971004
par François Brooks
Check ben ‘a passe... Le peuple s'était fait fourrer royalement
depuis des siècles par des nobles et des rois, le plus souvent, véreux. Le
peuple s'est fâché et il a coupé la tête du roi pour instaurer la “démocratie”
tant chérie aujourd'hui.
Désormais,
les rois sont élus par le peuple qui peut s'en débarrasser facilement s'il
n'est pas content de sa façon de gouverner. Tant que le “roi élu” donne au
peuple tout ce qu'il veut, tout va bien. Alors, pour conserver son poste, l'élu
va endetter son peuple pour être “généreux” avec lui. Mais voilà, l'économie, c'est
cyclique ; et maintenant que le temps des vaches grasses est terminé, le
gouvernement ne peut plus être aussi généreux qu'avant. Alors, le peuple, loin
de comprendre qu'il faut rationaliser les dépenses publiques, continue à
demander au “roi élu” de perpétuer sa générosité. Il veut toujours être payé
sans travailler et bénéficier d'exemptions fiscales généreuses. Il veut toutes
sortes de services qu'il considère désormais comme essentiels (soins de santé,
éducation, transport, bien-être social, loisirs etc.) puisqu'il en bénéficie
depuis déjà 30 ans. En fait, il demande l'impossible, comme un enfant gâté.
L'enfant gâté a parfois besoin d'une
bonne fessée pour revenir à la raison mais, dans notre système politique
démocratique, aujourd'hui, c'est l'enfant qui tient le gros bout du bâton. Et
si la fessée est refusée, c'est le “roi élu” qui va se retrouver au chômage.
J'ai parfois l'impression que, plus de
deux cents ans après la Révolution Française, nous sommes encore en train de
nous venger de l'ancienne tyrannie des rois sur nos élus actuels. Le tyran a
simplement changé de camp. C'était les rois ; c'est devenu le peuple.
L'anarchiste Léo Ferré disait dans une de
ses chansons que couper la tête du roi n'avait rien donné. Si les choses sont
un éternel retour, comme je l'ai souvent constaté, je me demande bien qui nous
coupera la tête à nous les tyrans? On n'aura probablement besoin de personne ;
le désordre et l'agitation intérieure s'en chargeront. Ensuite, on finira bien
par nous convaincre qu'il nous faudra un roi tyran pour ramener l'ordre social.
Je souhaite que l'abondance dure encore longtemps et que la fée technologie
nous prodigue encore très longtemps ses bienfaits. Assez longtemps pour que le
désordre reste tolérable et pour que je ne voie jamais le jour où il faudra
nous imposer l'ordre. Après, ce sera Bye Bye Liberté.
*
* *
Dans ma jeunesse, on m'avait appris que
la liberté a un prix. Elle s'acquiert par le travail, la privation et
l'économie. Mais aujourd'hui, n'allez surtout pas dire ça à personne ; vous
passerez pour un fou. Pourtant, j'ai appliqué ces valeurs à ma vie et je peux
témoigner de leur efficacité.
Aujourd'hui, nous voulons tous notre
liberté — c'est d'ailleurs un droit acquis dans la charte qui porte ce nom — et
nous acceptons aussi de parler de travail, de privation et d'économie. Mais
nous voulons que ce soit les autres qui travaillent et qui se privent avant
nous. Et économiser, ça ne veut plus dire que son contraire : dépenser.
D'ailleurs, nombre de slogans publicitaires me font penser aux slogans inversés
de Big Brother dans le roman de George Orwell 1984. La guerre, c'est la paix ; l'amour, c'est la haine ; etc. ...
vous vous souvenez? Essayez ça avec les pubs, vous verrez, ça marche très bien
et c'est amusant de découvrir que la vérité est souvent là toute crue dans les
publicités ; il n'y a qu'à inverser le slogan pour la trouver.
En voici quelques-uns...
Le slogan (le mensonge) |
La traduction (la
vérité) |
Venez économiser à La Baie |
Venez dépenser à La Baie (Est-on
jamais sorti plus riche après avoir dépensé?) |
Dans
les pubs de Volkswagen Êtes-vous fait pour dominer? |
Êtes-vous faits pour vous faire dominer? (par
les paiements que vous devrez faire et le code de la route auquel vous devrez
vous conformer?) |
Nouveau et amélioré |
(Quoi,
êtes-vous en train de me dire que votre produit que j'utilisais depuis des
années était de piètre qualité?) |
Dans
les pubs de Saturne Les gens qui font les choses autrement |
(Mais
nous vous vendrons une voiture, comme tout le monde : quatre roues et un body.) |
Dans
les pubs de Volvo Une voiture qui peut vous sauver la vie |
Une voiture qui peut tuer. (Tout
le monde sait que l'automobile est la première cause de mortalité au pays.) |