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Égalité vs liberté

par François Brooks

François Mitterrand nous fait remarquer, à l'émission Bouillon de culture d'aujourd'hui, que dans le slogan de la Révolution française « Liberté égalité fraternité », il y a une contradiction entre la liberté et l'égalité. L'un s'oppose à l'autre. Il ne peut y avoir d'égalité dans un pays où chaque individu est libre de s'émanciper puisque chacun est pourvu de talents et de désirs différents. Si chacun a la liberté de s'émanciper comme il le souhaite, il va nécessairement en résulter une inégalité dans la société puisque untel aura su s'enrichir et non tel autre.

 

Il souligne d'ailleurs que notre notion d'égalité à la fin du XVIIIe siècle était différente de notre notion actuelle. On réclamait à cette époque une égalité des chances afin de donner à chacun la possibilité de s'élever dans l'échelle sociale alors qu'aujourd'hui, la notion d'égalité voudrait que chacun jouisse d'un salaire égal indépendamment de sa contribution personnelle à l'économie.

 

Pour ma part, je pense que la fraternité est sans doute la clef de ces contradictions, mais comment se sentir fraternel dans une société qui l'oblige par une redistribution de la richesse le plus souvent inéquitable? La fraternité peut-elle être imposée? Donner une partie de mon salaire par le biais des ponctions fiscales de façon impersonnelle à des gens qui me méprisent parce qu'ils me voient comme le "méchant riche qui jouit de privilèges dont ils sont exempts" empêche peut-être que le niveau de criminalité augmente, mais c'est toujours la lutte des classes. Pas la fraternité.

 

Tout voir en terme d'économie nous réduit à devenir des êtres économiques. Si tout ce que je fais doit être reconnu par un salaire la lutte des classes ne fera qu'empirer puisque chiffrer, c'est comparer. Dans ce sens, l'égalité n'est-elle pas un piège? Ne faudrait-il pas plutôt équilibrer par une solidarité humanitaire où nous pourrions échapper à la réduction économique, s'en libérer?