991029
par François Brooks
Je sais que mon sentiment
va en horripiler plusieurs, et surtout ceux qui ont le souvenir blessé du temps
des Nazis mais ne serions-nous pas tombés dans l'autre extrême? À force de
vouloir expier ce souvenir d'un temps où on envoyait à l'abattoir tous les
éléments que l'on jugeait improductifs, ne serions nous pas tombés dans l'excès
inverse de surprotéger les faibles au détriment des forces vitales de notre
société?
Un exemple? : Je suis un travailleur
de 44 ans qui est soumis à un stress thermique constant : je travaille de
nuit dehors à réparer des luminaires. L'hiver, je sors et je rentre dans mon
camion nacelle chaque nuit vingt fois. De ce fait, je suis exposé à des
variations de température très fréquentes. J'ai beau, comme tout travailleur,
cotiser pour l'Assurance maladie chaque semaine, mais je n'ai pas droit au
vaccin annuel contre la grippe à moins de payer un supplément de 35$. Cette
restriction m'est imposée parce que je ne suis pas un vieillard, ni un enfant,
ni une femme enceinte.
Si j'étais assisté social et malade,
j'aurais droit aux médicaments gratuitement. Je suis un élément fort et productif
de cette société à laquelle je contribue par mon travail quotidien et mes
cotisations. Pourtant, celle-ci ne cherche pas à me protéger ne serait-ce qu'au
même titre que ceux que mon salaire indispensable fait vivre. On me surtaxe. Où
sont les soins universels de santé si ceux-là mêmes qui cotisent en sont
partiellement exclus au profit de ceux qui ne cotisent pas?
J'en conclus que nous
vivons dans une société malade qui ne sait plus qu'elle doit protéger ses
travailleurs plus que tout autres. Nos racines chrétiennes nous font éprouver
de la compassion pour les indigents et c'est très bien. Mais, dans cette époque
de compressions budgétaires, comment ferons-nous, justement, pour générer les
ressources dont nous avons besoin pour venir en aide aux indigents si nous ne
pensons pas d'abord à protéger ceux qui produisent ces ressources? À avantager
les faibles, une société envoie le message à ses éléments qu'il vaut mieux être
pauvre et malade que riche et en santé. Cette mentalité suicidaire vaut-elle
vraiment mieux que la mentalité assassine des Nazis? Oui. Elle permet aux
imbéciles qui nous gèrent de se donner bonne conscience. Quant à savoir s'ils
pourront encore le faire longtemps...