980325
par François Brooks
À mesure que j'avance dans mes lectures
philosophiques, je m'aperçois que chaque philosophe a tenté de redéfinir Dieu à
partir des notions qu'il a glanées ici et là, en y ajoutant sa touche
personnelle. Autant de philosophes, autant de Dieux. Et dire que l'entreprise
initiale ― le judaïsme ― voulait qu'il n'y ait qu'un seul Dieu.
Même que la plupart des philosophes affirment que Dieu est unique. Unique, mon
œil! Ils devraient plutôt dire « Mon
Dieu est unique ; c'est le mien qui est Le Dieu. »
Je me demande si les païens n'étaient pas
plus près de la vérité avec leurs nombreux dieux. Il me semble qu'il soit plus
facile de s'entendre tous sur la conception d'un dieu du soleil, dieu de la mer
ou de la forêt. Ces dieux ont l'avantage d'avoir une référence concrète sur
laquelle on peut partager le même point de vue puisqu'il est évident qu'on a
tous la même expérience du soleil, de la mer ou de la forêt.
Dieu me semble être un
véritable sujet de disputes inépuisables. Étant invisible, inqualifiable et
invérifiable, c'est donc un concept abstrait que chacun a le loisir d'élaborer
selon sa conscience et son vécu. Avec cette perspective, Dieu n'est pas unique,
au contraire, il est multiple. Autant d'humains, autant de Dieux.