par François Brooks
Pourquoi t'habilles-tu de telle sorte que ta vulve, tes fesses et tes seins ne cachent rien de ce que ta couche aurait à m'offrir? N'est-ce pas, comme on le dénonçait dans ma jeunesse, de la provocation? Aujourd'hui, les temps ont changé : on ne blâme plus la provocatrice, on blâme le violeur. Mais le problème n'est-il pas complémentaire tout comme celui de l'œuf ou de la poule?
Ton vêtement te moule et me montre tes formes davantage encore que si tu étais nue. Si tu étais nue, la courbe de la délicieuse pêche qui se loge entre tes cuisses serait au moins cachée de tes poils. Tu es protégée par la loi qui m'empêche de m'en emparer et tu le sais très bien. Tu m'aguiches quand même, tu m'aguiches toujours. Tu me provoques. Tu m'agaces, tu me tourmentes, tu me harcèles. La question n'est pas : pourquoi y a-t-il des viols?, mais plutôt : pourquoi n'y en a-t-il pas davantage? Les hommes qui te croisent sont des saints. Chacun d'eux devrait te gifler comme ton père aurait dû le faire jadis pour t'éduquer..., ce pauvre père « absent » que ta mère a chassé de sa vie.
Ces attraits érotiques te servent à autre chose puisque tu as déjà, dans ta vie un homme qui se charge de ta libido. Peut-être te sers-tu de ton corps comme appât pour que s'installe chez les autres une disposition favorable. Ceci ne servirait à tromper que l'homme dupe qui espérerait profiter de tes charmes.
Pendant ce temps-là, chez des musulmans, on s'acharne à cacher sous des hidjabs le moindre cheveu tentateur. On habille des juives de longues robes qui voudraient bien cacher jusqu'à la cheville. Cet autre extrême n'est-il pas tout aussi provoquant? La négation de la sensualité chez ces femmes n'est-elle pas aussi une provocation à la faire surgir?
Ces extrêmes produisent en moi un mélange d'excitation et de colère. Pourraient-ils être la source d'une perversion? Je pense comprendre maintenant comment on développe une fixation sur les femmes dénudées, sanglées, attachées, battues, fortes et soumises? Oui, fortes, parce qu'il n'y a rien d'excitant à soumettre un faible. Les choses ont-elles tellement changé? Les rôles sexuels ne sont-ils pas pourvus naturellement de lutte ; au lit, les amants n'ont-ils pas l'air de se battre l'un contre l'autre? Notre époque pacificatrice n'aura-t-elle jamais fini de lutter contre la lutte?