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par François Brooks
Sans la confiance et l'amour, la vie ressemble facilement à une conspiration diabolique visant l'anéantissement de l'individu que nous sommes au profit d'une absurde logique qui s'entête à détruire ce qu'elle crée. « Love Kills »[1] dit la chanson du film Metropolis.
Il nous faut beaucoup de compréhension et d'amour pour pardonner à nos parents de nous avoir condamnés à mort en nous donnant la vie. Peut-être est-ce cette culpabilité sourde qui pousse ceux-ci à toujours craindre et s'opposer à ce que leurs enfants souffrent.
La nature fait quand même bien les choses en permettant que, dans la majorité des cas, les parents ne voient pas mourir leurs enfants. Mourir sans avoir vu ses enfants mourir déculpabilise, un peu comme si nos enfants étaient éternels. Et puis, dans la mort, nos parents nous auront généralement précédés ; on peut se consoler en pensant qu'ils ont subi avant nous le sort qu'ils nous ont jeté. Et notre mort sera d'autant plus « juste » si on a commis le « crime » de mettre un enfant au monde.
Voilà bien le paradoxe ultime : l'amour tue et fait naître tout à la fois. On peut cependant penser que l'amour et la vie gagnent sur la mort. Parce que la mort n'est rien, mais la vie, c'est quand même quelque chose : c'est tout. Hors de la vie, rien n'existe. La mort n'est qu'une vision de la vie puisque la mort n'a pas de vision ; il faut être en vie pour avoir de la vision et choisir d'aimer.