970922
par François Brooks
Les féministes ont été les premières à
reprocher l'absence de leur père dans la famille et leur idéologie a fait pire
: elle l'a fait disparaître, reléguant souvent la présence des hommes à presque
rien, quantité négligeable, géniteur. Elles leur ont reproché de ne penser
qu'au sexe, pourtant c'est la seule part qu'elles veulent bien accepter de
l'homme à moins qu'elles ne trouvent d'autre moyen de mettre au monde la petite
poupée d'amour qu'elles veulent avoir.
Après la gestation, si le mâle n'accepte pas les concessions qu'elles exigent,
elles s'en débarrassent. Elles n'ont rien à perdre, tout à gagner. La cour,
dans la très grande majorité des cas, leur accordera la garde de leur enfant et
percevra la pension alimentaire à même le salaire du père. Si le père arrive à
se dérober, ce qui ici, au Québec, est maintenant rendu presque impossible, les
prestations du Bien-être Social pourvoiront. Ce ne sera probablement pas le
pactole mais l'objectif de liberté qu'elles estiment être fondamental sera
atteint.
Anciennement, on disait : « Je
n'aime pas mon travail mais je le fais quand même et j'ai du mérite parce que,
j'endure mon inconfort pour le bien-être de ma famille et de la société ».
Aujourd'hui, le féminisme a conduit à l'individualisme et on dit : « Tu es
bien bête de te sacrifier pour les autres car ton inconfort ne sert que ton
malheur. Les autres se foutent de toi et tu as bien tort de t'en préoccuper.
Occupe-toi de ton bien-être et les autres n'ont qu'à se préoccuper du leur,
ainsi, tout le monde ira bien ». Alors, on ne met plus au monde des
enfants pour vivre une expérience familiale enrichissante d'échange mutuelle et
d'amour ; on se fait un enfant pour soi toute seule quitte à ne pas lui donner
de père. Et même si le père est présent, il a avantage à adhérer aux valeurs
féministes s'il ne veut pas que sa paternité soit réduite à l'enfer des droits
de visite. Les droits de visite du père sont plutôt des droits de mon'oncle. Un oncle, ça doit être gentil, tout
donner et ne rien exiger sinon le neveu ne voudra plus le revoir. Quand un
enfant perd son père, il perd la force et l'orientation ; il gagne la liberté,
mais c'est un privilège inutile sans la maturité nécessaire à être capable de
faire des choix.
Je n'ai pas hâte de voir quelle
génération ça va donner dans l'avenir. Peut-être même que les premières vagues
d'enfants des années féministes sont déjà là sous nos yeux. Ces jeunes
mendiants en santé et qui font ce qu'ils veulent me semblent désœuvrés et
immatures. Quand tu as été élevé dans des valeurs féministes qui t'ont enseigné
que seul ton bonheur personnel compte et qu'on a pourvu à tous tes petits
caprices, tu restes immature et tu continues, à l'âge adulte, comme un petit
moineau dans son nid, à ouvrir tout grand ton bec et attendre qu'un passant y
dépose de quoi manger. Tu t'assois sur le trottoir, tu prends un air famélique
et, en tendant la main, tu espères que le passant va y déposer quelques pièces.
On a craché sur le rôle autoritaire du
père et on l'a détrôné comme s'il avait la plus belle part. Les femmes imposent
maintenant d'autorité leurs valeurs. On voit ce que ça donne. Loin de s'insérer
dans une société ordonnée où chacun s'efforce de faire ce qu'il doit, on a une
société d'enfants gâtés jaloux inutiles et suicidaires. Ils ne cherchent plus à
se dépasser pour vaincre l'obstacle ; ils cherchent à contourner l'obstacle. On
veut réformer l'orthographe, on veut manger sans travailler, on veut être aimé
tel que l'on est, sans effort. On a des droits mais aucune obligation puisqu'on
n'a pas demandé à venir au monde ; on est né pour être aimé, c'est un dû.
Quelle race de moviettes fabriquons-nous! Les pères ne sont plus là pour
imposer leurs caprices à leurs familles...? Les pères ne sont plus là pour faire
comprendre, par leurs exigences inexpliquées, que dans la vie, tu ne peux pas
tout avoir ; tu ne peux pas toujours faire ce que tu veux. Les pères ne sont
plus là avec leur force pour supporter et contenir la révolte de leurs fils et
filles, sachant que leurs enfants doivent apprendre à affronter certaines
frustrations. Les jeunes arrivent donc à l'âge adulte avec une maturité
équivalente à celle d'un enfant de huit ans et ils ne comprennent rien à la
vie. Huit ans, c'est l'âge où le père aurait dû commencer à effectuer son
travail de père ; mais on s'en est débarrassé. Aujourd'hui, c'est pops qui continue à les materner et la police qui fait le travail
manqué du père.
J'ai l'impression
d'assister à une deuxième Révolution Française. Même si on sait que ça n'a rien
donné, on a encore coupé la tête du roi. Ni le roi ni le peuple n'avaient
raison ; on a simplement laissé primer l'amour de soi sur l'amour du prochain.
Si le roi manque d'amour, il ne faut pas lui couper la tête, il faut lui
apprendre la compassion. Est-il nécessaire ici de rappeler que, lors de la
Révolution Française, tôt ou tard, tous les coupeurs de tête ont fini par être
guillotinés. Pourquoi faut-il encore répéter l'histoire? À l'échelle de la
famille, les féministes ont joué le rôle du peuple Français de 1789.
Qu'ont-elles gagné? Elles doivent maintenant travailler en plus d'assumer leurs
tâches ménagères. Elles peuvent à peine mettre deux enfants au monde dans les
meilleurs cas et elles s'imposent une routine infernale qui les empêche souvent
de voir leurs enfants grandir. Ces enfants arrivent le plus souvent à l'âge
adulte immatures et endettés. La société de consommation semble être la seule
gagnante. Quelle drôle de société que celle qui consiste à envoyer au rebut le
plus rapidement possible ce qu'elle produit. C'est le mythe de Sisyphe que l'on
s'impose. Ne pourrait-on pas vivre autrement?