POST-STRUCTURALISME 

Derrida (Jacques)

19302004

Philosophe français

Figure phare de la philosophie postmoderne (French Theory)

Post-structuralisme

Déconstructionnisme

* DIFFÉRANCE *

Il faut dépasser la différence par la différance.

Déconstruire n'est pas démolir.

Le don est impossible.

L'enseignement de la philosophie comporte 7 paradoxes.

* * *

Concepts fétiches derridiens :
1. différance, 2. déconstruction, 3. présence, 4. rature, 5. trace,
6. origine, 7. limite, 8. incertitude, 9. phallogocentrisme.

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Différence et différance

La métaphysique occidentale traditionnelle s'est forgée par dichotomie, comme si toute chose n'existait que par son contraire (banc/noir, haut/bas, corps/esprit, masculin/féminin ...). Cette perspective rationnelle impose une vision dualiste figée. Pourtant le monde n'est que fluidité et mouvement. Les oppositions rationnelles tranchées, claires et nettes s'accordent mal avec notre perception nuancée.

Nous devons échapper à tout jugement de valeur voulant que dans une opposition, un des deux termes soit supérieur à l'autre. Sans intérieur, l'extérieur n'aurait pas de sens ; sans sujet, pas d'objet compréhensible ; sans le vide, le plein ne veut rien dire. La signification d'un terme ne se comprend qu'à partir d'un autre terme dont il diffère ; elle n'est jamais fixée définitivement dans une hiérarchie, mais toujours différée.

Le sens d'un mot dépend toujours des termes utilisés pour le définir. Et à leur tour, les termes de la définition dépendent des définitions subséquentes, et ainsi de suite. Il est facile de dire ce qu'une chose n'est pas, mais presque impossible de la définir avec précision puisque les termes de sa définition sont liés à d'autres termes qui restent à définir. L'incertitude subsiste toujours à la limite d'une définition. En fait, chaque mot s'oppose en quelque sorte à tous les autres mots du dictionnaire, en même temps qu'il en porte la trace plus ou moins marquée de sa différence.

Chaque mot du dictionnaire (nom, adjectif, verbe, etc.) porte non seulement sa propre Définition, mais aussi la trace plus ou moins marquée de tous les autres termes qui lui attribuent sa place, et se posent comme différants. La signification d'un terme ne se comprend qu'à partir d'autres termes dont il diffère ; elle n'est jamais fixée définitivement, mais toujours différée. On pense comprendre la valeur d'un terme parce qu'on lui attribue une relation spécifique à tous les autres termes que l'on connaît. Mais notre compréhension se borne à notre propre expérience toujours limitée et fluctuante.

La différance est le travail de la pensée qui se fraie un chemin dans l'illusion de la présence statique de l'étant, pour découvrir le jeu systématique des différences qui engendrent le mouvement fluide de la réflexion. L'étant est statique, rationnel et raisonnable ; l'existence est fluide, confuse et folle.

Déconstruire n'est pas démolir

Le symbole écrit renvoie à autre chose que la trace sur le papier. Cette trace contient une différance qui la vide d'elle-même lorsqu'on la compare à ce qu'elle représente. Ce qu'elle représente est absent. Cette absence est un vide, une symbolisation de la présence de l'objet réel. Ce vide est la possibilité même de l'organisation du langage et de ses signes arbitraires qui représentent toujours une absence.

Le langage est une construction de sens à partir de signes dont nous avons perdu la trace du processus d'assemblage. Il faut déconstruire le langage pour comprendre de quoi il est fait.

Déconstruire n'est pas démolir. C'est éplucher jusqu'à l'os chacune des couches qui constituent l'architecture d'une structure pour la comprendre. Déconstruire le langage, c'est examiner ses matériaux un par un (nom, sujet, verbe, préposition, etc.) et analyser les différents rapports (grammaire, sens, cohérence, paradoxe, etc.) qui les juxtaposent.

Le don est impossible

Tout retour annule le don ; le don implique l'oubli. Pour qu'il y ait don, on ne doit pas en connaître l'origine, autrement, il y aurait une réappropriation narcissique. Le don est ce qui doit « interrompre le cercle économique du même ». (Donner le temps, p. 174.)

« Le don donne le temps [...] La chose [donnée] n'est pas dans le temps, elle est ou elle a le temps. » (Ibid., p. 60.) Le temps et le don comportent une similarité aporétique. Le temps est toujours présent alors qu'il comporte le passé et l'avenir. Le don s'annule dès qu'il y a retour ; le don véritable est impossible à actualiser puisqu'il provoque toujours une réaction.

7 paradoxes de l'enseignement de la philosophie

1. La philosophie est une discipline libre, insoumise, mais elle comporte une mission d'autocritique. 2. La philosophie ne doit pas être enfermée dans sa discipline, mais elle est une spécialité unitaire et spécifique. 3. La recherche ou le questionnement philosophique ne peuvent être dissociés de l'enseignement, mais il est impossible d'enseigner la philosophie. 4. Il faut des institutions spécifiques à cette discipline impossible et nécessaire, inutile et indispensable, mais la philosophie dépasse les institutions. 5. Le maître est indispensable, mais il doit respecter l'autonomie de l'élève. 6. La philosophie nécessite plusieurs années d'apprentissage, mais elle s'acquiert souvent d'expériences intuitives furtives instantanées. 7. Il faut concilier la nécessité d'un maître — l'hétérodidaxie — à la non moins nécessaire autodidaxie de l'élève.

Sources

Philo5
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