980210
par François Brooks
Drôle de société que celle qui met plus
de précaution à empêcher que des mineurs puissent voir une scène de copulation à
la télévision ou au cinéma qu'une du geste de tuer mis en scène avec toute
l'imagination et la diversité de ses représentations possibles. Oui mon garçon,
tu pourras voir facilement des acteurs s'éventrer, se tirer dessus, et leurs
corps déchirés saigner à mort mais, pour ce qui est de voir le geste simple de
la reproduction, de l'amour, il faudra que tu attendes tes 18 ans. La vue des
organes sexuels en action, c'est très vilain. Le meurtre, par contre, c'est
normal, naturel et acceptable.
* * *
Drôle de société que celle
qui interdit l'alcool au volant mais qui permet que l'on tapisse les abords de
ses routes de panneaux incitant à boire de la bière, « cooler », gin
ou tout autre produit éthylique. On pousse l'aberration jusqu'à représenter
systématiquement les consommateurs de ces produits alcoolisés par de beaux
jeunes heureux et en santé. Est-il nécessaire d'ajouter que dans la réalité, la
consommation d'alcool mène précisément au contraire de ces résultats ; que non
seulement celle-ci abîme la santé mais déchire aussi nos vies et, dans les
accidents de la route, nos corps horriblement. La Sécurité Publique du Québec
ne se lasse pas d'ailleurs de nous le représenter dans sa campagne anti-alcool
au volant.
* * *
Drôle de société que celle qui permet que
l'on affiche dans le métro, les autobus et autres endroits publics les noms
Players, Benson & Hedges et autres marques de cigarettes, alors qu'il est
interdit de fumer dans ces mêmes endroits publics.
* * *
J'ai peine à croire que notre société qui
se targue d'être si moderne, scientifique, rationnelle et humaniste puisse
encore accepter d'endosser de telles incohérences.
Mais, courage! Il y a
peut-être un espoir quelque part, puisque, il n'y a pas si longtemps, cette
même société permettait que l'on annonce des cigarettes alors que le tabagisme
était la première cause de mortalité par cancer et que les soins de santé
étaient fournis gratuitement par l'État. Sans compter qu'à cette époque, on
pouvait acheter ses cigarettes dans les pharmacies.