par
C'est pas beau de faire la guerre. Oh! non! c'est pas beau. Dans la guerre
qui oppose le États-Unis à Saddam Hussein, on a vite dénoncé George Bush junior
pour ses instincts belliqueux. La guerre médiatique était déclarée. En
engageant ses troupes, Bush tue des civils innocents, ceux-là même qu'il
prétend aller libérer des griffes du méchant Saddam. La presse canadienne et
française, durant les dix premiers jours n'a souligné que les bévues américaines
coûteuses en vies innocentes.
Mais les troupes
avancent sur Bagdad et soudainement, on nous a montré une foule kurde en liesse
adulant les Américains libérateurs. Du coup, mon opinion bascule. Ceux-ci ont
maintenant raison d'avoir entamé cette guerre. On apprend aujourd'hui que les
Canadiens qui, les dix premiers jours, s'étaient opposés à l'action américaine,
ont maintenant trois bateaux qui ont appuyé leurs opérations depuis le tout
début. Je suis maintenant fier d'être du bon côté. Mieux! On nous dit qu'aucun
autre pays qui se déclarait en faveur de l'action Américaine n'a aidé autant
les États-Unis que le Canada qui se prétendait contre. Les sommes engagées par
les Canadiens les dépassent tous.
Nous avions
raison de nous opposer à cette guerre, et maintenant que les Américains sont
sur le point de vaincre l'adversaire, nous pouvons être fiers de les avoir
appuyés dans les faits depuis le début.
Si Hitler avait
gagné la guerre, nous aurions appris, jeunes à l'école, qu'il a libéré le monde
de la médiocrité, que les juifs étaient véritablement de la vermine, et que
l'humanisme est une faiblesse dont il faut se méfier.
« Que nous ayons raison ou tort, nous
devons gagner. C'est la seule voie. Et elle est moralement juste et nécessaire.
Et quand nous aurons gagné, qui nous demandera des comptes sur la méthode? » disait Adolf
Hitler. Les Juifs n'étant plus là pour témoigner, c'est le Hitler vainqueur qui
aurait créé une autre Histoire avec un autre système de valeurs à inculquer aux
masses.
Les valeurs éthiques
sont de piètre importance à côté de la victoire. Celle-ci est
décisive. Seuls les survivants ont raison. Les morts sont absents et à ce titre
ils auront toujours tort.
Lors de la
Révolution Française, celle-là même qui devait nous apporter « la Liberté,
l'Égalité et la Fraternité », il y a eu cinq
cent milles morts, nous dit Henri Laborit. Ceux qui ont imposé leur
« nouveau » système n'ont eu qu'à nous dire que ceux qui sont morts
étaient des méchants opposés aux belles valeurs françaises actuelles de Liberté,
de Fraternité et d'Égalité ; liberté qui nous
pèse bien lourd, fraternité encombrante de devoirs, et égalité qui nous pousse
à toujours nous comparer jalousement.
L'idée qui défend
des valeurs politiques, si elle est suffisamment armée, pourra exterminer ceux
qui sont contre. Ainsi, il ne survivra que ceux qui professent cette
« forte » idée. Alors, ceux qui naîtront seront dressés à croire en
elle.
Non vraiment, la
loi du plus fort l'emporte et toujours l'emportera. L'humanisme n'est qu'un amuse-gueule
intellectuel propre à alimenter les esprits qui cherchent à se donner bonne
conscience. Quand George Bush aura gagné sa guerre, il pourra se targuer
d'humanisme mais là, il aura conquis ce qu'il voulait : une hégémonie
américaine encore plus puissante... et il aura raison. Bien sûr, puisqu'il sera
le gagnant.
Ainsi, Pierre
Bégin avait bien raison de dire avec les anciens sceptiques grecs que devant la
contrainte dominatrice, aucune philosophie ne fait le poids. Seul le pouvoir
compte véritablement. Les philosophies n'apportent aucune garantie sur ce
qu'elles avancent. Seul le pouvoir de la personne qui parle donne du poids aux
idées qu'elle avance. Comment la philosophie pourrait-elle se donner du
pouvoir, elle qui n'a que des questions alors que le pouvoir a « la »
réponse?