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1580 |
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Essais |
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SOMMAIRE |
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Avis au lecteur [1]
Montaigne, ce premier mars 1580. |
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XII - Apologie de Raymond Sebond [3]
La présomption est notre maladie naturelle et originelle. La plus
[...]
Indupedita suis fatalibus omnia vinclis.
Il y a quelque différence, il y a des ordres et des degrés ; mais c'est sous le visage d'une même nature :
res quaeque suo ritu procedit, et omnes
Il faut contraindre l'homme et le ranger dans les barrières de cette discipline. |
* * *
Cette fantaisie est plus sûrement conçue par interrogation : « Que sais-je ? » comme je la porte à la devise d'une balance.
Il n'est rien si horrible à imaginer que de manger son père. Les peuples qui avaient anciennement cette coutume, la prenaient toutefois pour témoignage de piété et de bonne affection, cherchant par là à donner à leurs progéniteurs la plus digne et honorable sépulture, logeant en eux-mêmes et comme en leurs moelles les corps de leurs pères et leurs reliques, les vivifiant aucunement et régénérant par la transmutation en leur chair vive au moyen de la digestion et du nourrissement. Il est aisé à considérer quelle cruauté et abomination c'eût été, à des hommes abreuvés et imbus de cette superstition, de jeter la dépouille des parents à la corruption de la terre et nourriture des bêtes et des vers.
J'ai vu un gentilhomme de bonne maison, aveugle-né, au moins aveugle de tel âge qu'il ne sait que c'est que de vue ; il entend si peu ce qui lui manque, qu'il use et se sert comme nous des paroles propres au voir, et les, applique d'une mode toute sienne et particulière. On lui présentait un enfant duquel il était parrain ; l'ayant pris entre ses bras : « Mon Dieu ! dit-il, le bel enfant ! qu'il le fait beau voir ! qu'il a le visage gai ! » Il dira comme l'un d'entre nous : « Cette salle a une belle vue ; il fait clair, il fait beau soleil. » Il y a plus : car, parce que ce sont nos exercices que la chasse, la paume, la butte, et qu'il l'a ouï dire, il s'y affectionne et s'y embesogne, et croit y avoir la même part que nous y avons ; il s'y pique et s'y plaît, et ne les reçoit pourtant que par les oreilles.
XVII - De la présomption [16]
XVIII - Du démentir [19]
Ai-je perdu mon temps de m'être rendu compte de moi si continuellement, si curieusement ? Car ceux qui se repassent par fantaisie seulement et par langue de temps en temps, ne s'examinent pas si précisément, ni ne se pénètrent, comme celui qui en fait son étude, son ouvrage et son métier, qui s'engage à un registre de durée, de toute sa foi, de toute sa force. [...] Combien de fois m'a cette besogne diverti de pensées ennuyeuses ! et doivent être comptées pour ennuyeuses toutes les frivoles. [...] J'écoute à mes rêveries parce que j'ai à les noter. Combien de fois, étant marri de quelque action que la civilité et la raison me prohibaient de reprendre à découvert, m'en suis-je ici soulagé, non sans dessein de publique instruction ! [...] Je n'ai aucunement étudié pour faire un livre ; mais j'ai un peu étudié parce que je l'avais fait [...]. |
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II - Du repentir [21]
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[1]
Montaigne, Essais - Livre premier, LGF, Le Livre de Poche #1393 © 2002,
p. 79.
[2]
Montaigne, Essais, Exemplaire de Bordeaux, 1588,
p. 3 [0000b].
[3]
Montaigne, Essais II, Gallimard, Folio #290 © 1965,
[4]
Ibid. p. 152 ;
[5]
Ibid. pp. 155-156 ;
[7] Ex. de Bordeaux p. 452 [0190v].
[8]
Ibid. pp. 164-165 ;
[9] Lucrèce, De Natura Rerum, chant V. [10] Ibid.
[11]
Ibid. pp. 252-253 ;
[12]
Ibid. p. 322 ;
[13]
Ibid. pp. 332-333 ;
[14]
Ibid. p. 347 ;
[15]
Ibid. p. 348 ;
[16] Montaigne, Essais II, Gallimard, Folio #290 © 1965, pp. 390-391. [17] Ex. de Bordeaux pp. 634 [0279] et 635 [0279v]. [18] [Traduction libre d'une sentence de L'Ecclésiaste gravée au plafond de la « librairie » de Montaigne (solive #2s).]
[19]
Montaigne, Essais II, Gallimard, Folio #290 © 1965,
pp. 426-427.
[20] Ex. de Bordeaux p. 665-666 [0293v]. [21] Montaigne, Essais III, Gallimard, Folio #291 © 1965, p. 44. [22] Ex. de Bordeaux p. 804 [0358v]. |
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