Genèses

par François Brooks

Je voudrais bien provenir d'une histoire d'amour féerique comme nous le voudrions tous. Je voudrais bien être l'issue de l'amour parfait auquel certains films nous font rêver. Mais quand je me regarde dans le miroir des autres, j'ai parfois l'impression d'être bien peu de choses... comme...

Une petite vite dans un « char » un soir d'hiver, « ben paqueté »

Une menace de ne pas pouvoir trouver de meilleur parti

Une idée secrète et inavouable mais qui les a fait bien bander

Une fin de journée où le travail fut exténuant

Une récompense pour service rendu

Un « last call » de 41 ans

L'imprudence d'un plaisir interrompu

Une fougue de sofa d'un samedi après-midi

Une chaleur d'automne bucolique dans les feuilles mortes ; ça sent bon la forêt

Une consolation d'échec avec sa maîtresse (échec essuyé par mon père et consolation accordée sans le savoir par ma mère)

Un doute, un mensonge, un faire accroire...

Une masturbation solitaire récupérée au dernier moment

La pitié d'une femme pour un pauvre hère qui n'aurait jamais pu baiser autrement

Un guet-apens que ma mère n'a pas vu venir

Une erreur sur la personne lors d'un mélange d'éprouvettes

Une éjaculation surprenante qui n'aurait jamais dû survenir ; la soirée fut si triste et morne.

...

Que sais-je vraiment de mon origine, des causes secrètes du spasme de ma genèse?