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L'âge mûr et le démon du midi

par François Brooks

Chez l'adolescent comme chez le jeune adulte, le désir d'avoir une identité propre lui fait exécrer les parents, tout ce qui vient d'eux et souvent, tout ce qu'ils représentent : l'autorité, le pouvoir, la prospérité, etc. Chaque génération jette les héros des « pop charts » disait le chanteur Paul Simon. Comment aborder le jeune adulte qui m'attire tant par son intelligence, son enthousiasme et sa fraîcheur sans qu'il me repousse, moi, homme mûr de 44 ans qui peut représenter tout ce qu'il exècre : l'image parentale?

 

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Chaque année, il y a une nouvelle « batch » de jeunes femmes qui me deviennent légalement courtisables. Sur la rue, dans les campus ou les magasins, je les croise avec délice. Elles ont toujours 18 ans ; ce groupe d'âge reste immuable. Pourtant, à chaque année j'ai l'impression qu'elles sont plus jeunes, plus attirantes et plus inaccessibles. Je brûle de toucher leur peau parfaite, de respirer leur haleine, de m'enivrer de leur arôme. C'est peut-être ça le « démon du midi » : vieillir et voir les jeunes rajeunir, nous apparaître dans toute leur splendeur, celle qu'on a perdue. Dans quelques années, elles m'apparaîtront sans doute comme des bébés. Le « démon » sera passé et ma perspective sur le monde se sera encore complètement modifiée.