Passages choisis 2004 © Nancy Friday

Deux filles vertueuses ayant mal tourné [1]

Nancy Friday s'entretient avec Nina Hartley

Éditions Bulfinch Press © 2004

Les livres de Nancy Friday, à partir de Mon jardin secret en 1973, ont introduit une approche féministe novatrice en sexualité. Nina Hartley est une étoile pornographique légendaire.

NANCY FRIDAY : Dites-moi Nina, voyez-vous le travail d'actrice porno que vous faites comme un métier ordinaire ou vous considérez-vous comme Superman? Je veux dire, revêtez-vous ce « costume » – la nudité – pour ensuite l'enlever et retrouver votre vie « normale »?

NINA HARTLEY : Je suis très chanceuse que mon travail soit une extension de ma personnalité. Au début des années 80, quand je créais le personnage Nina, j'ai très soigneusement et délibérément pris certains aspects de ma personnalité – mon exhibitionnisme, mon désir de plaire, mon ouverture et ma curiosité sexuelle, mon féminisme et mon désir d'éduquer – et j'ai créé quelque chose que les gens aimeraient regarder : une femme nue. Je connaissais très bien le pouvoir d'une femelle nue dans notre culture et que si j'avais quelque chose à dire, les gens s'assoiraient pour écouter.

NF : Mais dites-moi une chose : Il fut un temps où vous étiez une petite fille, et il fut un temps où vous étiez soumise aux réactions de votre mère à propos de votre corps et vos m'as-tu-vu. Est-ce que votre mère était une exhibitionniste? Je veux dire, comment a-t-elle réagi à votre désir de montrer votre corps? Était-elle au courant de ça?

NH : Ma mère a une très forte personnalité, et, quand j'étais jeune, mes parents étaient communistes – mon père était sur une liste noire, j'ai donc grandi sous les conséquences de cette liste noire. Comme vous pouvez l'imaginer, ceci a entraîné leur mariage dans une crise terrible quand il a perdu son rôle de gagne-pain. Ma mère est passée du rôle de travailleuse à temps partiel à celui de seul soutien de la famille. J'ai alors grandi sous les conséquences de ceci pendant qu'ils négociaient la dynamique du pouvoir dans leur relation. J'ai toujours vu ma mère habillée en tout temps, bien qu'il y ait de la nudité occasionnelle parmi les femmes de la famille. Je voyais ma grand-mère nue puisque je l'aidais tout le temps à s'habiller. Mon père était plus modeste et je ne le voyais pas régulièrement sans ses vêtements. Mais mes parents étaient très renfermés dans leurs peines et leurs souffrances et ils étaient plutôt narcissiques.

NF : Quand êtes-vous née?

NH : En 1959. J'ai grandi en Californie à Berkeley, dans les années 60 et 70. En grandissant, j'observais mes parents essayer – et pas nécessairement dans l'ordre – la thérapie Reiki, le cri primal, le « marriage encounter », le biofeedback, la bioénergie, la thérapie de groupe, le conseiller matrimonial et le Taï Chi nu sur la plage Stinson.

NF : Avez-vous des frères et sœurs?

NH : Oui, j'ai deux frères et une sœur, tous plus vieux que moi. En autant que je sois concernée, il sont tous plus conventionnels dans leurs points de vue. Je pense qu'ils sont hétérosexuels et monogames dans leur style de vie. Ils ont découvert ce que je fais pour vivre depuis presque vingt ans, mais ils sont maintenant à peine confortables avec ça.

NF : Alors vos parents l'acceptent mais vos frères et sœur, sont gênés que vous soyez une actrice porno?

NH : Oui, ma mère, après dix-huit ans de méditation assise sur son coussin, dans les derniers huit mois, en est finalement venue à comprendre ce que je fais en réalité et a abandonné tous ses « Mais pourquoi? » dans son attitude à ce propos. Elle est finalement capable de me voir, non pas comme sa fille, mais comme une femme qui a un message qui est bien reçu.

NF : Quand j'ai écrit mon premier livre, Mon jardin secret, je savais que ma mère sauterait au plafond. Et ce n'était pas seulement ma mère. La plupart des gens que je connaissais étaient scandalisés.

NH : Tous! Oui, je m'en souviens bien.

NF : Mais mes écrits sont ce que je suis. À partir du moment où l' « exposition » personnelle a été généralement acceptée – et je le fais avec des mots – j'ai pensé, Oh boy! Et je me suis arrêtée pour écrire sur l'exhibitionnisme des femmes sous la forme de leurs fantaisies sexuelles.

NH : Je dois vous remercier d'avoir écrit Mon jardin secret parce que ce fut une oeuvre extrêmement importante dans mon propre développement sexuel. Je lisais des textes féministes au début des années 70 et la théorie lesbienne sur la chosification et Our Bodies, Ourselves et The Joy of Sex, c'est alors que votre livre est paru. Ce fut comme Oui! Je sus que je n'étais pas seule avec mes pensées dévergondées. Avant l'âge de 18 ans, je n'ai pas eu de relation sexuelle avec qui que ce soit, sauf moi-même ; ma vie sexuelle était toute dans ma tête. Je ne sortais avec personne au lycée.

NF : Vous sentiez-vous concernée personnellement par le chapitre sur l'exhibitionnisme, dans Mon jardin secret, ou bien vous identifiez-vous seulement avec l'idée que les femmes avaient des pensées dévergondées?

NH : C'était principalement l'idée que des femmes avaient ces pensées et acceptaient de les partager avec quelqu'un, en parler à voix haute.

NF : J'entends souvent dire : « Je pensais être la seule ». Entendez-vous aussi cette phrase dans votre travail?

NH : Oui, je l'entends. J'ai aussi une formation d'infirmière, et une part de cette formation consiste à servir d'avocat et de miroir pour le client. Et c'est réellement important pour moi d'être simplement là me disant : « J'aime ça. Je fais ceci parce que j'aime ça ». Et de donner au gens la permission de se laisser aller à être eux-mêmes à la maison. Je dis toujours aux gens que je suis authentique. « Wow! Nina, je ne pourrais jamais être comme toi, tu es tellement... » – et, en remplaçant les trois petits points, ils m'attribuent toutes ces qualités merveilleuses dont ils croient être dépourvus. Mon travail est de les aider à se retrouver chez eux et d'être eux-mêmes. Alors, oui, je suis heureuse parce que je suis authentiquement moi-même : une personne publiquement sexuelle, une enseignante, une éducatrice, une fantaisiste créative. Et votre tâche consiste à rentrer chez-vous et l'être avec votre partenaire. Seuls derrière les portes fermées.

NF : Vous savez, quelquefois je pense que s'il y avait un symbole pour ce que vous faites, ce serait un œil. Les yeux. Vous devez sentir les yeux des gens sur vous.

NH : Absolument! Vous savez, chaque fantaisiste est un exhibitionniste. Je suis seulement une exhibitionniste nue. Suis-je narcissique? Probablement. Mais j'ai trouvé un moyen de le projeter de telle sorte qu'il fasse du bien dans le monde. Alors, ce que les gens reçoivent de moi, ce que j'aime de ces yeux, c'est qu'ils me contraignent à être honnête. Alors je parle de sexualité. C'est si enraciné, si universel. Je suis tout autant une inspiration pour l'acte immédiat de gratification sexuelle qu'une icône, une image de liberté – ce qu'ils se représentent en tant que liberté : « Alors si elle peut le faire, je peux le faire ».

NF : Dites-moi la différence de vos admirateurs males, les hommes de l'audience, comparativement aux femmes. Sentez-vous que leurs yeux sont d'un genre différent? Viennent-ils à vous en imagination ou pendant votre performance? Sentez-vous leur perception différente de ce que vous faites?

NH : C'est très intéressant que vous disiez cela. Je ne sens pas beaucoup de différence entre le regard des hommes et celui des femmes. La plupart des lettres que je reçois ne concernent pas mes attributs physiques. Le thème le plus fréquent pour les hommes est : « Vous semblez vraiment aimer ce que vous faites ». C'était quand la croyance dans les années 70 voulait qu'il soit fautif de « vouloir faire mal à l'objet ». Ils me chosifiaient, ne désirant pas mal faire mais désirant le plaisir et désirant aussi le partager puisque ça semblait être un tel bonheur. Les femmes aussi me regardaient et s'inspiraient de cette force : « Je peux faire ça! Je peux faire ça, c'est sûr! Je peux, à la maison, faire cette danse pour mon homme ». Alors elles gagnaient confiance en elle parce que je ne suis pas parfaite : je n'ai pas 21 ans, je ne suis pas mince. Je suis à échelle humaine. [rire] Alors ça leur donne de l'espoir.

NF : Il y a encore tellement d'hommes qui ne croient pas que les femmes désirent baiser de la même manière qu'eux, que les femmes ne jouissent pas comme eux le font.

NH : Et beaucoup de femmes ne se laissent pas encore jouir comme elles le désirent à cause de ce double standard. Je dis toujours que les hommes ont été amputés de leurs émotions et les femmes ont été amputées de leur clitoris. Je suis différente parce que j'ai le goût de l'expérience sexuelle sans devoir être en amour. Je parviens à mes émotions à travers le physique, par le corps, et maintenant j'ai trouvé l'amour et j'ai un bon partenaire. La plupart des femmes sont élevées et n'ont pas la permission de désirer la relation physique. Ceci produit de nombreux couples confus et conflictuels parce que parfois, tout ce qu'une femme désire est se faire le mec et rentrer chez elle. Pour ne pas se sentir coupable et honteuse, elle doit se convaincre qu'elle l'aime. Les femmes qui insistent pour qu'un homme leur dise qu'il les aime me rendent folle puisqu'elles leur reprochent ensuite de mentir. Simplement parce qu'elles ne veulent pas assumer leur propre lubricité.

NF : Comment vous sentez vous à propos des femmes et du sexe aujourd'hui? Pensez-vous que nous avons régressé?

NH : C'est deux pas en avant, deux pas en arrière. D'un côté, il y a un nouveau conservatisme issu des années 80 qui dit : « Le sexe tue » et « Refusez tout simplement ». Alors vous avez toute une génération de vingt à trente ans qui ne connaissent rien d'autre que Danger, danger, attention! En même temps, il y a les filles rebelles sur tous les sites Internet avec l'idée que je peux être sexy par moi-même, bien autonome. Alors les femmes essaient désespérément de tracer leur chemin dans ce monde fracturé. Par chance, même parmi ce nouveau conservatisme, à l'opposé des années 60, nous avons maintenant trois décades d'histoire sociale comme référence. Nous avons votre livre, nous avons le Boston Women's Health Book Collective, nous avons les livres de sexe des trente dernières années.

NF : Mais nous savons toutes les deux que le féminisme, à ses débuts, était très anti-hommes.

NH : Ah! Ne m'en parlez pas!

NF : C'était un terrible, terrible recul. C'était un redoutable recul pour les femmes, et nous n'en sommes jamais complètement sorties. Les femmes sont encore très divisées à propos du sexe avec les hommes.

NH : Ça me rend folle. J'étais si enragée à cette époque parce que j'avançais l'idée suivante : « ton corps, ton monde ». Ça sonne bien! Alors j'étais en quête d'un endroit où je pourrais l'exprimer. Ce fut dans un club de strip-tease. Alors, maintenant, je prends des décisions sur mon corps pour moi-même, je décide de ce que je veux faire pour moi-même, et je ne serais pas féministe? Je serais le chien-chien du patriarcat? J'aurais subi un lavage de cerveau, je serais une personne répugnante? Excusez-moi? Vous disiez que c'était correct! Il y a des gens qui disent : « Tu ne dois pas faire ça en public, tu dois garder ça privé ». Mais pour certaines raisons, je suis confortable avec l'idée de faire ça devant les gens. Mais oh! tu ne peux le faire! Vilain fantasme, vilain fantasme! Alors, bien que je sois certainement encore féministe, je réalise que certaines n'étaient et ne sont pas mes amies. C'est bien dommage. Maintenant, c'est dommage.

NF : Cette attitude est encore très courante.

NH : C'est dans les universités! Ces femmes, mes semblables, envahissent les départements d'études sur les femmes de toutes les plus grandes universités. Je les appelle les féministes négativo-sexuelles, féministes puritaines. Elles sont prudes. [rires] Prudes, pure et simple.

NF : Comment pensez-vous que la plupart des femmes se sentent à propos du pénis?

NH : Ce que j'ai trouvé dans les trente dernières années de féminisme c'est qu'elles sont impuissantes et fulminent. Plutôt que de répondre à la nécessité d'améliorer l'amour des femmes pour leur corps, elles ont inculqué aux hommes une haine de leur propre corps. Et elles ont généralement donné aux hommes une suspicion de leur propre sexualité, la haine de leur sexualité et la haine de leur propre érection. Je rencontre beaucoup d'hommes qui sont absolument honteux de leurs propres désirs. Et honteux de leur essence masculine et de leur énergie masculine.

NF : Et où pensez-vous qu'elles apprennent ça?

NH : De leur mères et des trente dernières années de dépréciation masculine [male-bashing]. Vous ne pouvez plus déprécier les femmes [female-bashing]. Vous ne pouvez plus faire de blagues racistes, mais vous pouvez facilement faire des blagues sur les hommes. Et nous pouvons les dénigrer : Ils n'ont qu'une seule chose en tête, ce sont tous des chiens, ce sont tous des porcs.

NF : Revenons à vous et à votre corps. Quand vous êtes en scène, de toute évidence, vous comprenez l'œil de l'audience qui vous absorbe. Vous voyez-vous vous-même pendant une performance?

NH : Oui, je vois toujours une image de moi-même comme si j'étais debout à l'arrière de la pièce. J'ai aussi grandi dans un contexte théâtral, plus spécifiquement un théâtre musical, je sais donc comment projeter une humeur, une énergie. C'est pourquoi je suis d'abord une danseuse. Alors mes performances devant la caméra, sur scène, visent à transmettre humeur et émotion par mouvement corporel, à m'assurer que la personne du dernier rang dans la salle perçoit ce que je ressens ou ce que j'essaie de communiquer. Est-ce que je ressens toujours ce que je joue? Non, je suis une actrice. Mais tout s'enracine toujours dans quelque chose de vrai. Je ne fais rien devant la caméra ou sur scène que je ne fais pas à la maison librement et par plaisir. Chacun le reconnaît.

NF : Permettez-moi de vous demander quelque chose à propos des yeux du voyeur, le public. Dites-moi si ça vous excite et comment. Ils sont là, leurs yeux braqués sur vous. Vous êtes vue. Être vue est si important pour chacun de nous. Un Homme invisible deviendrait fou. Maintenant, vous êtes vue dans vos moments les plus intimes, ceux les plus importants que la vie privée d'une femme puisse montrer. Comment vous sentez-vous?

NH : Je me sens vraiment compétente. Il m'est important d'être vue sexuellement parce que j'essaie toujours de valider le désir du voyeur. J'essaie toujours d'accueillir son regard. C'est une boucle en feedback. Chaque exhibitionniste a besoin d'un voyeur. Pour prendre mon plaisir, mon pouvoir, ma satisfaction, mon m'importe quoi, j'ai besoin que quelqu'un me regarde. Et pour que le voyeur ou la voyeuse ait son compte, il a besoin que quelqu'un lui dise : Oui, absolument, approche, regarde. Tu vois? Voici mon clitoris. Voici mes lèvres. Voilà ce que tu peux faire à ton amie et voici ce que tu peux te faire à toi-même. N'est-ce pas formidable? Et voilà ce qu'ils ont besoin. Ils ont besoin que quelqu'un leur dise que c'est merveilleux, merveilleux et formidable. Et j'ai découvert que les hommes ne sont pas des horribles créatures qui veulent vous blesser ou vous violer à la moindre occasion. Ils sont simplement aussi confus sur le sexe que les femmes le sont. Il sont toujours ainsi : Puis-je regarder? Ils sont toujours taraudés, hypnotisés. Ils sont complètement paralysés.

NF : Et ils vous adorent de faire ça.

NH : Et ils m'adorent parce que je leur dis : « Oui, viens, regarde ». Enfin, voilà une femme qui ne dit pas : « Ne fais pas ça! »

NF : Ceci peut vous sembler une question naïve, mais vous approchez-vous de l'orgasme sur scène, ou êtes-vous trop consciente des spectateurs? Ou bien est-ce que les spectateurs alimentent la montée de votre orgasme?

NH : Je suis excitée sur scène, certainement, spécialement pendant les spectacles où on me permet de me masturber. On me permet actuellement de toucher ma vulve nue. Chaque ville pose des limites différentes sur les parties de mon corps que j'ai le droit de toucher – et mon imprésario doit m'en informer. Puis-je toucher ma poitrine de cette façon-ci? Me permet-on de pincer mes mamelons? Puis-je me toucher à l'intérieur de mon cache-sexe? Le patchwork de règles est absolument dément. Apparemment, les hommes seraient des animaux tels que le simple fait de voir une chatte nue les met en rage et ils ne sauraient plus comment se comporter.

NF : Qui voit où vont vos doigts?

NH : Les policiers! Il y a toujours au moins un policier par semaine à un de mes spectacles. Ils entrent, ils achètent un Coke, ils s'assoient et surveillent. Et je serai celle qu'on arrêtera.

NF : Ensuite ils rentrent chez eux et se masturbent.

NH : Probablement. Je suis certainement excitée, et mon travail consiste à les emmener avec moi. Mais mon orgasme est un processus pas mal long et compliqué, et d'aucune façon je pourrais véritablement jouir sur scène. Vous savez, j'ai besoin... d'environ vingt minutes [rires]

NF : À propos de vos propres fantaisies? Vous n'avez peut-être pas envie de m'en parler, mais qu'est ce qui vous allume après tant d'étalage publique?

NH : Ce qui marche toujours pour moi, c'est de fantasmer à faire l'amour avec mon mari. Il est le meilleur amant. Mais à propos de mes propres fantaisies, j'ai toujours aimé et j'aime encore les fantasmes de sexe de groupe. Les orgies. J'adore jouer l'hôtesse d'une partouse qui s'assure que chacun s'amuse en sécurité, et dispose de tous ses petits jouets. Je suis infirmière. Je suis hôtesse, n'est-ce pas? J'aime vraiment le sexe à trois voies, j'aime le sexe avec les femmes. J'ai encore des fantaisies d'actes sexuels extrêmes – je m'amuse avec la consensualisté et la non-consensualité, à défaut de meilleurs mots.

            Pendant vingt ans j'ai vécu dans un mariage où ma vie publique était formidable mais ma vie privée déplorable. Maintenant, j'ai un partenaire qui est bien. À défaut d'une meilleure expression je peux dire que nous pratiquons notre foi ensemble. En matière sexuelle, nous avons des croyances semblables et nous travaillons très fort pour s'assurer la communication physique et émotionnelle à un niveau spirituel. Nous sommes tous les deux ainsi engagés.

NF : Y a-t-il quoi que ce soit d'interdit dans vos fantaisies sexuelles?

NH : En fantaisie, rien. Il n'y a pas de mauvaises pensées, seulement des mauvaises actions.

NF : Je ne veux pas dire mauvais...

NH : En esprit, je ne m'interdis rien. En publique, absolument. Consentement, absolument. Avec des adultes.

NF : Dans la vie des femmes, indépendamment de ce qui peut se passer dans leur vie réelle, j'ai trouvé que très souvent leurs fantaisies vont très loin quand elles cherchent à atteindre l'orgasme.

NH : Oui, c'est une priorité...

NF : C'est le premier garçon, le désir de ses mains sur elle, sa bouche, son corps...

NH : Son corps collé sur toi, yeah.

NF : Et être incapable de se donner à lui totalement, tu te retiens comme une sage fille. C'est cette guerre, cette guerre excitante entre la fille vertueuse et la dévergondée que tu combats dans chaque voiture, dans les bras de chaque garçon qui t'enlace. [rires] Quarante ans plus tard, nous en sommes encore là.

NH : La vertu de la femme est la plus grande invention de l'homme. Ça n'a jamais eu aucun sens pour moi.

NF : Dans votre vie, ce que vous faites professionnellement concorde-t-il avec ce que vous êtes?

NH : Absolument, tout à fait. Mon mari est un pornographe de carrière – écrivain, éditeur, producteur, cinéaste. Et notre appartement est décoré entièrement comme vous pouvez vous y attendre de gens qui pratiquent la pornographie. Alors les mineurs sont interdits d'accès. C'est un style de vie pour adulte seulement.

NF : Et votre opinion de vous-même est-elle si solidement établie que vous soyez imperméable aux obscénités, aux cruautés ou aux commentaires blessants d'un homme ou d'une femme?

NH : Ça ne nous atteint jamais parce que je sens que ces commentaires viennent de leur propre douleur, leur propre confusion. J'ai compris que les commentaires d'une personne disent tout sur elle et rien sur moi.

NF : Et leur envie pour votre audace d'aller si loin et d'en jouir?

NH : Oui, les femmes envient l'attention que j'obtiens des hommes, et elles envient mon manque d'ambivalence sur ce que je fais. Les femmes, comme vous dites, vivent une guerre entre leurs attrayantes fantaisies et ce que Maman a dit.


[1] Extrait de Timothy Greenfield-Sanders, XXX 30 Porn-Star Portraits, Éditions Bulfinch Press © 2004, pages 24 à 28.
(Traduction : F. Brooks)

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