ANTIQUITÉ 

Moïse

-1392-1272

Prophète hébreu

Monothéisme

Judaïsme

Mosaïsme

* DIEU — HACHEM *

Dieu est unique, innommable et ineffable ; Il est l'Être Éternel.

On ne peut nommer Dieu sans se tromper.

Un seul Dieu

Il n'existe qu'un seul Dieu, unique, universel, qui a tout créé, et règne sans partage sur la création. Le polythéisme païen est une conception morcelée de la divinité. Dieu ne peut être divisé ; Il concentre toute la puissance de l'univers en une seule entité. Aucun Dieu ne saurait Lui être supérieur.

On ne peut nommer Dieu

Il est impossible de nommer Dieu. Comment pourrait-on tout dire en un seul mot ? C'est pourquoi la Torah Le désigne simplement par le terme « le Nom (Hachem[1]) ».

Pour agir sur le monde, il est nécessaire de nommer les choses, les lieux, les animaux, les personnes, etc. Comme l'Être suprême a tout créé, c'est Lui qui agit sur le monde ; personne ne peut agir sur Dieu. Il est donc impossible de Le nommer sans se tromper. On ne peut pas réduire Dieu à un petit vocable de quatre lettres : « D-I-E-U ». Et lorsque l'on parle de Dieu, ce n'est certainement pas de Lui que l'on parle, puisqu'Il est ineffable.

Lorsque Moïse demande à Dieu par quel nom il doit Le désigner en s'adressant au peuple, Dieu répond ; « Je serai comme Je serai (Ex.  3,  14) ». Dieu est une entité qui concerne l'existence en devenir. Moïse est Son prophète, et Dieu ne saurait être désigné par un terme du langage ; ce serait le réduire.

Dieu est l'existence même

Tout ce qui existe provient de Dieu puisqu'Il a tout créé. Dieu est l'Absolu contraire du néant. Il est l'Être qui ne dépend de rien — une volonté absolument libre — et dont tout tire son existence. On désigne généralement Dieu par plusieurs noms, mais aucun ne peut Le désigner adéquatement puisqu'Il est à l'origine de toute chose et de tout être vivant. Dieu n'est pas matériellement accessible aux sens, mais Il est l'existence même.

Dieu est l'Éternel

Dieu est l'Être sans commencement ni fin. Son essence (le plan dont Il s'est servi pour créer le monde) est contenue dans la Torah ; celle-ci est Dieu Lui-même en tant que Verbe, c'est-à-dire la parole, le Livre d'où tout parvient à l'existence. Hachem échappe à la personnification en même temps qu'Il épouse toute identité, quelle qu'elle soit. Il est hier, aujourd'hui et demain ; Il est donc impossible à identifier puisqu'Il est toujours en cours de réalisation. Et puisque le monde où nous vivons n'est pas encore achevé ni ne le sera jamais. Il est donc impossible de parler de Lui sans se tromper.

Comment accéder à Dieu ?

Comme Dieu n'a pas de matérialité définie, le rapport direct à Dieu est impossible. « Nul homme ne peut Me voir et vivre (Ex. 33, 20) ». L'homme et Dieu ne sont pas de même nature, c'est pourquoi il ne peut y avoir de relation immédiate entre eux. Une nature finie ne peut entrer en relation avec une nature infinie que par la médiation, bien que celle-ci ne soit jamais parfaite. La foi ouvre l'accès à Dieu, ainsi que la confiance en la foi du Prophète.

Hachem régit tous les aspects de l'existence, mais Le nommer est aussi impossible que d'entrer en rapport direct avec Lui. La Torah met en scène quantité d'artifices magiques servant de médiation entre le Prophète et Hachem. On Y accède par les offrandes, la prière et le respect des Lois. Les Lois sont Dieu lui-même en tant qu'elles expriment la volonté de Hachem. Le concept mosaïque du divin exige un approfondissement qui dépasse la lecture profane. On ne peut penser un Dieu unique et universel de la même manière que l'on conçoit un dieu païen ou un simple Dieu national.

Les noms de Dieu

Puisqu'il est impossible de nommer Dieu, la Torah utilise de nombreuses dénominations qui évoquent toutes des qualités : Jéhovah — Yahvé — Iavhé (tétragramme : YHWH - Être, Devenir), Hachem (Le Nom), l'Innommable, l'Éternel, le Créateur, le Tout-Puissant, etc. D'ailleurs, s'adresser à Dieu comme à une personne est un procédé métaphorique qui permet un accès, intime, imagé, mais il faut comprendre que c'est un artifice de langage. Il est impossible de fabriquer une image de Dieu ; Il n'est pas une personne. C'est pourquoi l'on ne peut entrer en rapport direct avec Lui. La vérité du rapport à Dieu est validée par la foi, jamais prouvée empiriquement ; ce serait encore Le réduire.

Usage du Dieu unique

Le concept mosaïque d'un Dieu unique sert d'abord l'unité nationale. Sortis d'une situation d'esclavage dans un pays polythéiste, les Hébreux ont besoin d'un principe rassembleur permettant de conserver leur identité pendant la période nomade en attendant de s'installer en Terre promise.

Dans une situation précaire, la foi tenace en la promesse du Dieu de leurs ancêtres est salutaire pour le peuple sans patrie. Elle permet d'organiser les institutions publiques hors de tout territoire défini, autour d'un principe religieux. Enseignements, hygiène, soins de santé, rapports familiaux, relations d'affaires et sociales, les règles sont consignées par écrit dans les textes sacrés. Le pays n'est pas tant la terre où l'on habite que les principes conservés dans le Livre qui tient lieu de pays. Celui-ci, régissant tous les aspects de la vie publique et privée, prescrit les rituels et entretient la réitération des promesses d'un Dieu juste. La crainte d'être retranché de son peuple dans une situation incertaine assure l'adhésion de l'individu à la communauté hébraïque. La fidélité au Dieu unique permet d'entretenir l'espoir dans une période d'extrême vulnérabilité.

Le principe d'un Dieu unique formulé par Moïse fonde une conceptualisation nouvelle de la divinité qui va se répandre parmi de nombreuses nations sur plusieurs millénaires jusqu'à aujourd'hui.

Sources

Philo5
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