971108
par François Brooks
L'idée de Dieu est, pour Descartes, la 2e
base indispensable à tout son système de certitudes. Il a cru bon d'établir des
preuves certaines de l'existence de Dieu avant de pouvoir être certain de quoi
que ce soit d'autre sauf de sa propre existence. La première certitude qu'il a
cru bon d'établir, c'est celle de sa propre existence, le cogito. En reprenant le raisonnement de
Descartes à mon propre compte, je peux donc dire que la première certitude qui
m'arrive, dans mon intimité spirituelle, est que j'existe. J'occupe donc la
première place dans ma vie. J'ai beau être instruit sur l'héliocentrisme, il
n'en reste pas moins que mon point de vue initial origine de ma petite
personne. Je ne vois pas le monde tel qu'il est ; je vois le monde tel que je
suis. Et je suis devenu tout ce que le monde a projeté en moi et dont j'ai
gardé l'empreinte depuis ma naissance. Ma sensation d'être a précédé, dans mon
existence, de plusieurs années, l'instruction qui m'a appris l'existence de
Dieu.
Au jour le jour, je peux penser à Dieu et
vouloir lui donner la première place dans ma vie mais il n'en reste pas moins
que pour lui donner une place, il faut que j'y pense ; si je pense à autre
chose, il peut disparaître de ma vie et je continue toujours à vivre. Ce
« je » qui pense et qui est, est une permanence dans ma vie ; mais
pour que Dieu participe à ma vie, il faut que ma pensée le crée, l'anime et lui
donne un rôle. Dieu a peut-être tous les attributs fabuleux possibles mais il
n'en reste pas moins qu'à mon niveau, il n'est qu'une pensée. Pour que Dieu
soit, il faut y penser. Même Descartes, en concevant Dieu comme la cause
première de toute chose, n'a pu, dans sa réflexion, que poser ce raisonnement
en 2è puisqu'il a d'abord fallu qu'il reconnaisse sa propre existence dans son cogito.
Je crois que Dieu est une
création de la conscience et que celle-ci le précède. Dieu, en tant que concept
(ou idée), ne peut précéder la conscience d'être puisqu'il est un outil de
celle-ci. Un outil fabuleux, certes, on peut presque dire indispensable mais, à
la minute où j'arrête d'y penser, il disparaît. Et je crois que c'est là la
raison pour laquelle Dieu n'a plus d'influence sur nos vies : plus personne n'y
pense, ou presque.