De quoi le monde est-il fait ?
Nul besoin de métaphysique
pour expliquer le sujet qui n'est pas divisé entre corps et esprit
(étendue et pensée) — ni
même distinct de la matière —, mais constitué d'un « Moi »
unitaire au moyen des sens qui le raccordent au monde.
Le monde semble
collé à notre corps. Le puissant « TAC » du canon
à distance est perçu collé à
l'oreille ; de même, sans l'intégration psychique, l'image que
l'œil du nourrisson aperçoit lui semble collée à la rétine.
Mais tous les systèmes de sensations d'espace convergent et
s'associent pour diriger nos mouvements efficacement. Le monde est
le complexe d'excitations que nous percevons par les sens.
Non pas cinq, mais huit sens
Outre les cinq sens
usuellement admis — la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat
et le goût — trois autres complètent notre rapport au monde.
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Le sens de l'équilibre
Le sens de l'équilibre est constitué d'un
double système perceptif logé dans
l'oreille interne : a) trois canaux semi-circulaires perçoivent la
position de la tête dans chacune des trois dimensions
(tangage, roulis, giration) b) l'utricule et le saccule captent
l'accélération.
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Le sens musculaire
Le sens musculaire
(aujourd'hui appelé proprioception)
est en relation directe avec la gravité. Il se neutralise par
l'immersion.
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Le sens du temps
Le temps est un constituant physique inhérent à tous les autres sens puisque
la perception est affaire de variation de l'excitation.
La science
La science est « un problème de minimum qui consiste à exposer les faits aussi parfaitement que possible avec la moindre dépense intellectuelle ». Les lois scientifiques sont des descriptions abrégées d'événements expérimentaux, élaborées pour permettre la compréhension humaine de données complexes et pour nous permettre de nous orienter au sein des phénomènes.
Seul existe ce qui peut
être exprimé dans les lois expérimentales. La théorie de la
connaissance en science est une étape de la tendance humaine à se
conserver ; elle ne vise nullement la vérité de façon désintéressée.
La réalité du « Moi » : monisme physicaliste
L'excitation de chacun de
nos sens produit une forme de consensus psychique par l'intégration
des différentes sensations. La plupart des interrogations concernant
une perception sensitive visent à comprendre comment elle s'insère
parmi les autres sensations. L'observation partielle est alors
complétée par l'habitude et la mémoire. Cette intégration produit notre
propre réalité. La physique et l'esprit se confondent dans un tout.
Comme la plupart de nos perceptions restent stables à long terme, la
sensation du « Moi » se cristallise. Mais le « Moi »
propre
compte pour rien puisqu'il surgit de la « liaison éphémère
d'éléments changeants ». Il n'est pas illusion, mais
construction fortuite, aléatoire et provisoire.
Ainsi naît la réalité du monde, telle est sa
vérité.
Il n'y a donc pas d'opposition entre corps
(matière)
et esprit ; l'un est la copie réduite de l'autre ;
les deux sont des composantes indistinctes de la nature.
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