2001-2003 |
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Méditations publiques PRÉSENTATION |
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Nous sommes influencés par une société à laquelle nous devons beaucoup plus que nous le voudrions. On aime se dire libre et autonome alors que les ficelles médiatiques nous animent comme des pantins. N'est-ce pas évident ? La boucle qui relie nos comportements collectifs aux instruments d'influences douces que sont la télévision, les journaux, la radio et les panneaux nous assimile toujours davantage. On annonce que l'automobile est gage de liberté et de bonheur. Nous adhérons aveuglément au credo alors que cette liberté implique des heures d'attente, assis dans un véhicule ralenti par des routes bondées en perpétuelles réparations au prix de l'effet de serre croissant qui réduit la qualité de vie et menace l'avenir. La voiture prive nos corps de l'exercice salutaire à la santé, elle engloutit une part excessive de nos revenus et prive du contact humain qui jadis agrémentait nos rapports sociaux dans la cité. Non seulement l'auto est un désastre, mais il y a pire. La mode, les objets utilitaires de la vie courante, ou les valeurs associées aux idées-mèmes, tout converge à diriger nos comportements vers la consommation, l'usage et le rejet. Nous ne fabriquons plus rien, nous ne réparons plus rien ; nous achetons, usons et jetons des objets sans âme manufacturés machinalement à l'instar des mèmes qui nous habitent. Les médias créent et entretiennent soigneusement nos obsessions. La mort, la misère, la pauvreté, l'esclavage, la haine et le sexe reviennent sans cesse. Pas une pub qui ne fasse allusion à l'une ou l'autre à longueur de journée. La tragédie grecque mettant en scène des personnages tourmentés qui vont vivre sous nos yeux successivement la naissance, le combat, l'amour, les déchirements et la mort se répète ad nauseam et draine l'attention. Ainsi captivés, nous oublions tout le reste. Hypnotisés par cette réalité, nous agissons comme si rien d'autre n'était possible. Il se peut que cette influence soit gage de paix sociale. Et à ce titre, une personne assise devant la télévision, ou bloquée dans un embouteillage, ou affairée à magasiner, est toujours moins menaçante que celle qui agite fiévreusement ses idées et sème la discorde en prétendant améliorer le monde. Mais à part le fanatisme et la moutonnerie, n'y aurait-il pas une autre voie pour apporter le sentiment que la vie vaut la peine d'être vécue ? C'est ce que je crois avoir trouvé depuis que je multiplie mes perspectives sur le monde à l'aide des nombreuses avenues que nous propose la philosophie. J'ai toujours pensé qu'il y avait davantage à vivre que les ornières qu'on nos propose. J'adore visiter l'envers du décor. J'éprouve une passion sans borne à taquiner la réalité qu'on nous présente. Chaque événement, chaque réalité, chaque duperie m'amuse. Dans ce recueil de Méditations publiques, j'ai essayé de voir les choses sous un aspect différent, de relever les jupes de la réalité pour montrer ses parties intimes en essayant toujours de n'être pas dupe du fait que chaque fois qu'on visite l'envers du décor, c'est un nouveau décor qui apparaît. |
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