STRUCTURALISME 

Lévi-Strauss (Claude)

19082009

Anthropologue et ethnologue français

Fondateur de l'anthropologie structurale

Structuralisme

* MYTHE *

Derrière la variété culturelle, l'unité psychique de l'humanité subsiste.

La prohibition de l'inceste fonde la société.

Le sentiment religieux est fondamental. Il est à l'origine du mythe dont la structure se transmet par la culture à travers les générations.

Structuralisme

Aucune évidence immédiate ne permet de comprendre les moeurs des peuples. La description détaillée de l'individu (approche psychologique) et l'infinie variété des comportements de groupe (approche sociologique) montrent une complexité apparemment insurmontable. L'anthropologie a besoin d'un outil pour décrire l'homme plus simplement pour échapper au modèle occidental qui ne peut être considéré comme référence universelle lorsqu'on veut étudier les civilisations éloignées de la nôtre.

En observant l'organisation familiale, les moeurs et les coutumes de diverses peuplades, on constate les différences d'où se dégage une structure inconsciente de comportement que l'on peut retrouver dans toute civilisation. Le structuralisme anthropologique propose une description plus scientifique des peuples, dévoile la forme de l'activité de l'esprit humain en général, et explique aussi bien les comportements individuels que ceux des groupes.

[2]

La « structure sociale » se distingue des « relations sociales » en ce sens que la première est le modèle sur lequel se conforme l'action de la seconde.

« Toute culture peut être considérée comme un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l'art, la science, la religion. Tous ces systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité physique et de la réalité sociale, et, plus encore, les relations que ces deux types de réalité entretiennent entre eux, et que les systèmes symboliques eux-mêmes entretiennent les uns avec les autres. »[1]

Égalité culturelle

La culture occidentale a tendance à se poser comme supérieure, mais elle n'est qu'une modalité d'existence sociale parmi un ensemble limité de coutumes possibles. C'est le résultat d'une conception du monde en structure hiérarchique. La « pensée sauvage » des peuples « primitifs » ne s'intéresse pas seulement à l'utilitaire, elle est aussi constituée d'abstraction et de logique ; mais ces attributs ne se situent pas au même niveau dans leur échelle des valeurs.

Les solutions technologiques ne prouvent pas la supériorité d'un peuple. Il n'existe pas de civilisation « primitive » ou « évoluée » ; il n'y a que des solutions différentes à des problèmes fondamentaux identiques. Chaque culture possède une originalité qui participe de la variété des moeurs humaines. Quelle que soit la culture, une structure s'érige en système de coutumes dont l'inventaire est limité. Les sociétés humaines se bornent à choisir parmi un ensemble de coutumes déterminées celles qui constituent leur identité.

Derrière la variété des cultures, il existe une unité psychique de l'humanité. L'humain ne peut être compris qu'en étudiant les ethnies les plus éloignées de la nôtre. Pour l'anthropologue, le structuralisme est un outil qui permet de déchiffrer les civilisations. Celles-ci combinent des éléments de base communs à toute l'humanité, comme elles le font avec les différents sons de la langue. Penser que notre civilisation est supérieure à une autre ne dit rien sur notre supériorité, mais démontre simplement notre ignorance des autres cultures.

La prohibition de l'inceste comme fondement social

Les relations de parenté constituent une structure qui impose des alliances dont la prohibition de l'inceste est la clé. Celle-ci est un « invariant culturel » qui permet à la famille de créer des alliances avec d'autres familles. L'interdiction de marier sa propre fille ou soeur donne en contrepartie le droit de revendiquer l'échange réciproque des femmes et d'élargir ainsi la tribu. La circulation des femmes lie différents groupes sociaux et crée la société.

Le cru

Les peuplades qui mangent cru n'ont aucune notion de cru puisqu'elles ne conçoivent pas la cuisson des aliments. Cet usage leur étant inconnu, elles n'ont donc aucun mot pour parler de ce qu'elles ne conçoivent pas. La réalité ne peut accéder au langage que si elle se pose en contraste vécu.

Mythes et religion

Le sentiment religieux n'est pas dangereux, mais fondamental. Il correspond à un besoin très profond. C'est un langage bien construit ; une fois qu'on accepte les fausses prémisses, le système apparaît très cohérent.

L'histoire est à l'Occidental ce que le mythe est au primitif ; elle est une manipulation arbitraire pour inventer une vision globale de l'univers ; c'est notre mythe à nous. On retrouve parfois une ressemblance troublante entre les mythes de civilisations éloignées et les nôtres. Comme nos structures psychiques sont semblables, il est probable qu'ils aient été créés sans aucune communication entre les cultures.

Mythèmes

Le sémantème est l'élément d'un mot qui en constitue la signification. Le mythème est au mythe ce que le sémantème est au lexique ; il est l'élément qui donne sens au récit.

L'humain est prisonnier d'un monde absurde : vie/mort, désirs/interdits, bien/mal, aspirations infinies/finitude. Pour que la vie ait du sens, les cultures produisent des mythes, des récits héroïques. D'une société à l'autre, les récits varient, mais on retrouve la même structure dont les mythèmes sont les repères sémantiques.

1. Ordre initial : Vie banale.

— Superman est un modeste employé de bureau ; il pourrait être n'importe qui.

2. Transgression/Danger : L'hécatombe menace la ville.

— Le héros constate l'imminence de la destruction.

3. Lutte : Le héros confronte la mort.

— Superman émerge pour manifester la force vitale.

4. Rédemption : Le héros sort vainqueur.

— Superman anéantit la menace ; il est glorifié.

5. Renaissance : Le héros est transformé ; il apporte un don.

— Superman a sauvé la ville, et retourne dans l'anonymat ; sa vie a du sens.

Cette structure en cinq mythèmes se retrouve dans tous les mythes de toutes les cultures à toutes les époques. Elle constitue la forme anthropologique la plus fondamentale.

Sources

[1] Introduction par Claude Lévi-Strauss de Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, PUF © 1950.

[2] Reproduction du schéma de Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, Plon © 1955, Pocket #3009, p. 282.

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