980504
(texte non signé (!))
[En première page, on y voit la photo de Mme Francine Descarries,
professeure et directrice des études de cycles supérieurs en sociologie, avec
un sourire radieux]
La présence des femmes
à l'UQAM n'a cessé de croître ces dernières années, à un point tel
qu'aujourd'hui elles constituent la majorité des effectifs étudiants, et ce,
tous cycles confondus. En effet, selon les informations obtenues du
Registrariat, 22 991 étudiantes se sont inscrites au trimestre d'automne 1997
comparativement à 14 404 étudiants, ce qui signifie, en d'autres termes, que
61,5 % de la clientèle est féminine! Largement majoritaires au premier cycle
(62,8 %), les étudiantes sont également plus nombreuses à poursuivre une
formation de deuxième (51,6 %) et de troisième (55,4 %) cycles. Bien que la
féminisation des effectifs soit des plus prononcées à l'UQAM, il s'agit là
d'une tendance à l'œuvre dans l'ensemble des universités québécoises. Les
données rendues publiques par la Conférence des recteurs et des principaux des
universités du Québec (CREPUQ) sont, à cet égard, révélatrices. En 1997, 57,2 %
des inscriptions pour l'ensemble des établissements d'enseignement
universitaire étaient le fait des femmes!
|
% Masculin |
% Féminin |
Ÿ Au premier cycle |
|
|
Arts |
34,1 |
68,6 |
École des sciences de la gestion |
39,9 |
60,1 |
École supérieure de mode |
39,5 |
60,5 |
Éducation |
23,7 |
76,3 |
Lettres et communications |
20,7 |
73,0 |
Sciences |
62,7 |
37,3 |
Sciences humaines |
41,4 |
58,6 |
Total du premier cycle |
37,2 |
62,8 |
Ÿ Au deuxième cycle |
48,4 |
51,6 |
Ÿ Au troisième cycle |
44,6 |
55,4 |
TOTAL DE L'UNIVERSITÉ |
38,5 |
61,5 |
Une victoire pour les femmes ...
Francine
Descarries, professeur au département de sociologie, voit dans ce phénomène,
« un des effets heureux des luttes menées par le mouvement des femmes du
Québec ». L'entrée massive des femmes dans les universités, et la relative
rapidité avec laquelle elles en sont arrivées à la parité aux cycles
supérieurs, peuvent également être interprétées, selon elle, comme le
« résultat d'une consigne bien suivie ». Tout groupe minoritaire,
rappelle la sociologue, se fait dire que « la voie de la libération passe
par l'éducation ». De toute évidence, les femmes ont bien compris la
leçon. Enfin, de souligner la professeure, on sait que les filles, de par leur
socialisation, entretiennent dès le primaire une attitude différente en ce qui
a trait à la conformité aux exigences, ce qui a contribué à favoriser leur
réussite scolaire.
Selon Mme
Descarries, le mouvement des femmes doit, bien sûr, continuer à faire la
promotion de l'éducation auprès des filles, de manière à maintenir les acquis.
Cependant, elle rappelle que le but visé n'est pas d'instaurer une suprématie
féminine. La sociologue avoue qu'elle ne pensait pas avoir, « de son
vivant », à se questionner sur la baisse des effectifs masculins dans les
universités québécoises. Le seul portrait de la situation devrait toutefois,
selon elle, amener les parents et les éducateurs à mettre l'accent sur la
réussite scolaire des garçons, lesquels décrochent souvent dès le secondaire.
« Les pressions qui viendront de part et d'autre vont fort probablement
contribuer à rétablir l'équilibre », ajoute-t-elle.
... mais les barrières demeurent
Par ailleurs, tient à souligner Mme Descarries, tout n'est pas encore gagné pour les femmes. « Lorsqu'on examine les données de manière détaillée, on constate que dans l'ensemble des universités, la division sexuelle marque encore la distribution des effectifs étudiants, les femmes demeurant nettement sous-représentées en sciences pures et en génie, et sur-représentées dans les secteurs de l'éducation, des lettres et des arts ». À ce sujet, notons qu'à l'UQAM, au premier cycle, plus de 75 % de la clientèle en éducation est composée d'étudiantes alors que leur proportion chute à 37 % dans le secteur des sciences. « Les changements traversent toutes les disciplines, mais on n'a pas encore réussi à briser les démarcations les plus fortes et les plus anciennes », constate la sociologue. Enfin, plus largement, Mme Descarries s'interroge : « La prépondérance des femmes à l'université reflète-t-elle le fait que de nos jours, on accorde moins d'importance à cette filière d'information? ».