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Roi ou peuple tyran et valeurs tordues

par François Brooks

Check ben ‘a passe... Le peuple s'était fait fourrer royalement depuis des siècles par des nobles et des rois, le plus souvent, véreux. Le peuple s'est fâché et il a coupé la tête du roi pour instaurer la “démocratie” tant chérie aujourd'hui.

 

Désormais, les rois sont élus par le peuple qui peut s'en débarrasser facilement s'il n'est pas content de sa façon de gouverner. Tant que le “roi élu” donne au peuple tout ce qu'il veut, tout va bien. Alors, pour conserver son poste, l'élu va endetter son peuple pour être “généreux” avec lui. Mais voilà, l'économie, c'est cyclique ; et maintenant que le temps des vaches grasses est terminé, le gouvernement ne peut plus être aussi généreux qu'avant. Alors, le peuple, loin de comprendre qu'il faut rationaliser les dépenses publiques, continue à demander au “roi élu” de perpétuer sa générosité. Il veut toujours être payé sans travailler et bénéficier d'exemptions fiscales généreuses. Il veut toutes sortes de services qu'il considère désormais comme essentiels (soins de santé, éducation, transport, bien-être social, loisirs etc.) puisqu'il en bénéficie depuis déjà 30 ans. En fait, il demande l'impossible, comme un enfant gâté.

 

L'enfant gâté a parfois besoin d'une bonne fessée pour revenir à la raison mais, dans notre système politique démocratique, aujourd'hui, c'est l'enfant qui tient le gros bout du bâton. Et si la fessée est refusée, c'est le “roi élu” qui va se retrouver au chômage.

 

J'ai parfois l'impression que, plus de deux cents ans après la Révolution Française, nous sommes encore en train de nous venger de l'ancienne tyrannie des rois sur nos élus actuels. Le tyran a simplement changé de camp. C'était les rois ; c'est devenu le peuple.

 

L'anarchiste Léo Ferré disait dans une de ses chansons que couper la tête du roi n'avait rien donné. Si les choses sont un éternel retour, comme je l'ai souvent constaté, je me demande bien qui nous coupera la tête à nous les tyrans? On n'aura probablement besoin de personne ; le désordre et l'agitation intérieure s'en chargeront. Ensuite, on finira bien par nous convaincre qu'il nous faudra un roi tyran pour ramener l'ordre social. Je souhaite que l'abondance dure encore longtemps et que la fée technologie nous prodigue encore très longtemps ses bienfaits. Assez longtemps pour que le désordre reste tolérable et pour que je ne voie jamais le jour où il faudra nous imposer l'ordre. Après, ce sera Bye Bye Liberté.

 

* *  *

 

Dans ma jeunesse, on m'avait appris que la liberté a un prix. Elle s'acquiert par le travail, la privation et l'économie. Mais aujourd'hui, n'allez surtout pas dire ça à personne ; vous passerez pour un fou. Pourtant, j'ai appliqué ces valeurs à ma vie et je peux témoigner de leur efficacité.

 

Aujourd'hui, nous voulons tous notre liberté — c'est d'ailleurs un droit acquis dans la charte qui porte ce nom — et nous acceptons aussi de parler de travail, de privation et d'économie. Mais nous voulons que ce soit les autres qui travaillent et qui se privent avant nous. Et économiser, ça ne veut plus dire que son contraire : dépenser. D'ailleurs, nombre de slogans publicitaires me font penser aux slogans inversés de Big Brother dans le roman de George Orwell 1984. La guerre, c'est la paix ; l'amour, c'est la haine ; etc. ... vous vous souvenez? Essayez ça avec les pubs, vous verrez, ça marche très bien et c'est amusant de découvrir que la vérité est souvent là toute crue dans les publicités ; il n'y a qu'à inverser le slogan pour la trouver.

 

En voici quelques-uns...

 

Le slogan (le mensonge)

La traduction (la vérité)

Venez économiser à La Baie

Venez dépenser à La Baie

(Est-on jamais sorti plus riche après avoir dépensé?)

Dans les pubs de Volkswagen

Êtes-vous fait pour dominer?

 

Êtes-vous faits pour vous faire dominer?

(par les paiements que vous devrez faire et le code de la route auquel vous devrez vous conformer?)

Nouveau et amélioré

 

(Quoi, êtes-vous en train de me dire que votre produit que j'utilisais depuis des années était de piètre qualité?)

Dans les pubs de Saturne

Les gens qui font les choses autrement

 

(Mais nous vous vendrons une voiture, comme tout le monde : quatre roues et un body.)

Dans les pubs de Volvo

Une voiture qui peut vous sauver la vie

 

Une voiture qui peut tuer.

(Tout le monde sait que l'automobile est la première cause de mortalité au pays.)

D'ailleurs, nombre de slogans publicitaires sont une insulte à notre intelligence. On nous prend pour des imbéciles. Faut croire que nous le sommes vraiment puisque ce ne sont pas leurs insultes qui leur font faire faillite. Dans la torsion de nos valeurs, nous avons vraiment atteint un summum ; imaginez ... non, constatez : on nous insulte et nous achetons quand même!