030525
par François Brooks
Où est le mal de vivre dans une société qui nous fait faire ce qu'elle veut si elle nous a en même temps convaincu que nous vivons en toute liberté? Quel problème y a-t-il à supporter un joug que l'on prend pour notre liberté même? À voir le peu de disponibilité des gens que je côtoie, le manque de temps me semble être la première difficulté. Mais où prennent-ils donc le temps de se cloîtrer dans leurs voitures ou devant leur téléviseurs de si longues heures, tous ces gens en déficit de temps? Peut-être existe-t-il des façons plus satisfaisantes d'exister. Est-il possible de vivre sans toujours courir après le temps, sans toujours ressentir le besoin de travailler pour se payer le bonheur promis par la propagande publicitaire qui toujours nous leurre?
Il y a, chez les gens que je fréquente, un mouvement d'assistance mutuel où l'argent est tabou. Nous éprouvons un honneur à nous rendre service sans que jamais l'argent n'y concoure. Non pas que l'on dénigre l'argent mais, par suppléance au vide que nous crée cette société marchande, l'affect humain impliqué dans nos échanges transforme le rapport froid du marchand qui n'a aucun plaisir à savoir que ce qu'il nous a vendu ne participera en rien à notre bien-être. Quand Dan me rend service, son plaisir à le faire le satisfait tout autant que moi. Et c'est pareil quand le service vient de moi.