Lacan (Jacques) |
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1901 — 1981 |
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Psychiatre et psychanalyste français
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Lacanisme Structuralisme |
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* L'INDICIBLE * |
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L'inconscient est structuré comme un langage. L'humain est un parlêtre. L'inconscient est le discours de l'Autre. L'Autre me pense, donc je suis. Le désir de l'Autre est le moteur de ma vie ; son objet est toujours perdu. La femme n'ex-siste pas ; l'homme, lui, ex-siste. La mort n'est qu'un acte de foi. |
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Du stade du miroir au monde symbolique Le stade du miroir est le moment où l'enfant s'arrache de la fusion avec la mère et reconnaît son image comme le Moi. En même temps, il se dégage du « fantasme du corps morcelé », où il percevait son corps comme des membres dispersés, et accède à l'unification de son propre corps. Ce moment est fondateur de l'être individuel et marque le point de départ de la conquête de son identité autonome. Se situant entre l'âge de 6 et 18 mois, cette expérience narcissique précède toute intersubjectivité symbolique : dont la parole. Le Sujet va ensuite se constituer par son accès au monde symbolique. L'humain est un parlêtre L'être humain se distingue par la parole, c'est un « parlêtre ». L'inconscient est structuré comme un langage. L'inconscient est pour ainsi dire une langue privée, comme un texte régi par une grammaire et des caractéristiques propres que la psychanalyse tente de décoder. Les signifiants (voir Saussure) constituent un réseau primordial puisqu'ils font système à tous les niveaux de langage. Mais, en même temps que le Moi entre dans le langage, il s'y aliène et perd sa Vérité fondamentale. La Vérité fondamentale du Moi est notre « réalité personnelle ». Elle ne peut s'exprimer totalement avec des mots ni aucun autre signifiant. Elle est indicible. C'est le « spaltung » (clivage ou fente) du Sujet, représenté comme barré (), où il ne peut se dire qu'approximativement. Cette opération fait apparaître le sujet désirant. Le supposé Moi est en réalité une identification avec quelqu'un d'autre ; ainsi, chacun est — non pas lui-même —, mais coincé dans un certain nombre d'images modèles sur lesquelles il s'est configuré. Dès lors, comme l'humain est un animal parlant, il n'est pas simplement coincé dans des identifications, mais il est confiné dans son langage — sa langue — dont il n'est pas le maître. Il est donc autant parlé que parlant. L'humain est « parlé par sa propre langue ». On est aliéné à sa langue ; nos mots trahissent notre réalité personnelle ; ils ne l'esquissent que très approximativement. La LOI en tant que RÈGLES qui régissent le langage C'est le Nom(non)-du-Père représentant le monde symbolique qui nomme l'enfant et définit la Loi. Ce n'est pas moi qui définis la signification des mots que j'utilise, mais une sorte de loi-consensus sur laquelle je n'ai aucun pouvoir. Lorsque je parle, j'utilise les mots du langage, et je consens implicitement à ce que ces mots — qui ne sont pas créés par moi — me définissent symboliquement. Aussitôt que je dis quelque chose qui sort du sens usuel, on me rappelle à l'ordre ; le Non-du-Père apparaît ; l'Autre me somme de m'expliquer. Et si l'on ne me comprend pas, on m'ignore, on m'isole, on me considère comme « fou », bizarre, original. La langue exerce une tyrannie impitoyable sur le sujet. En somme, ce sont les mots définis par les Autres qui signent mon existence sociale. Ainsi, en parlant je m'expose au jugement de la Loi des Autres, au Nom-du-Père, parce que j'emprunte des mots qui ne m'appartiennent pas en propre pour dire ce que je suis. Ce que je suis réellement est inexprimable ; c'est la Vérité des Autres qui détermine mon existence. Mais en tant que sujet, parallèlement à la loi linguistique du monde des Autres, mon subconscient s'élabore comme une langue privée ; un monde intérieur que j'organise inconsciemment pour m'accommoder, m'approprier, fabriquer le monde symbolique qui imprime ce que je suis en moi-même. Je suis la pensée des Autres L'ordre propre où évolue chaque être humain (sa symbolique) est défini par la parole comme dette à accomplir. Mais le sujet est impossible à dire, indicible, puisque s'il pouvait être rendu totalement par des mots (ou par tout autre signifiant) il leur abandonnerait sa réalité. « Je pense où je ne suis pas, donc je suis où je ne pense pas. » Contrairement au cogito de Descartes, il ne peut y avoir de coïncidence dans le sujet entre l'être et la pensée. Les Autres me pensent, donc je suis. Désir aliéné Le désir est désir de l'Autre, il est le moteur de ma vie ; il domine l'inconscient et ne subsiste que grâce au sentiment de castration. Dans le désir, on ne poursuit pas un objet qu'on peut atteindre, mais au contraire, un objet impossible à atteindre ; l'objet du désir est toujours perdu, c'est pourquoi il est attirant. Un désir comblé s'évanouit. Réel - Symbolique - Imaginaire
L'go,
(ou symptôme)
est un phénomène psychique tissé sur trois plans : Le réel n'est accessible directement que par les sens (voir, toucher, sentir, entendre, etc.). Pour accéder à l'existence psychique, il faut lui donner un sens. Pour ce faire il doit être représenté par un système symbolique (mot, dessin, parole, signe). Le langage est constitué de signifiants codés, interprétés par l'imaginaire que nous appelons concepts ou signifié. La jouissance phallique (jφ) se situe à l'intersection du Réel et du Symbolique. Le sens apparaît à l'intersection de l'Imaginaire et du Symbolique ; il se situe hors du Réel. La jouissance de l'Autre est au croisement de l'Imaginaire et du Réel ; elle sort du champ Symbolique ; on ne peut l'exprimer. Enfin, l'objet a (« petit a ») est au centre, à l'intersection de toutes les jouissances ; il est l'objet causant tous les désirs. Explication : À l'origine, nous fusionnons voluptueusement avec la mère. Ensuite, le non-du-père nous arrache à la mère et nous précipite dans le langage, donc, dans l'existence des Autres. L'objet a est l'écho de la jouissance initiale pleine et entière qui sera l'objet de tous nos désirs désormais fantasmés indéfiniment dans mille substituts : gloire, sexe, argent, délices, etc. Mais ils seront inatteignables, puisque leur satisfaction ne sera jamais à la hauteur du bonheur foetal initial. Ainsi, l'humain recherche inlassablement le bonheur de la plénitude perdue. |