010524

L'arroseur arrosé

par François Brooks

Combien de fois ne voit-on pas affiché sur un mur « Interdit d'afficher »? « Ce que je n'arrive pas à supporter chez-toi, c'est que tu critiques tout » me critiquait dernièrement un collègue avec colère. Les pauvres voudraient avoir l'aisance des riches qu'ils méprisent, mais alors, ils seraient riches à leur tour, donc, méprisables. L'athée professe que Dieu n'existe pas mais comment peut-il parler de quelque chose qui serait du néant? Les féministes réclament l'égalité ; je n'ai pourtant jamais entendu dire qu'aucune n'était prête à étendre cette revendication entre elles-mêmes. Le journaliste nous montre, la larme à l'œil, mille catastrophes mais il encaisse joyeusement le salaire de ses reportages. Le scientifique nous fait croire qu'il détient l'ultime Vérité : « C'est scientifiquement prouvé », nous dit-il, mais ses certitudes ne sont jamais basées que sur des hypothèses et il influe le plus souvent lui-même sur l'expérience objective qu'il veut démontrer. « Il n'y a rien à dire, mais je vais tout vous expliquer[1] » nous dit le gourou.

 

Qui donc a prétendu que nous devons nous servir de notre bon-sens et réfléchir?

 

Non ma chère, on a beau prétendre vouloir observer les lois de la logique et de la cohérence, le paradoxe nous convient tellement mieux!

 

Et moi qui, dans ma solitude, aimerais être entouré d'amis, en dénonçant tous ces travers, je viens encore de me mettre tout le monde à dos.

 

Quelqu'un pourrait-il m'indiquer la sortie de cet enfer s'il vous plaît?

 

   C'est le silence François. Ta gueule!

 

Mais tu viens de parler...

 



[1] Citation de Guy Tétreault