images ou de croquis pour illustrer sa pensée. C'est un compagnon chaleureux qui nous amène à observer les auteurs qu'il lit d'un point de vue qu'on n'aurait pas pensé. La couverture de ces Consolations de la philosophie fait penser à Lord Jeremy Cygogne, le personnage du roman L'Île des Gauchers d'Alexandre Jardin qui soignait ses malades en leur prescrivant la lecture de textes et romans divers. Au contraire des essais philosophiques de la plupart des philosophes qui sont trop souvent de longs textes obscurs où l'auteur nous prend à témoin d'une pensée qui s'élabore longuement et laborieusement, et qui pourrait se résumer en quelques pages, Alain De Botton ne peut se condenser. Il faut le lire d'un couvert à l'autre. Il nous présente la maïeutique de Socrate comme cure à l'impopularité ; l'eudémonisme d'Épicure comme cure au manque d'argent ; le déterminisme de Sénèque comme cure à la frustration ; l'humanisme de Montaigne comme cure au sentiment de déficience personnelle ; le pessimisme de Schopenhauer à la peine de cœur ; le nihilisme et gigantisme de Nietzsche en cas de difficultés. Alain De Botton donne une démonstration magistrale de l'utilité de la philosophie.

 

Comment Proust peut changer votre vie, Alain De Botton

Éditions Denoël – 10-18 #3278 © 1997

J'avais entendu parler de Proust mille fois. Mais par où commencer? À chaque fois qu'en librairie, je feuilletais l'un des nombreux et volumineux écrits de Marcel Proust, rien de ce qui me tombait sous l'œil ne me motivait à acheter son roman et m'engager dans ce long contrat de lecture. Proust a écrit : Chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L'ouvrage de l'écrivain n'est qu'une espèce d'instrument optique qu'il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans ce livre, il n'eut peut être pas vu en soi même. Alain De Botton était « l'instrument d'optique » dont j'avais besoin pour apprécier Marcel Proust. Sa lecture, présentée par 9 chapitres intitulés Comment... 1. ...aimer la vie aujourd'hui, 2. ...lire pour soi-même, 3, ...prendre son temps, 4. ...réussir ses souffrances, 5. ...exprimer ses émotions, 6. ...être un véritable ami, 7. ...ouvrir les yeux, 8. ...être heureux en amour, 9. ... laisser tomber un livre, nous amène dans un cheminement intimiste à nous approprier des réflexions savoureuses.

 

Le plaisir de souffrir, Alain De Botton

Éditions Denoël – Pocket #10080 © 1995

De Botton nous offre ici un roman doublé d'un essai. C'est comme si on visionnait un film accompagné par l'auteur. À tout moment, il s'arrête dans son récit pour examiner avec nous les motivations psychologiques de ses personnages et les impasses qu'ils se sont construits. Il n'hésite pas à agrémenter ses réflexions de croquis qui éclairent sa pensée. Je n'ai jamais rien lu de semblable. L'auteur a à cœur que nous le comprenions. De Botton reste avec nous, il nous parle personnellement, il parle à notre intelligence. Le lire, c'est participer avec lui à la construction de quelque chose. Il a le génie de nous faire sentir plus intelligents qu'avant, après l'avoir lu.

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R I R E   E T   S' A T T E N D R I R

 

Quino : « Police de l'humour ».

 

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P O U R   L E S   N O U V E A U X   P A R T I C I P A N T S

 

Philo sans fumée c'est un peu comme un repas communautaire où chacun apporte son plat à partager. Vous pourrez mieux comprendre sa raison d'être en prenant connaissance de l'« Intention de Philo sans fumée ».

 

Voici votre invitation.

 

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P E N S É E   D U   M O I S

 

L'homme de génie se nourrit de miel et de poison.

Manuel De Diéguez (« Auto-nécrologie », 2004-03-05)

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« Philo sans fumée » est une activité mensuelle organisée par Philo5 le premier vendredi de chaque mois. Vous êtes cordialement invité à y participer. Si vous ne pouvez venir en personne, écrivez-nous  vos réflexions. Elles seront communiquées au groupe et viendront enrichir notre rencontre. Qu'elle soit épistolaire ou en personne, nous vous remercions de votre présence.

 

François Brooks

 

 www.philo5.com

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