961120
par François Brooks
Pour
bien faire quelque chose, c'est bien connu, l'expérience est indispensable.
Celle-ci nous vient après une succession d'essais-erreurs. Comment voulez-vous
que les parents de notre époque élèvent leurs enfants avec savoir-faire alors
qu'ils n'en mettent généralement qu'un seul, parfois deux, au monde. En plus,
ces enfants sont élevés par d'autres puisque les deux parents cherchent à
travailler. La famille ? je ne connais plus ! Les enfants tiennent la même
place dans la vie de leurs parents qu'un hobby auquel on ne donne que le temps
qu'on a décidé d'avance pouvoir y consentir. En plus, les parents s'identifient
à un tel point à leur enfant en
“ne-voulant-pas-qu'il-vive-les-mêmes-problèmes-qu'eux-ont-vécus-dans-leur-enfance”,
qu'ils leur donnent absolument tout et les érigent souvent en enfants-rois. On
vit une sorte de relation perverse avec son enfant en lui accordant préséance
sur notre vie de couple et même l'État s'en mêle en lui donnant le statut
“d'équivalent de conjoint” aux fins de l'impôt sur le revenu.
On confie son entière éducation à l'État
mais on ne veut pas qu'il vive de contrainte à l'école. On serait prêt à
molester un professeur qui aurait compris qu'on ne peut pas éduquer sans
imposer de contraintes.
L'enfant, aujourd'hui, est d'abord mis au
monde pour garantir à son parent l'affection qu'on ne veut plus accorder à son
conjoint : le conjoint partira, mais l'enfant, lui, il restera. Ça explique
aussi les querelles si cruelles pour les droits de visite des enfants lors des
divorces.
L'enfant est alors souvent
remplacé par un chien ou quelqu'autre animal familier. Ce dernier ne remettra
jamais en cause l'autorité paternelle nécessaire à une vraie famille.