950201
par François Brooks
Mais
si la vie, en soi, est éternelle, pourquoi n'en serait-il pas de même pour
chaque émotion que nous vivons? Ainsi, le bonheur, en soi, serait éternel, la
douleur aussi.
Ce raisonnement m'ennuie un peu. Il y a
quelque chose d'absurde dans cette réflexion. Je crois que c'est ma conception
du temps qui est boiteuse. Lorsque je vis une émotion intensément, le temps
s'arrête et tout mon être devient submergé par cette émotion. Ainsi, lorsque
j'ai une chicane avec ma blonde, je la déteste et je ne veux plus jamais la
voir ; je me sens déchiré et j'ai l'impression que je n'en sortirai jamais. De
même, lorsque je suis captivé par mon travail, j'en oublie l'heure et je me
mets souvent en retard à un rendez-vous. Et c'est pareil lorsque je fais
l'amour et que le plaisir monte ; je suis à vingt lieues de me soucier de
l'heure qu'il est.
Je dois reconnaître que je
suis un passionné et que cette attitude dérègle mon horloge subjective.