010613
par François Brooks
La philosophie est une arme dangereuse
parce qu'elle permet de penser en dehors de toute religion.
« Lorsque
le monde parlait arabe » (série diffusée à TV5 du 4 au 15 juin 2001)
Je suis toujours étonné de constater combien peu chez mes contemporains exercent leur droit de penser par eux-mêmes[1]. Bien sûr, cet exercice demande du travail. Comme un entraînement pour la forme physique, il faut choisir activement de s'exercer, rejeter la facilité, faire table rase de toute pensée non fondée, se remettre en question. La liberté est un droit qui s'exerce. La facilité du dogme et des courants sociaux est beaucoup plus séduisante.
Mais comment se fait-il que tout un chacun prétende exercer son droit à la liberté et que, une fois garantie par les Chartes qui nous gouvernent, on la laisse aller si facilement?
En parlant de la publicité, Frédéric Beigbeder disait : « Aujourd'hui, je sais que rien ne changera, c'est impossible. On ne peut pas lutter contre un adversaire omniprésent, virtuel et indolore. »[2] Peut-être est-ce justement parce que rien ne fait mal. Les combattants des siècles derniers qui se sont battus pour nous donner ce bien inestimable devaient bien savoir que la vraie liberté contient, paradoxalement, la possibilité de se l'aliéner. Méritons-nous cette liberté de penser par soi-même si chèrement acquise par les philosophes qui nous ont pavé la voie? Que faisons-nous, au jour le jour, pour les connaître et nous approprier la liberté que tout un chacun cherche à conditionner à leurs propres intérêts?