961119

Nettoyage ethnique ou idéologique ?

par François Brooks

J'avais crû que la guerre, en se terminant, apportait un désir de repentir où s'installait une sorte d'harmonie mais, à la réflexion, le vainqueur, après avoir “génocidé” ceux qui ne pensaient pas comme lui, s'en retrouve avec une “démocratie” renforcée et le cycle guerre-paix voit à chaque fois ce même genre de paix apparaître. C'est comme au moment de la Révolution Française : après avoir tué tous les royalistes, il était alors facile pour le nouveau régime d'obtenir la majorité nécessaire pour être élu à la tête du pouvoir.

 

Mais qu'en est-il aujourd'hui dans notre société qui n'a pas connu la guerre depuis 50 ans ; je veux dire l'épuration idéologique, alors que les points de vue se multiplient et que le gouvernement au pouvoir est élu majoritaire d'une multitude de petits partis qui sont toutes des minorités idéologiques ?

 

La paix que nous vivons me semble parfois bien fragile. La tolérance est notre ultime outil de paix. Nos gouvernements qui sont la cible de milliers de groupuscules revendicateurs qui lui demandent l'impossible, ce gouvernement n'est-il, ou ne sera-t-il pas tenté de nous inventer un ennemi populaire pour détourner toutes les critiques ? Pour cette raison, je refuse de haïr les “Anglais” d'autant plus que ceux que je connais sont tout ce qu'il y a de plus aimables ; d'autant plus que ceux-ci sont Irlandais, Écossais, Italiens, Chinois etc. Garder le français, c'est très bien mais je refuse de devoir écraser des allophones, Anglais ou autre, pour les convaincre de l'utilité de mon outil de communication maternel. Et je compte bien enrichir ma pensée — mon univers intérieur — des formes de pensées auxquelles d'autres langues et cultures ont permis d'éclore. Une langue n'est-elle pas, après tout, qu'un oeuf en cage ?