LES LUMIÈRES 

Pinel (Philippe)

17451826

Aliéniste français

Père de la psychiatrie

Moralisme mental — Psychologisme médical

* ALIÉNATION *

L'aliénation mentale relève de la médecine ; la démence peut être guérie par des remèdes moraux et des médicaments appropriés.

Le « fou » n'est pas un animal sans âme, ni un criminel à enchaîner, et encore moins un être envoûté par le démon ; mais un malade victime de son passé mental ou de dysfonction physiologique. On doit le soigner avec une ferme sollicitude, et non le traiter violemment, le punir ou l'exorciser.

Les entraves ne font qu'aggraver son cas. Il faut libérer le malade de ses chaînes pour observer attentivement ses agissements et l'amener à prendre le contrôle de son comportement en se servant du côté encore intact de sa raison. L'aliéné pose des raisonnements compréhensibles lorsqu'on étudie son histoire personnelle. Le passé éclaire souvent le sens de raisonnements qui, de prime abord, semblent irrationnels. On peut ainsi le traiter moralement en l'amenant à voir où il s'égare.

La nosologie étudie les caractères distinctifs des vésanies (aliénations mentales) et propose une classification méthodique. Les troubles mentaux — névroses des fonctions cérébrales — qui ne sont pas dus à des lésions organiques, sont déclenchés par les émotions. On distingue deux types : démence et idiotisme. Le premier comprend la mélancolie (dépression), la manie (habitude bizarre, idée fixe, excès) et la démence (conduite irraisonnée). Le second, l'idiotisme, consiste à une oblitération plus ou moins absolue des fonctions de l'entendement et des affections du coeur. C'est l'affection la plus répandue ; elle est généralement incurable.

La guérison des manies périodiques et du délire s'effectue souvent sans médicament par le seul régime moral et physique. Les crises ont un effet salutaire : le calme succède, et amène en général une guérison d'autant plus solide que l'accès a été plus violent. Le traitement consiste à apporter des remèdes moraux, comme les écrits de Platon, Sénèque, Cicéron, etc., et à cadrer les travers et caprices de l'insensé avec une fermeté inflexible et bienveillante.

Sources

Philippe Pinel, Nosographie philosophique Tome 3, 1797,
et L'aliénation mentale ou la manie : Traité médico-philosophique, 1780.

Philo5
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