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Les enfants des féministes

par François Brooks

Les féministes ont été les premières à reprocher l'absence de leur père dans la famille et leur idéologie a fait pire : elle l'a fait disparaître, reléguant souvent la présence des hommes à presque rien, quantité négligeable, géniteur. Elles leur ont reproché de ne penser qu'au sexe, pourtant c'est la seule part qu'elles veulent bien accepter de l'homme à moins qu'elles ne trouvent d'autre moyen de mettre au monde la petite poupée d'amour qu'elles veulent avoir. Après la gestation, si le mâle n'accepte pas les concessions qu'elles exigent, elles s'en débarrassent. Elles n'ont rien à perdre, tout à gagner. La cour, dans la très grande majorité des cas, leur accordera la garde de leur enfant et percevra la pension alimentaire à même le salaire du père. Si le père arrive à se dérober, ce qui ici, au Québec, est maintenant rendu presque impossible, les prestations du Bien-être Social pourvoiront. Ce ne sera probablement pas le pactole mais l'objectif de liberté qu'elles estiment être fondamental sera atteint.

 

Anciennement, on disait : « Je n'aime pas mon travail mais je le fais quand même et j'ai du mérite parce que, j'endure mon inconfort pour le bien-être de ma famille et de la société ». Aujourd'hui, le féminisme a conduit à l'individualisme et on dit : « Tu es bien bête de te sacrifier pour les autres car ton inconfort ne sert que ton malheur. Les autres se foutent de toi et tu as bien tort de t'en préoccuper. Occupe-toi de ton bien-être et les autres n'ont qu'à se préoccuper du leur, ainsi, tout le monde ira bien ». Alors, on ne met plus au monde des enfants pour vivre une expérience familiale enrichissante d'échange mutuelle et d'amour ; on se fait un enfant pour soi toute seule quitte à ne pas lui donner de père. Et même si le père est présent, il a avantage à adhérer aux valeurs féministes s'il ne veut pas que sa paternité soit réduite à l'enfer des droits de visite. Les droits de visite du père sont plutôt des droits de mon'oncle. Un oncle, ça doit être gentil, tout donner et ne rien exiger sinon le neveu ne voudra plus le revoir. Quand un enfant perd son père, il perd la force et l'orientation ; il gagne la liberté, mais c'est un privilège inutile sans la maturité nécessaire à être capable de faire des choix.

 

Je n'ai pas hâte de voir quelle génération ça va donner dans l'avenir. Peut-être même que les premières vagues d'enfants des années féministes sont déjà là sous nos yeux. Ces jeunes mendiants en santé et qui font ce qu'ils veulent me semblent désœuvrés et immatures. Quand tu as été élevé dans des valeurs féministes qui t'ont enseigné que seul ton bonheur personnel compte et qu'on a pourvu à tous tes petits caprices, tu restes immature et tu continues, à l'âge adulte, comme un petit moineau dans son nid, à ouvrir tout grand ton bec et attendre qu'un passant y dépose de quoi manger. Tu t'assois sur le trottoir, tu prends un air famélique et, en tendant la main, tu espères que le passant va y déposer quelques pièces.

 

On a craché sur le rôle autoritaire du père et on l'a détrôné comme s'il avait la plus belle part. Les femmes imposent maintenant d'autorité leurs valeurs. On voit ce que ça donne. Loin de s'insérer dans une société ordonnée où chacun s'efforce de faire ce qu'il doit, on a une société d'enfants gâtés jaloux inutiles et suicidaires. Ils ne cherchent plus à se dépasser pour vaincre l'obstacle ; ils cherchent à contourner l'obstacle. On veut réformer l'orthographe, on veut manger sans travailler, on veut être aimé tel que l'on est, sans effort. On a des droits mais aucune obligation puisqu'on n'a pas demandé à venir au monde ; on est né pour être aimé, c'est un dû. Quelle race de moviettes fabriquons-nous! Les pères ne sont plus là pour imposer leurs caprices à leurs familles...? Les pères ne sont plus là pour faire comprendre, par leurs exigences inexpliquées, que dans la vie, tu ne peux pas tout avoir ; tu ne peux pas toujours faire ce que tu veux. Les pères ne sont plus là avec leur force pour supporter et contenir la révolte de leurs fils et filles, sachant que leurs enfants doivent apprendre à affronter certaines frustrations. Les jeunes arrivent donc à l'âge adulte avec une maturité équivalente à celle d'un enfant de huit ans et ils ne comprennent rien à la vie. Huit ans, c'est l'âge où le père aurait dû commencer à effectuer son travail de père ; mais on s'en est débarrassé. Aujourd'hui, c'est pops qui continue à les materner et la police qui fait le travail manqué du père.

 

J'ai l'impression d'assister à une deuxième Révolution Française. Même si on sait que ça n'a rien donné, on a encore coupé la tête du roi. Ni le roi ni le peuple n'avaient raison ; on a simplement laissé primer l'amour de soi sur l'amour du prochain. Si le roi manque d'amour, il ne faut pas lui couper la tête, il faut lui apprendre la compassion. Est-il nécessaire ici de rappeler que, lors de la Révolution Française, tôt ou tard, tous les coupeurs de tête ont fini par être guillotinés. Pourquoi faut-il encore répéter l'histoire? À l'échelle de la famille, les féministes ont joué le rôle du peuple Français de 1789. Qu'ont-elles gagné? Elles doivent maintenant travailler en plus d'assumer leurs tâches ménagères. Elles peuvent à peine mettre deux enfants au monde dans les meilleurs cas et elles s'imposent une routine infernale qui les empêche souvent de voir leurs enfants grandir. Ces enfants arrivent le plus souvent à l'âge adulte immatures et endettés. La société de consommation semble être la seule gagnante. Quelle drôle de société que celle qui consiste à envoyer au rebut le plus rapidement possible ce qu'elle produit. C'est le mythe de Sisyphe que l'on s'impose. Ne pourrait-on pas vivre autrement?