970408
par François Brooks
Ce
qui est gênant, lorsqu'un jeune se suicide, c'est que son analyse de la société
l'amène à nous dire « Non merci je ne suis pas intéressé. » et il se tire. Cet
être qui n'a pas demandé à venir au monde accepte d'affronter le mythe de la
mort de plein front, ce mythe qui nous terrifie tous. C'est aussi comme s'il
nous disait : « L'esclavage, non merci. Et de toutes façons, j'aurai à mourir ;
aussi bien que ce ne soit pas après 75 ans d'esclavage. »
Pourtant, comme si tout cela n'était pas
évident, la première chose que l'on cherche à savoir, lorsque ça arrive, c'est
le pourquoi. On cherche alors une note, un message qu'aurait laissé ce jeune
malheureux.
Il n'y a pas à chercher de midi à
quatorze heure. Société de consommation dérisoire, endettement permanent
(personnel ou Étatique), solitude et isolement du chacun pour soi, sexe non
tabou, mais potentiellement mortel, emploi inaccessible, bref, tout pour se
dire « Mais qu'est-ce que je fous donc ici? ».
C'est triste, bien sûr, un
jeune qui s'en va comme ça, mais ça me réconforte de savoir qu'il y en a qui
pensent comme moi et refusent tout parce qu'ils voudraient seulement le minimum
qu'on leur empêche d'avoir.