021231
par François Brooks
− Achetez l'Itinéraire! Numéro spécial sur le « Projet de loi contre la pauvreté »!
− Quoi!?! On veut faire disparaître la pauvreté?!? Crois-tu vraiment que ce soit possible?
− Ben oui, peut-être... avec une loi...
− Hum... J'en connais un, il y a 2000 ans qui s'est essayé et qui a manqué son coup. Même que Lui, il était Dieu. Tu crois que nous, simples humains, avec une loi, on pourrait réussir là où Dieu lui-même a échoué? J
− Bonne journée.
* * *
Mme Lyne Roy, ma conseillère financière m'expliquait que selon les lois du marché, c'est le taux de chômage qui détermine l'inflation et que l'indice des prix à la consommation y est directement lié :
−
Voyez-vous, si nous avions
véritablement le plein-emploi, comme les politiciens nous le promettent, nous
nous retrouverions avec un surplus de production. Les prix à la consommation,
(selon la loi de l'offre et de la demande) se mettraient donc à chuter pour
arriver à écouler les surplus de marchandise. Ceci entraînerait, immédiatement
par la suite, une baisse de la consommation qui provoquerait une augmentation
des stocks. Le marché, ainsi saturé, devrait mettre plus de gens au chômage en
attendant que la demande revienne. Ainsi, le plein emploi est une utopie de
politicien démagogue. Le marché a ses lois. Il doit conserver un certain
équilibre. Le plein-emploi (l'absence de pauvreté) créerait donc un
déséquilibre qui, à terme, ferait augmenter le chômage et la pauvreté.
−
Mais comment se fait-il que nous ayons
les ressources planétaires et techniques pour produire des biens à profusion et
qu'il y ait encore de la pauvreté?
− C'est que justement, les ressources ne sont pas si illimitées que ça. Si nous devions donner le même niveau de richesse à chaque habitant, il nous faudrait 40 planètes (disait Paolo Soleri). C'est cette rareté là qui créé l'inflation et celle-ci doit rester sous contrôle. Le taux de chômage y est directement lié. Moins de chômage mène à plus de production et à la récession. La récession bloque la consommation et mène à plus de chômage. Il y a un équilibre à conserver et les pauvres en sont la clef. Ce sont eux qui, en quelque sorte, garantissent notre richesse commune. Voilà pourquoi ils méritent qu'on s'en occupe. Ils méritent notre obole. Ils nous sont nécessaires.
Paradoxalement, en refusant de travailler, en refusant de participer à l'économie, le clochard occupe un rôle clef dans celle-ci. On peut voir cette attitude comme une collaboration. Mais ils collaborent doublement : Quand on voit leur pauvreté, ils nous motivent à travailler pour ne pas vivre comme eux.