971108
par François Brooks
Chacun
crée Dieu à sa façon. Selon les besoins de chacun, l'image poursuivie amène à
lui faire accomplir quelque chose de différent. L'idée de Dieu peut nous porter
à réaliser de grandes choses, des choses simples et parfois banales. Mais
aussi, par le fanatisme, on peut s'en servir pour faire des choses abominables.
C'est comme pour l'énergie nucléaire.
Les Juifs, dans leur histoire, ont subi
de nombreuses abominations. Si Dieu éprouve ses fidèles, il ne les a pas
manqués. Avec un ami comme ça, on n'a plus besoin d'ennemis. Peut-on dire que
lorsque de bonnes choses arrivent, Dieu est la cause première et, lorsque de
mauvaises choses arrivent, on a détourné l'idée de Dieu et on s'en est servi à
mauvais escient? Y aurait-il deux Dieux? Le premier, étant cause première,
tout-puissant et faisant le bien. Le deuxième, issu d'une mauvaise
interprétation de ce qu'il est, étant la cause maléfique de nos pensées
tordues. Je crois qu'il n'y a qu'un Dieu. Ce Dieu est issu de notre pensée qui,
elle, est la cause première puisqu'il n'y a au monde que l'esprit humain pour
trouver à mettre de l'ordre — pour imaginer qu'il faut mettre de l'ordre — dans
l'univers. Cet ordre est nécessaire à notre esprit pour comprendre et dominer
l'univers ; il n'est pas nécessaire à l'univers puisque ce dernier est, et se
débrouille très bien, sans notre esprit pour le comprendre.
Chacun de nous a sa petite
idée sur ce qu'est Dieu et chacune de toutes ces petites idées mises ensemble
créent une chose fabuleuse qu'on peut appeler le vrai Dieu. Mais ce Dieu
colossal, cet Hyper-Dieu, ce Dieuissime infini, a très peu à voir avec la petite
idée que je me fais de Dieu dans mes pensées courantes de tous les jours. Pour
que Dieu me soit utile, il faut que je l'utilise en ramenant à mon échelle, la
grandeur de ses pouvoirs. Autrement, le rapport du vrai Dieu à moi pourrait se
comparer à celui qui existe entre un grain de sable et le soleil. À ce rapport
d'échelle, l'idée de Dieu ne m'est plus très utile dans ma vie quotidienne.
Ainsi, si on saisit bien la réelle ampleur de Dieu, on finit par ne plus savoir
quoi en faire. Voila peut-être une autre raison qui pourrait expliquer
pourquoi, de nos jours, l'idée de Dieu est passée de mode.