L'être est composé de trois éléments : le corps, le souffle et l'intelligence.
Il faut pratiquer la tempérance, la douceur, la bonté, l'effort vers la perfection. Dieu
(les dieux) ne cherche(nt) pas tant à être adoré(s) qu'à être imité(s).
Rien ne mérite notre estime ou nos soins sinon que d'éviter de
blesser Dieu et le génie en moi.
Comme le cours du monde est entièrement déterminé
par un destin sur lequel nous n'avons pas d'emprise, le bonheur
dépend de notre capacité à y consentir. La douleur vient du refus et
de l'aveuglement de celui qui se croit libre. On ne doit laisser
aucun affect troubler la paix de l'âme (ataraxie).
On ne doit pas se laisser envahir par la
tristesse et la crainte ; l'éphémère est la condition commune de
toutes choses qui passent et reviennent sans cesse.
L'âme doit être prête aux trois conséquences possibles après la mort : extinction, dispersion ou éternité.
Dix préceptes à considérer comme des présents des Muses
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Les êtres inférieurs sont faits pour les êtres supérieurs, et réciproquement.
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Examine les hommes en détail et vois les nécessités que leur imposent leurs idées, et l'orgueil qui les anime.
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Si les hommes se conduisent mal, c'est par pure ignorance, sans mauvaise intention. L'irritation, l'indignation et la colère sont donc inutiles.
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Tu ressembles aux autres hommes : tu as commis des fautes nombreuses et ta nature humaine te dispose toujours à en commettre.
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Tu ne peux être sûr que les autres sont en faute puisqu'il y a beaucoup d'actes regrettables qui sont commis avec de bons motifs.
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Quand la colère t'anime, pense que la vie ne dure qu'un instant et que, dans quelques jours, nous serons tous dans la tombe.
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Ce n'est pas l'acte qui nous affecte mais l'idée qu'on s'en fait. Il faut donc supprimer l'idée qui nous met en colère.
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Les emportements et la douleur sont plus pénibles que les actes qui les provoquent.
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La bonté est invincible.
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Prétendre empêcher le mal fait par les méchants est de la folie puisque c'est désirer l'impossible. Mais concéder sur le mal fait aux autres est la déraison d'un tyran qui ne voit pas que ce mal l'affecte aussi.
Il ne faut ni s'emporter ni flatter. La force s'augmente avec l'impassibilité. La douleur et la colère sont des signes de faiblesse ; c'est l'aveu de reddition.
Quatre erreurs à éviter
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Entretenir une idée qui n'est pas indispensable.
(Éviter les idées futiles.)
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Agir de manière à relâcher les liens de la communauté.
(Éviter l'individualisme.)
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Dire des paroles qui n'expriment pas ma propre pensée.
(Éviter les ragots, l'irresponsabilité verbale.)
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Soumettre la plus divine partie de notre être, l'esprit, à la moins précieuse, le corps.
(Éviter de se livrer aux voluptés grossières exigées par le corps.)
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Marc Aurèle,
Pensées pour moi-même, Livre XI, XVIII
(CD2-[43]à[46]).
Ibid., Livre XI, XIX
(CD2-[47]).
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