010501
par François Brooks
Dans une économie où les ressources naturelles sont illimitées, la possibilité d'enrichissement de chacun existe. Dans une économie où les ressources naturelles sont limitées, seul les plus riches peuvent s'enrichir puisqu'ils ont la possibilité d'accaparer les ressources.
Depuis la fin du XXe siècle, la démographie galopante, le perfectionnement technologique, l'absence de guerres dépeuplantes et les progrès en santé publique conjugués nous font entrevoir les limites écologiques de la planète. Il se peut que désormais, la pensée capitaliste doive faire place à une autre forme de développement si nous voulons continuer à survivre si nombreux sur une petite planète.
Compte tenu de leurs nombreuses populations, l'Inde et la Chine sont, à mon avis, des modèles à surveiller. Ils ne sont sans-doute pas enviables mais ils nous montrent peut-être déjà ce à quoi nous devons nous attendre. Il me semble évident que le modèle américain est peu viable et dépassé, même s'il est séduisant.
La dette galopante des pays qui pensaient pouvoir rembourser en comptant sur une future productivité accrue mène à une impasse. On les a endettés au-delà de ce qu'ils peuvent produire sans menacer l'écologie globale. Aucun pays ne peut prétendre avoir des ressources illimitées.
Comme si nous jouions à un immense jeu de Monopoly mondial, tous les terrains sont vendus et il ne reste plus à certains que l'air qu'ils respirent. La liberté individuelle a permis aux plus doués de profiter davantage mais les autres n'ont que faire d'une liberté sans possibilités.
Le modèle communiste mène aussi à l'impasse puisque, comme on l'a constaté avec le régime soviétique, l'État-monopole déresponsabilise, freine la productivité et engendre un système de privilèges.
Le défi à relever semble clair mais contradictoire :
Comment créer une économie productive qui permet à chacun de vivre décemment en respectant le rythme de la planète qui doit renouveler ses ressources? Comment permettre une distribution plus équitable des richesses tout en maintenant la motivation, la productivité, et en évitant un communisme nivellateur?
Voilà à mon sens, les deux questions qui définissent les trois pôles des enjeux économiques mondiaux en ce début de XXIe siècle. Jusqu'ici, le jeu politique n'avait que deux de ces trois variables à équilibrer. Nous devrons désormais tenir compte de l'écologie.
L'équilibre sera maintenu d'une manière ou d'une autre. Mais pourra-t-on le faire intelligemment sans avoir recours aux guerres, ces horribles équilibrants traditionnels? La famine et l'injustice sociale grandissent. Que faire? Je souhaite qu'elles n'atteignent jamais le seuil où nous perdrons de vue que la plus grande valeur est celle de la vie humaine.