Les lois naturelles ne sont la cause d'aucun phénomène ; elles décrivent simplement a posteriori
ce que l'on a coutume d'observer.
La chaîne des causes est si complexe qu'aucune loi ne peut prédire avec certitude le déroulement des
événements. Bien qu'en observant la boule de billard, nous puissions prévoir, par habitude, qu'au moment où elle touchera une autre boule,
celle-ci sera propulsée, nous ne pouvons le prédire avec certitude puisque pendant le déroulement de l'événement, il peut se produire quelque
chose d'inattendu. Les raisonnements par induction n'apportent que des probabilités par l'habitude de nos observations sur des
cas particuliers. On pense que la fermière est bienveillante parce qu'elle nourrit chaque jour le poulet ; mais lorsqu'elle lui coupe le cou
pour le cuisiner, notre jugement prend une tout autre dimension.
L'expérience maintes fois répétée d'ombre et de contraste nous fait croire que
A
est plus sombre que
B
alors qu'ils sont strictement de la même teinte.
Puisque nous avons toujours observé que le soleil se lève chaque matin, nous pensons qu'il en sera ainsi demain. Mais il
n'y a rien d'absurde à penser qu'il puisse en être autrement puisque l'esprit peut concevoir aussi bien l'un que l'autre.
Lorsque les phénomènes se reproduisent régulièrement, notre raison, habituée à en faire l'expérience, leur attribue une nécessité logique.
Mais il n'y a pas de lien nécessaire entre coutume et logique ;
l'habitude peut être rompue sans enfreindre la logique.
La croyance dérive de l'expérience par accoutumance. Elle fonde la vérité.
L'imagination est une opération de l'esprit sur les objets de l'expérience.
On peut, par exemple s'imaginer la tête d'un homme avec le corps d'un cheval.
L'imagination peut inventer les combinaisons les plus incroyables, mais il est impossible d'y croire
puisque nous ne pouvons concevoir et croire que ce que nous avons déjà expérimenté.
Telle est la différence entre fiction et croyance.
Dieu apparaît toujours comme un être
. Bien qu'on le déclare d'une nature infinie, ses attributs, autant physiques
qu'intellectuels, se comparent toujours à ceux de l'humain : grandeur, bonté, intelligence,
science, sagesse, etc. Le sentiment religieux se fonde sur l'expérience humaine. La crainte et l'espérance, la joie et la douleur, le sublime.
Confronté à l'immensité et aux sentiments extrêmes, l'humain voit en Dieu un être dont la nature lui permet de retrouver l'essentiel de ses
attentes démesurées et d'aspirer à ce qui semble hors de sa portée limitée.
« Les beaux modèles de religion ne sont que le produit de la
philosophie. »
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