010827

Masculisme - Féminisme

par François Brooks

En consultant le site de l'Office des Droits des Pères et hommes conjoints de monsieur Gordon Sawyer, ( http://www.droitsdesperes.org/ )  j'ai trouvé une profusion de liens vers des sites qui militent en faveur des droits des hommes. J'ai été agréablement surpris de constater que les hommes sont doucement en train de s'organiser et je pense qu'il naîtra un mouvement masculiste[1] très bientôt, si ce n'est déjà fait.  Si le féminisme avait ses raisons d'être et qu'il en est né un fort mouvement politique, je pense que les hommes doivent maintenant s'en inspirer pour créer la balance naturelle de la revendication d'égalité et d'équité. Ça me fait drôle de penser que les féministes auront contribué à faire naître un mouvement d'hommes alors que dans la grande majorité des cas, celles-ci n'ont eu cesse de se créer une identité à partir des activités et façons de faire traditionnellement dévolues aux hommes. Seront-elles fières de voir que dans au moins un domaine, nous aurons à nous inspirer de leur action?

 

J'ai pensé longtemps que le mouvement féministe était une aberration et que les deux sexes devaient collaborer à construire un monde meilleur en comptant sur les forces caractéristiques complémentaires de chacun. Le mouvement féministe, par ses revendications égalitaristes avait fini par nous faire accepter qu'il n'y avait aucune différence entre ce qu'est capable de mieux faire un homme ou une femme. Et c'est très bien. Maintenant que ce mouvement a pris une force sociale très importante, on voit souvent apparaître dans le discours que les femmes sont meilleures que les hommes à faire telle ou telle chose. Ainsi, l'éminent futuriste Joseph C. Coates, présent à la convention annuelle de la World Future Society à Minneapolis déclarait  : « C'est un fait biologique : les femmes sont meilleures sur le plan des relations interpersonnelles. Elles s'intéressent davantage aux gens et ne sont pas coincées dans un modèle de pouvoir dictatorial. Elles fonctionnent sur un modèle tout à fait différent[2] ». Quand j'entends proférer des généralités aussi biaisées, je comprends comment les féministes se sentaient dans les débuts alors que les machos prenaient souvent plaisir à rabaisser la femme. C'est pourquoi je pense que le masculisme a sa place. Il devra nous rappeler que le féchisme[3] existe aussi et qu'il faut le dénoncer.

 

Parce que l'homme était reconnu avoir une force propre à anéantir sa femme, on avait souvent tendance à être indulgent avec celle-ci. On laissait passer ses écarts de comportement et de langage pensant qu'après tout, ils étaient plutôt inoffensifs et que l'homme pourrait toujours, en dernier recours imposer sa raison par la force. Les choses ont changé et les lois font que les hommes ne peuvent plus imposer leur force impunément. Il est donc temps que l'on reconnaisse que le pouvoir destructeur de la femme n'est potentiellement pas moindre que celui de l'homme. Pour ces raisons, on se doit de dénoncer le mépris et la violence qui viennent des femmes au même titre qu'on dénonce celle des hommes. La violence féminine – autant physique que morale – n'est plus naîve et sans conséquences ; nous devons la craindre et la dénoncer d'autant plus qu'elle provoque souvent celle de l'homme.

 

Un jeune Français qui n'a pas trente ans (je cherche son nom, je vous le communiquerai quand je l'aurai trouvé) vient de publier un livre sur les méfaits du féminisme. Les féministes obtiennent le plus souvent leur succès en culpabilisant les hommes sur des inégalités historiques. Cet homme refuse de porter le blâme en nous rappelant qu'il n'a pas à expier les péchés de ses aïeux puisqu'il est né dans un monde qui n'a jamais donné aux femmes moins de chances qu'aux hommes. Il relate d'ailleurs nombre de faits où c'est plutôt les femmes qui ont été sur-favorisées depuis sa naissance.

 

Je me suis soudain rendu compte que l'enjeux n'est plus social ou humanitaire mais plutôt politique. Les femmes, à force de revendiquer des droits, ont fini par tirer si fort sur la couverture (c'est bien humain) qu'elles se sont, dans bien des domaines, accaparées le pouvoir. Je pense alors que le féminisme doit être maintenant contrebalancé par un mouvement masculiste. Bien entendu, ces deux mouvements ne sont pas attachés spécifiquement au sexe de la personne. Je connais bien des hommes qui sont plus féministes que les femmes et je connais aussi bien des femmes qui se foutent éperdument du féminisme et qui sont plutôt sensibles à la cause des hommes.

 

Je pense qu'en s'inspirant du mouvement féministe, les hommes pourront revendiquer la légitimité de leur mouvement pour les mêmes raisons. Si nous acceptons le principe de l'égalité, il nous faudra donc accepter de l'appliquer de façon symétrique et perdre nos préjugés jusqu'au bout. Ainsi, le masculisme sera l'idéologie "chien de garde" en faveur de l'égalité pour hommes, tout comme le féminisme est le "chien de garde" revendicateur de l'égalité féminine. Sans cet outil d'équilibre, le féminisme prendra un pouvoir tel dans notre société que les hommes deviendront de plus en plus ce que les femmes leur reprochent d'être : primitifs et inutiles. Je pense même que si les féministes sont honnêtes dans leurs revendications égalitaires, elles accueilleront et légitimeront ce mouvement de facto.

 

Cependant, il ne s'agit pas de réclamer seulement qu'on nous reconnaisse cette légitimité. Il s'agit de s'imposer, tout comme les féministes l'ont fait depuis la montée en flèche de leur pouvoir. Se prendre en main, s'accepter et s'aimer soi-même tel que l'on est, prendre sa place et ne pas attendre qu'on nous en désigne une. Manifester nos besoins et ne pas en avoir honte. Développer nos propres ressources. Revendiquer l'égalité. Instituer la Journée internationale de l'homme. Se doter d'un Ministre de la condition masculine, etc. Arrêter de vouloir culpabiliser l'autre assumer notre légitimité intrinsèque. Voilà le programme. Avec la solidarité masculine, nous pouvons faire cesser les aberrations et les débordements que les féministes ont favorisés à notre détriment[4]. Nous avons des droits à prendre et à faire reconnaître.

 

Ces idées ne peuvent faire sourire que les gens qui entretiennent l'image de suprématie du male dans leur esprit. Les faits démontrent la fragilité et la vulnérabilité des hommes. Ceux-ci doivent s'unir et s'organiser pour se protéger des aberrations que certaines femmes leur font endurer en jouant sur leur prétendue supériorité qu'elles dénoncent alors que c'est cette dénonciation souvent mensongère qui lui donne le pouvoir sur l'homme.

 

Le POUVOIR. Voilà bien ce que les féministes se sont donné. Mais en politique, il faut un équilibre ; sinon c'est la tyrannie qui s'installe. Jusqu'à présent, ce mouvement opérait seul, sans contrepartie. Le masculisme rétablira l'équilibre.

 



[1] Je sais, c'est un néologisme. Le mouvement masculiste est le pendant du mouvement féministe. Je propose aussi le terme masculisme. (Et non pas masculinisme comme on entend parfois. En effet, on ne dit pas fémininisme.)

[2] Propos rapportés par Steve Proulx dans son article Le début d'un temps nouveau?, paru dans le journal Voir du 23 août 2001.

[3] Autre néologisme que je propose. (le machisme est au masculin ce que le féchisme est au féminin)

[4] À cet effet, je vous recommande la lecture du livre de Georges Dupuy, Coupable d'être un homme, publié chez VLB. Si vous pensez que les femmes sont des anges vis-à-vis des hommes, ce livre vous ouvrira les yeux sur cette vision féministe de la réalité.