MES LECTURES - Passages choisis 

Monique Wittig

2005-06-17

Éditions de Minuit © 1969

Les guérillères [1]

SOMMAIRE

[O]

[La femme qui a contracté mariage]

[Il t'a faite esclave par la ruse]

[L'histoire de Vlasta]

[La guerre est terminée]

[Prélèvements]

[O]

p. 15

CE QUI LES DÉSIGNE COMME L'OEIL        DES        CYCLOPES, LEUR      UNIQUE      PRÉNOM, OSÉE   BALKIS   SARA   NICÉE IOLE CORÉ SABINE DANIÈLE GALSWINTHE EDNA JOSÈPHE

Il y a quelque part une sirène. Son corps vert est couvert d'écailles. Son visage est nu. Les dessous de ses bras sont couleur d'incarnat. Quelquefois elle se met à chanter. Elles disent que de son chant on n'entend qu'un O continu. C'est ce qui fait que ce chant évoque pour elles, comme tout ce qui rappelle le O, le zéro ou le cercle, l'anneau vulvaire.

[La femme qui a contracté mariage]

p. 151

VINCENTE   CLOTILDE  NICOLE SUKAINA XU-HOU ANACHORA OLYMPE   DELPHINE  LUCRÈCE ROLANDE   VIOLE   BERNARDA PHUONG PLANCINE CLORINDE BAO-SI   PULCHÉRIE   AUGUSTA

p. 155

Elles portent des vêtements tout d'une pièce, faits d'une espèce de métal. Leurs figures, que les sphères à rayons éclairent par intermittence, ressemblent à des grosses têtes d'insectes avec des antennes et des yeux pédoncules.

[...]

[...] L'une d'entre elles debout au milieu de la place tourne lentement sur elle-même les bras étendus de part et d'autre du corps en disant, le jour d'été est brillant, mais plus brillant encore est le sort de la jeune fille. Le fer plongé dans la glace est froid, mais plus froid encore est le sort de la femme qui a contracté mariage. La jeune fille est dans la maison de sa mère comme la semence dans la terre féconde. La femme est sous le toit de son mari comme le chien dans les chaînes. Rarement l'esclave goûte la douceur de l'amour, la femme jamais.

[Il t'a faite esclave par la ruse]

p. 157

RAYMONDE  ATALA   ENRICA CALAMITÉ AMANDE COSIMA GARANCE   RÉGINE   NÜ-TIAO GELSOMINA  SHOGUN  ALICE OLUMÉAÏ    GYPTIS    NÜ-TIAO BENJAMINE  SÉLÉNÉ  CURACA

[...]

Elles disent, malédiction, c'est par la ruse qu'il t'a chassée du paradis de la terre, en rampant il s'est insinué auprès de toi, il t'a dérobé la passion de connaître dont il est écrit qu'elle a les ailes de l'aigle les yeux de la chouette les pieds du dragon. Il t'a faite esclave par la ruse, toi qui as été grande forte vaillante. Il t'a dérobé ton savoir, il a fermé ta mémoire à ce que tu as été, il a fait de toi celle qui n'est pas celle qui ne parle pas celle qui ne possède pas celle qui n'écrit pas, il a fait de toi une créature vile et déchue, il t'a bâillonnée abusée trompée. Usant de stratagèmes, il a fermé ton entendement, il a tissé autour de toi un long texte de défaites qu'il a baptisées nécessaires à ton bien-être, à ta nature. Il a inventé ton histoire. Mais le temps vient où tu écrases le serpent sous ton pied, le temps vient où tu peux crier, dressée, pleine d'ardeur et de courage, le paradis est à l'ombre des épées.

[...]

[...] Quelqu'une évoque les Sarmates, les cavalières, les tireuses d'arc, les lanceuses de javelots qui n'ont pris des époux que quand elles ont eu tué trois ennemis au moins. Une autre nomme celles qui ont reçu le jour de leurs noces des chevaux tout équipés des boucliers avec les framées et les glaives. Une d'entre elles se lève honorant celles de Lemnos qui toutes ont massacré leurs époux et se sont rendues maîtresses de l'île. Alors quelqu'une se met à chanter, envers vous, mes très belles, ma pensée ne changera jamais.

[...] Comme des maîtres ils ont exercé leur droit de maître. Ils écrivent de ce droit de donner des noms qu'il va si loin que l'on peut considérer l'origine du langage comme un acte d'autorité émanant de ceux qui dominent. Ainsi ils disent qu'ils ont dit, ceci est telle ou telle chose, ils ont attaché à un objet et à un fait tel vocable, et par là ils se le sont pour ainsi dire approprié. Elles disent, ce faisant ils ont gueulé hurlé de toutes leurs forces pour te réduire au silence. Elles disent, le langage que tu parles t'empoisonne la glotte la langue le palais les lèvres. Elles disent le langage que tu parles est fait de mots qui te tuent. Elles disent, le langage que tu parles est fait de signes qui à proprement parler désignent ce qu'ils se sont approprié. Ce sur quoi ils n'ont pas mis la main, ce sur quoi ils n'ont pas fondu comme...

p. 163

DEMÉTER CASSIA POPÉE
TAI-SI    FATIMA    OPALE LEONORE EMMANUELLE
BO-JI    SHIRIN    AGATHE
KEM-PHET    MELISANDE
IRÈNE LEOKADIA LAURE

... des rapaces aux yeux multiples, cela n'apparaît pas dans le langage que tu parles. Cela se manifeste juste dans l'intervalle que les maîtres n'ont pas pu combler avec leurs mots de propriétaires et de possesseurs, cela peut se chercher dans la lacune, dans tout ce qui n'est pas la continuité de leurs discours, dans le zéro, le O, le cercle parfait que tu inventes pour les emprisonner et pour les vaincre.

[L'histoire de Vlasta]

p. 164

L'une d'entre elles raconte l'histoire de Vlasta. Elle dit comment sous l'impulsion de Vlasta s'est créé le premier État des femmes. Par vingtaines de milliers, les jeunes femmes de Bohème ont rejoint, en Moldavie, Vlasta et ses troupes. Les forteresses carpathiennes sont vues sur le haut des monts avec leurs murs de grès rose. Dans leurs cours après les exercices d'armes, assemblées, elles composent des chants et inventent des jeux. Une autre d'entre elles rappelle que dans l'État des femmes les hommes n'ont été tolérés que pour les besognes serviles et qu'il leur a été interdit sous peine de mort de porter les armes ou de monter à cheval. Aux ambassadeurs de Bohème venus en grande colère leur enjoindre de se soumettre, elles font la nique et les pieds de nez et les renvoient, émasculés. Plus tard elles mettent en déroute des troupes nombreuses et entrent dans une longue guerre au cours de laquelle les guerrières de Vlasta ont appris à toutes les paysannes qui se sont jointes à elles le maniement des armes.

[...]

[...] Mieux vaut pour toi compter tes tripes au soleil et râler, frappée de mort, que de vivre une vie que quiconque peut s'approprier. Qu'est-ce qui t'appartient sur cette terre ? Seule la mort. Nulle force au monde ne peut te la dérober. Et — raisonne explique-toi raconte-toi — si le bonheur c'est la possession de quelque chose, alors tends à ce bonheur souverain — mourir.

[...]

Elles menacent elles attaquent elles conspuent elles les invectivent elles les huent elles leur crachent à la figure elles les bafouent elles les provoquent elles les narguent elles les apostrophent elles les malmènent elles les brusquent elles leur parlent crûment elles les exècrent elles leur font des imprécations. Une si parfaite fureur les habite qu'elles bouillonnent elles tremblent elles suffoquent elles grincent des dents elles écument elles flamboient elles jettent feu et flamme elles bondissent elles vomissent elles se déchaînent. Alors elles les mettent en demeure elles les admonestent elles leur mettent les couteaux sous la gorge elles les intimident elles leur montrent le poing elles les fustigent elles leur font violence elles leur font part de tous leurs griefs dans le plus grand désordre elles jettent çà et là le brandon de la discorde elles provoquent des dissensions entre eux elles les divisent elles fomentent des troubles des émeutes des guerres civiles elles les traitent en ennemi. Leur violence est déchaînée elles sont au paroxysme de leur fureur, elles apparaissent dans leur enthousiasme dévastateur les regards farouches les cheveux hérissés ...

p. 169

VOLUMNIE YAO SHAGHAB OPPIENNE     LUCIE     AUDE HEDVIGE    LEONE    AGNÈS TAMARA    FRANCE   AHON SORANA    RUZENA    SALLY
SU-YEN      KIUNG     TERESA

... serrant les poings rugissant se ruant criant abattant avec rage quiconque dit d'elles que ce sont des femelles qui ressemblent à des femmes quand elles sont mortes.

Des grandes lames dont le tranchant est comparable à celui des rasoirs sont disposées en quinconce parallèlement au sol à des hauteurs diverses tout autour du camp. Quand on arrive de face elles apparaissent comme une série de lignes brisées. La nuit elles sont invisibles. Des sentinelles veillent derrière les faux à ce qu'aucun assaillant ne puisse déjouer le dispositif. Les autres dorment malgré les coups de feu, malgré les cris de douleur et de surprise des victimes qui se font entendre à maintes reprises en différents points. Au matin des équipes relaient les sentinelles et ramassent dans des grandes corbeilles les tronçons de corps sectionnés par les lames. Ce peut être des têtes des bustes des jambes une par une ou jointes au bassin un bras, suivant la hauteur à laquelle les attaquants ont buté sur les faux. L'ensemble des corps sont enterrés dans une grande fosse qu'elles comblent et qu'elles surmontent d'un tas de terre. Alors elles y plantent leurs drapeaux en grand nombre, quelques-unes y sèment des fleurs. Debout elles entonnent un chant de deuil pour ceux qui sont morts au combat.

[...]

Elles disent qu'elles ont la force du lion la haine du tigre la ruse du renard la patience du chat la persévérance du cheval la ténacité du chacal. Elles disent, je serai la vengeance universelle. Elles disent, je serai l'Attila de ces féroces despotes, causes de nos pleurs et de nos souffrances. Elles disent, et quand par bonheur toutes voudront se rallier à moi, chacune sera Néron également et mettra le feu dans Rome. Elles disent, guerre, à moi. Elles disent, guerre, en avant. Elles disent qu'une fois qu'elles auront les armes à la main elles ne les abandonneront pas. Elles disent qu'elles secoueront le monde comme la foudre et le tonnerre.

p. 181

OMPHALE  CORINNE  ELFREDA LU-HOU   MEI-FEI   VICVAVARA QUI      VIJAYA      BHATITARIKA LUDGARDE  GERTRUDE  DIANE ROGNEDE MALAN CLÉOPÂTRE AMËRIZ   BETHSABÉE   CLAUDE

p. 186

Elles disent, enfer, que la terre soit comme un vaste enfer. Ainsi elles parlent en criant en hurlant. Elles disent, que mes paroles soient comme la tempête le tonnerre la foudre que les puissants laissent tomber de leur hauteur. Elles disent, qu'on me voie partout les armes à la main. Elles disent la colère la haine la révolte. Elles disent, enfer, que la terre soit comme un vaste enfer en détruisant en tuant en portant le feu aux édifices des hommes, aux théâtres aux assemblées nationales aux musées aux bibliothèques aux prisons aux hôpitaux psychiatriques aux usines anciennes et modernes...

HIPPOLYTE   PÉTRONILLE APAKOU ÈVE SUBHADRA
LOLA    VALÉRIE    AMÉLIE
ANIKO  CHEN-TÉ  MACHA SÉMIRAMIS THESSA OUR EURIDYCE SÉ CATHERINE

... dont elles délivrent les esclaves. Elles disent, que le souvenir d'Attila et de ses hordes guerrières périsse dans les mémoires à cause de sa fadeur. Elles disent qu'elles sont plus barbares que les plus barbares. Leurs armées s'augmentent d'heure en heure. Des délégations vont au-devant d'elles quand elles s'approchent des villes. Ensemble elles portent le désordre dans les grandes cités, faisant des prisonnières, passant par les armes tout ce qui ne reconnaît pas leur force.

[...]

[...] Elles disent qu'il faut brûler tous les livres et ne garder de chacun d'eux que ce qui peut les présenter à leur avantage dans un âge futur. [...]

[La guerre est terminée]

p. 193

ATHÉNAÏS ORÉA CHARLOTTE BRUNEHAUT RACHEL ELMIRE RANAVALO  ON-TA  CALLIOPE THÉOCTISTE PORPHYRE GOPA SHÉHÉRAZADE  ZUO-WENJUN  ENGUERRANDE BULLE MÉDÉE

[...] Sous le soleil alors, un mouchoir sur la tête, elle se met à lire un papier déplié, par exemple, quand le monde changera et que les femmes pourront un jour prendre le pouvoir en main et s'adonner à l'exercice des armes et des lettres dans lesquels sans aucun doute elles ne tarderont pas à exceller, malheur à nous. Je suis persuadé qu'elles nous feront payer au centuple, qu'elles nous feront rester toute la journée à côté de la quenouille, du dévidoir et du rouet, qu'elles nous enverront laver la vaisselle à la cuisine. Nous ne l'aurons pas volé. Toutes à ces paroles crient et rient et se frappent les épaules entre elles pour manifester leur contentement. Elles disent, honte à toi. Elles disent, tu es domestiquée, gavée, comme les oies dans la cour du fermier qui les engraisse. Elles disent, tu te pavanes, tu n'as d'autre souci que de jouir des biens que te dispensent des maîtres, soucieux de ton bien-être tant qu'ils y sont intéressés. Elles disent, il n'y a pas de spectacle plus affligeant que celui des esclaves qui se complaisent dans leur état de servitude. Elles disent, tu es loin d'avoir la fierté des oiselles sauvages qui lorsqu'on les a emprisonnées refusent de couver leurs oeufs. Elles disent, prends exemple sur les oiselles sauvages qui, si elles s'accouplent avec les mâles pour tromper leur ennui, refusent de se reproduire tant qu'elles ne sont pas en liberté.

[...]

Elles vont à la rencontre des jeunes hommes, leurs groupes se mélangent formant de longues chaînes. Elles les prennent par la main et leur posent des questions. Elles les entraînent au-dessus des collines. Elles montent avec eux les escaliers des hautes terrasses. Elles les font s'asseoir auprès d'elles sur les terre-pleins. Ils apprennent leurs chants au cours des après-midi chaudes. Ils goûtent leurs fruits à la culture desquels ils s'initient. Ils cherchent à reconnaître les fleurs qu'elles leur désignent dans les parterres les massifs les prés les champs. Elles choisissent avec eux des noms pour ce qui les entoure. Elles leur font regarder l'espace qui de partout s'étend à leurs pieds. C'est une prairie illimitée couverte de fleurs, de pâquerettes au printemps, de marguerites en été, en automne de colchiques blancs et bleus. C'est l'océan vert bleu couleur de lait où passent des bateaux ou bien vide. Ce sont des champs rasés de toute construction qui s'étendent à perte de vue où poussent le blé le seigle ou l'orge verte, le riz de couleur orange. Elles leur font apprécier la douceur du climat, identique suivant les saisons, que les jours et les nuits ne font pas varier.

p. 199

TAN-JI   OENANTHÉ   PÉLAGIE LUDOVICA  ELISABETH  SOUA CUNEGONDE PAULINE WACO BRIGITTE  MOANA  MÉLUSINE GHANDRABATI   CÉCILE   KISI KAIKEYI  MU-GONG  MÉLANIE

p. 204

Des jeunes hommes revêtus de combinaisons blanches collant à leurs corps accourent en foule au-devant d'elles. Ils sont porteurs de drapeaux rouges aux épaules et aux talons. Ils se déplacent avec rapidité un peu au-dessus du sol, jambes jointes. Elles, immobilisées, les regardent venir. S'arrêtant à distance et saluant, ils disent, pour toi la victorieuse je me défais de mon épithète favorite qui a été comme une parure. À ma place désormais que l'on t'appelle la trois fois grande, femme trismégyste, tu es rapide comme le mercure et les voleurs de grand chemin, habiles à déjouer les complots [...]

p. 207

Mues par une impulsion commune, nous étions toutes debout pour retrouver comme à tâtons le cours égal, l'unisson exaltant de l'Internationale. Une vieille soldate grisonnante sanglotait comme une enfant. Alexandra Ollontaï retenait à peine ses larmes. L'immense chant envahit la salle, creva portes et fenêtres, monta vers le ciel calme. La guerre est terminée, la guerre est terminée, dit à mes côtés une jeune ouvrière. Son visage rayonnait. Et lorsque ce fut fini et que nous restions là dans une sorte de silence embarrassé, quelqu'une au fond de la salle cria, camarades, souvenons-nous de celles qui sont mortes pour la liberté. Et nous entonnâmes alors la Marche funèbre, un air lent, mélancolique et pourtant triomphant.

[Prélèvements]

p. 209

Les Guérillères sont le lieu de rencontre de quelques textes, dans lesquels des « prélèvements » ont été effectués, à la fois comme indications des références socio-historico-culturelles du livre et comme indices des distances que le livre tente d'opérer par rapport à elles.

Alphabet des vilains, poème populaire italien, 1525.
Aristophane, L'assemblée des femmesLysistrata.
Bandello, Tutte le Opère.
Beauvoir, Le deuxième sexe.
Borges, Fictions.
Brantôme, Les dames galantes.
Chanson révolutionnaire française.
Chanson des Tai-Ping.
Chesneaux, Les sociétés secrètes en Chine.
Clausewitz, De la guerre.
Chronique tchèque du Moyen Âge.
Confucius, Le Shi-Jing.
Dictionnaire de sexologie.
Genèse.
Giap, Guerre du peuple, armée du peuple.
Homère, L'Iliade.
Jayle, La gynécologie.
Kautilya, L'Arthaçastra.
Lacan, Écrits.
Laclos, De l'éducation des femmes.
Lope de Vega, Miracle du mépris.
Mahâbhârata (Le).
Mao Tsé-toung, De la juste solution des contradictions au sein du peuple.
Mao Tsé-toung, Problèmes de la guerre et de la stratégie.
Maquet, Dictionnaire analogique.
Marcuse, Éros et civilisation.
Marx, La guerre civile en France en 1870.
Mille et une nuits (Les).
Nietzsche, La généalogie de la moraleLe gai savoir.
Pascal, Pensées.
Perrault, Contes.
Phénarète, Le livre des nuits.
Poème vietnamien.
Ponge, Pour un Malherbe.
Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde.
Ricardou, L'observatoire de Cannes.
Robert, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française.
Sahàgun, Historia gênerai de las cosas de nueva Espana.
Sapho.
Tchen, La Chinoise, des origines au XXe siècle.
Tristan, L'union ouvrière.
Zwang, Le sexe de la femme.
etc.

[1] Monique Wittig (1935-2003), Les guérillères, Éditions de Minuit © 1969.

* * *

Romancière et essayiste, née en 1935 à Dannemarie dans le Haut-Rhin, France. En 1964, elle reçoit pour son premier livre, L'Opoponax, le prix Médicis. Marguerite Duras l'adoube et qualifie le livre « d'oeuvre éclatante ».

Militante de la première heure du Mouvement de libération des femmes, elle s'autoproclame « lesbienne radicale », formule qui désigne autant une préférence sexuelle qu'un choix politique. Ce choix se retrouve dans ses livres, et Monique Wittig ne mettra plus en scène que des femmes. Pour éviter toutes confusions, elle précise : « Il n'y a pas de littérature féminine pour moi, ça n'existe pas. En littérature, je ne sépare pas les femmes des hommes. On est écrivain, ou pas. On est dans un espace mental où le sexe n'est pas déterminant. Il faut bien qu'on ait un espace de liberté. Le langage le permet. Il s'agit de construire une idée du neutre qui échapperait au sexuel. »

Parmi les ouvrages les plus connus, on lui doit Les Guérillères (1969), Corps Lesbien (1973), Le Brouillon d'un Dictionnaire des Amantes, co-écrit avec Sande Zeig (1976), Virgile, non (1985), La pensée Straight (1992), Paris-la-Politique (1999).

Son oeuvre littéraire et théorique a eu une influence déterminante sur le mouvement féministe et lesbien en France, comme à l'étranger. Monique Wittig a enseigné dans de nombreuses Universités américaines. Elle donna ses derniers cours, Étude sur les Femmes, à l'Université de Tucson en Arizona avant de s'éteindre brusquement en 2003. Le film The Girl est tiré de son premier roman écrit en anglais.

Philo5
                Quelle source alimente votre esprit ?