Michel Tozzi |
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Chronique sociale © 2011 |
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Quels sont les problèmes philosophiques essentiels ? |
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Ch. 3, Exercice 14, p. 64 à 70 |
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Le domaine de la philosophie se ramène aux questions suivantes : Kant, La logique, Vrin © 1966 p. 25 |
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1. Métaphysique : Que puis-je savoir ? 2. Éthique et politique : Que dois-je faire ? 3. Dogmatique : Que puis-je espérer ? 4. Anthropologique : Qu'est-ce que l'homme ? Panorama de quelques grandes conceptions de l'homme 5. Logique : La vie a-t-elle un sens ? |
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1. Métaphysique : Que puis-je savoir ? [1] Puis-je me connaître moi-même ? Ma conscience est-elle transparente (Descartes) ou opaque à elle-même (Freud, à cause de l'inconscient) ? Mon esprit est-il plus aisé à connaître que mon corps (Descartes) ou non (Nietzsche) ? Peut-on expliquer l'homme, ou seulement le comprendre (Dilthey) ? Le regard de l'homme sur lui-même peut-il être ou non scientifique ? (Les naturalistes) Les sciences humaines peuvent-elles être des sciences exactes ? (Comte, Dilthey) En quel sens peut-on dire que l'histoire est une science ? (Hegel, Marx) Puis-je connaître autrui ? À partir de moi, ou en sortant de moi ? (Sartre, Marcel) Par la parole ou le silence ? (Gorgias, les sophistes, Wittgenstein, Levinas) Le langage est-il instrument de communication ? (Saussure, Wittgenstein, McLuhan) Puis-je connaître la réalité extérieure ? Sommes-nous certains ou non (Berkeley) d'une réalité matérielle extérieure ? Comment les théories scientifiques s'articulent-elles avec l'expérience ? (Bacon) Peut-on expliquer le vivant mécaniquement (Descartes), par une « âme » (Aristote), par un élan spécifique (Bergson) ?
Questions générales de la théorie de la connaissance Peut-on atteindre la vérité ? Est-elle une ou plurielle ? Absolue ou relative (Protagoras) ? Pouvons-nous connaître le fond des choses (Platon, Descartes, Spinoza) ou seulement le monde à travers les catégories de notre entendement (Kant), les relations entre les phénomènes — leurs lois — (Comte) ? Les mots disent-ils l'essence des choses ? (Wittgenstein) L'opinion est-elle ignorance (Kant, Bachelard), ou degré plus ou moins probable du savoir (Leibniz) ? La vérité se reconnaît-elle à l'évidence (Descartes, Spinoza), à la vérification (James), à la pertinence de l'interprétation (Freud, Ricoeur) ? Le corps fait-il obstacle à la connaissance (rationalisme/spiritualisme) ? (Platon, Épicure) Nos idées sont-elles innées dans notre entendement (Platon, Descartes, Leibniz), ou viennent-elles de l'expérience par nos sens (empirisme d'Aristote, Locke, Condillac) ? Le temps et l'espace sont-ils en nous (Kant) ou dans la nature (Aristote) ? La science doit-elle rompre avec l'opinion commune (Bachelard) ? Les mathématiques doivent-elles être l'idéal de toute science (Descartes), leur servante (Bacon), ou un simple langage (nominalisme) ? On peut aussi se demander : Pourquoi voulons-nous savoir ? Pour nous rassurer (Épicure, Freud) ? Pour pouvoir agir (Bacon, Descartes, Comte) ? [4] 2. Éthique et politique : Que dois-je faire ? Qu'est-ce que le Bien ? (Platon) Est-il affaire de désir (Aristote), de coeur (Pascal, Rousseau) ou de raison (Descartes, Kant) ? Dois-je rechercher le plaisir (Épicure), ou la vertu (Épictète) ? Faut-il lutter contre le luxe (Épicure, Rousseau) ou non (Montesquieu) ? Faut-il maîtriser son imagination (Épictète, Descartes) ou la développer (Nietzsche) ? La passion est-elle dangereuse (rationalisme) ou choix de vie (Nietzsche) ? Les relations sexuelles sont-elles en soi bestiales (Kant) ou non (Freud) ? Faut-il plutôt vaincre ses désirs (stoïciens, Descartes), ou l'ordre du monde (Marx) ? Autrui est-il pour moi un moyen (Sade, Machiavel) ou doit-il être une fin (Kant, le personnalisme) ? Suis-je responsable d'autrui (Levinas), ou est-il mon ennemi (Hegel, Sartre) ? Ma liberté est-elle source de responsabilité ou/et de culpabilité ? (Levinas, Foucault) Le droit est-il naturel (Spinoza) ou conventionnel (Rousseau, Marx) ? Les lois sont-elles nécessaires ? (Montesquieu) La politique est-elle la science du bien commun (Aristote), au service de la morale (Kant), ou l'art de réussir (Machiavel) ? Comment fonder les droits de l'homme et du citoyen ? Sont-ils transcendants (Révolutionnaires de 1789) ou formels (La démocratie bourgeoise de Marx) ? Qu'est-ce que le juste ? (Socrate) La démocratie est-elle le meilleur régime politique ? (Tocqueville) L'État trouve-t-il son fondement dans Dieu (Bossuet), la force (Hobbes), ou le peuple (Rousseau) ? Quelle place l'État doit-il laisser à la liberté individuelle ? (Foucault) Comment faire la paix entre États ? (Machiavel) Faut-il se révolter contre un pouvoir injuste (Marx) ? 3. Dogmatique : Que puis-je espérer ?
Dieu existe-t-il ?
(Thomas d'Aquin,
Descartes,
Feuerbach,
Nietzsche) Avons-nous une âme ? Est-elle immortelle ? (Platon, Descartes) « J'ai toujours estimé que ces deux questions de Dieu et de l'âme étaient les principales de celles qui doivent plutôt être démontrées par les raisons de la Philosophie que de la théologie, car [...] il ne semble pas possible de pouvoir jamais persuader aux Infidèles aucune Religion, ni quasi même aucune vertu morale, si on ne leur prouve ces deux choses par raison naturelle. »
René Descartes, Épître des Méditations métaphysiques, Pourquoi mourir ? Faut-il craindre la mort (Non : Épicure) ? Est-elle libératrice du corps (Socrate) ? La croyance est-elle force (Pascal, Kierkegaard), ou faiblesse de l'esprit (Freud, Nietzsche, Marx) ? La raison fait-elle disparaître la croyance (rationalisme matérialiste), ou la fonde-t-elle (Descartes, Kant) ? 4. Anthropologique : Qu'est-ce que l'homme ? Qui suis-je ? (Descartes) « Mais je ne connais pas encore assez clairement ce que je suis, moi qui suis certain que je suis ; de sorte que désormais il faut que je prenne soigneusement garde de ne pas prendre imprudemment quelque autre chose pour moi. »
René Descartes, Deuxième Méditation métaphysique, Ai-je une âme ? (spiritualisme de Platon), ou ma pensée émane-t-elle de la matière et de la vie (matérialisme de Démocrite) ? Suis-je essentiellement une conscience (Descartes), ou ai-je un inconscient (Freud) ? Qu'est-ce que ma pensée ? Pouvons-nous penser sans les mots ? [Universaux, Saussure, Wittgenstein, Lacan, Barthes] Faut-il opposer notre esprit et notre corps (spiritualisme de Socrate, Platon, Descartes) ? Pouvons-nous maîtriser nos désirs (c'est le voeu du rationalisme) ? (Épicure, Épictète, Descartes) L'essence de l'homme est-elle le désir (Freud), ou le travail (Marx) ? Nos besoins sont-ils naturels (pour certains, oui, comme pour Épicure et Rousseau), plus psychologiques que biologiques (Freud), sociaux (Marx) ? L'homme est-il un animal social (Aristote) ? Notre enfance est-elle le temps de l'erreur (Descartes), de l'innocence (Rousseau), de la « perversité » (Freud) ? L'histoire humaine a-t-elle un sens (Hegel, Marx, Teilhard de Chardin) ? Suis-je libre (Descartes, Sartre) ou déterminé (psychologiquement : Freud ; socioéconomiquement : Marx) ? L'homme est-il créé par les rapports sociaux (Marx et les sociologues [Skinner, Bernays, Laborit]) ou créateur de ses rapports (Sartre, [Beauvoir]) ? L'homme est-il aliéné par la technique (Heidegger) ? Panorama de quelques grandes conceptions de l'homme 5. Logique : La vie a-t-elle un sens ? « Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie. Le reste, si le monde a trois dimensions, si l'esprit a neuf ou douze catégories, vient ensuite. Ce sont des jeux ; il faut d'abord répondre. Et s'il est vrai, comme le veut Nietzsche, qu'un philosophe, pour être estimable, doive prêcher d'exemple, on saisit l'importance de cette réponse, puisqu'elle va précéder le geste définitif. Ce sont là des évidences sensibles au coeur, mais qu'il faut approfondir pour les rendre claires à l'esprit. Si je me demande à quoi juger que telle question est plus pressante que telle autre, je réponds que c'est aux actions qu'elle engage. Je n'ai jamais vu personne mourir pour l'argument ontologique. Galilée, qui tenait une vérité scientifique d'importance, l'abjura le plus aisément du monde dès qu'elle mit sa vie en péril. Dans un certain sens, il fit bien. Cette vérité ne valait pas le bûcher. Qui de la Terre ou du Soleil tourne autour de l'autre, cela est profondément indifférent. Pour tout dire, c'est une question futile. En revanche, je vois que beaucoup de gens meurent parce qu'ils estiment que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. J'en vois d'autres qui se font paradoxalement tuer pour les idées ou les illusions qui leur donnent une raison de vivre (ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir). Je juge donc que le sens de la vie est la plus pressante des questions. »
Albert Camus, épître des Le mythe de Sisyphe, 1942, 6. Esthétique : Les questions sur l'art Qu'est-ce que le Beau ? [Baumgarten] Est-il universel (Platon) ou relatif (Kant) ? Expression de son temps (Marx) ou dialogue avec l'éternel ? Imitation (Platon) ou reconstruction du réel ? Travail technique (Alain) ou manifestation de l'inconscient (Freud) ? 7. Ontologique : Qu'est-ce que l'être ? Qu'est-ce que l'être ? (Heidegger) Puis-je exister sans les autres ? (Sartre) Suis-je ma conscience ? (Freud) Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? (Leibniz) Les phénomènes non perçus existent-ils ? (Berkeley) |
[1] La MÉTAPHYSIQUE, pour Kant, est l'ensemble des connaissances que l'on peut tirer de la seule Raison. [2] GNOSÉOLOGIE : Examen critique des facultés de l'esprit humain à connaître la réalité au sens large. (Lalande, Dictionnaire philosophique) [3] ÉPISTÉMOLOGIE : Étude critique des principes, des hypothèses et des résultats des diverses sciences. (Lalande, Dictionnaire philosophique) [4] « Pourquoi voulons-nous savoir ? — Pourquoi les pourquois ? », question ultime ! Comme l'affiche sur laquelle on écrit : « Il est interdit d'afficher » , elle boucle sans fin ; paradoxe de l'interrogation.
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